KV 7
Tombeau de Ramsès II
Tombeaux de l'Égypte antique
Image illustrative de l’article KV7
Plan schématique de la tombe
Emplacement Vallée des Rois
Coordonnées 25° 44′ 26″ nord, 32° 36′ 06″ est
Situation sur carte Égypte
KV 7
Découverte fouillé durant l'antiquité
Fouillé par Henry Salt
Karl Richard Lepsius
Dimensions
Hauteur maximale 5,82 m
Largeur minimale 0,74 m
Largeur maximale 13,06 m
Longueur totale 168,05 m
Superficie totale 868,4 m2
Volume total 2 286,43 m3
Classement
Vallée des Rois - KV7 +

Situé dans la vallée des Rois, dans la nécropole thébaine sur la rive ouest du Nil face à Louxor, KV 7 est le tombeau du pharaon Ramsès II de la XIXe dynastie. La tombe est au cœur de la vallée principale, en face de la tombe de ses fils, la gigantesque KV5, et celle de son fils et successeur Mérenptah (KV8). Contrairement à d'autres tombes dans la vallée, KV7 a une entrée monumentale très visible. Le but étant de montrer la toute puissance de Ramsès II au lieu de chercher à la dissimuler des pillards. De fait, elle fut pillée dès l'Antiquité. En outre, elle a été gravement endommagée par les crues soudaines qui balaient périodiquement à travers la vallée.

Du fait du règne exceptionnellement long de Ramsès II, sa tombe est l'une des plus vastes de la vallée. Sa superbe décoration est néanmoins excessivement endommagée par les multiples crues subies.

Description

La tombe de Ramsès II est la plus grande tombe de la vallée des Rois à l'exception de KV5. Elle s'enfonce sur 168 mètres à l'intérieur de la colline. Elle est située au cœur de l'oued principal de la vallée. Comme son entrée est juste au pied de la colline, les eaux des crues qui ruissellent pénètrent et inondent facilement le tombeau. Cet emplacement est une nouveauté pour l'époque car c'est la première fois qu'une tombe royale est creusée dans la partie centrale de l'oued de la vallée.

Le plan de la tombe s'organise autour de la chambre funéraire qui occupe une place centrale d'où partent de nombreux couloirs et chambres annexes. De manière très schématique, elle obéit à un plan en P. En effet, après une succession de couloirs rectilignes, l'axe est rompu et tourne à 90° à partir de la l'antichambre précédant la chambre funéraire.

La tombe a des caractéristiques remarquables. D'une part, c'est l'avant-dernière tombe de la vallée à posséder un puits. La présence de ce puits est typique du style des tombes de la XVIIIe dynastie. Mais la tombe innove beaucoup avec la forme de la salle hypostyle funéraire monumentale à deux niveaux et des décors choisis. C'est pourquoi presque tous ses successeurs vont imiter ce style ramesside. Ensuite, on remarque d'emblée le retour au plan de l'axe coudé. En outre, pour la première fois également, plusieurs linteaux de portes des couloirs sont décorés tout comme les parois du puits. De même, la présence d'un grand Osiris sculpté dans la tombe rappelle celui trouvé dans la tombe de ses fils (KV5). Enfin, dernière innovation architecturale, la présence de nombreuses chambres latérales autour de la chambre funèbre ne peuvent que suggérer l'importance des objets funéraires et des trésors déposés et entreposés au moment de la mort du pharaon et qui, aujourd'hui, sont perdus à jamais.

L'hypogée KV7 dispose d'une vaste rampe d'entrée (A) creusée à la base de la colline dans de la roche calcaire. Elle permet d'accéder à trois couloirs successifs inclinés rectilignes (B, C et D) sur environ 58 mètres jusqu'à l'antichambre (E) et son puits. Cette dernière précède la superbe salle hypostyle (F), qui communique avec une chambre latérale (Fa) et à sa petite annexe (Faa). Après la salle hypostyle (F), deux couloirs s’égrènent en pente douce (G et H) sur environ 12 mètres jusqu'à l'antichambre (I). À droite, rompant l'axe linéaire de 90°, se trouve la chambre funéraire (J).

Cette chambre très vaste possède huit piliers. Elle a été creusée dans une couche de schiste d'Esna. On a démontré que la chambre funéraire a été successivement agrandie à plusieurs reprises. Mais la structure actuelle est fortement endommagée. De la chambre funéraire, on peut accéder à quatre petites chambres latérales (Ja, Jb, Je et Jf) et deux vastes chambres hypostyles disposant de deux piliers chacun (Jc et Jd). Il est possible que la fonction de la salle (Jd) était de recevoir les vases canopes du roi puisque ces derniers sont peints sur un de ses murs. Enfin, une annexe latérale (Jdd) est accessible depuis la salle (Jd). Elle permet d'accéder à une ultime salle hypostyle (Jddd).

La fonction de ces multiples annexes autour de la chambre funéraire est peu claire. Il pourrait s'agir de magasins ou d'entrepôt des objets personnels ou des trésors nécessaires au défunt dans l'au-delà.

De manière plus détaillée, la tombe est structurée ainsi :

Décorations

Pour sa tombe, Ramsès II a suivi le même décor utilisé pour la tombe de son père, Séthi Ier, mais avec des ajouts importants avec, pour la première fois, une décoration sur le linteau de la première porte du premier couloir (B) de la tombe. Les inscriptions sont très soignées, effectuées en relief et non pas creusées. Malheureusement, la mauvaise qualité de la pierre et les nombreuses et violentes inondations qui ont frappé la tombe ont effacé la plupart des peintures et recouvert de débris toute la tombe. Ainsi, ce qui était sans doute la plus belle hypogée de la vallée des Rois a perdu de manière irréparable ses somptueux décors.

Il semble que sa décoration principale était inspiré par le livre des portes, le livre de l'Amdouat et des litanies de Rê.

La chambre funéraire a un plafond voûté et on trouve une figure d'Osiris sculpté en haut relief, semblable à celle trouvée dans la tombe de ses fils KV5.

De manière plus détaillée, la tombe comporte les décors suivants :

Comme la tombe a été ouverte et pillée dès l'antiquité, elle fut également très souvent visitée. On a donc de nombreux graffitis datant de l'époque gréco-romaine. Mais il n'y a aucun graffiti datant de l'époque copte, signe que les débris avaient déjà comblés une grande partie de la tombe. On ne retrouve ensuite que des graffitis à partir du XVIIIe siècle preuve du regain d'intérêt suscité par KV7.

Histoire

Du fait de son règne exceptionnellement long, Ramsès II eut tout le temps de bâtir une très grande tombe. Il y fut inhumé dès son décès à l'âge de quatre-vingt-dix ans environ. Le pharaon est mort de vieillesse, souffrant de calvitie, de dents cariés et usées, d'arthrose et d'artériosclérose.

Symboliquement, cette tombe fait face à l'énorme hypogée destiné à ensevelir ses cent-cinquante enfants (KV5).

Mais comme la tombe était visible et accessible, elle fut l'une des plus pillées de la vallée des Rois. La première incursion de voleurs attestée date de l'an 29 du règne de Ramsès III, moins de cinquante ans après la mort de Ramsès II. Le tombeau fut à nouveau scellé. Heureusement, le corps de pharaon n'avait pas été abîmé et seuls des objets en or avaient été volés.

En effet, le Papyrus de la Grève[1] daté de l’an 29 du règne de Ramsès III signale l'effraction de KV7 et de KV5 :

« An 16, jour 22 du troisième mois de l'inondation (...) Interrogatoire des hommes trouvés en train de violer les tombes de Thèbes ; accusations formulées par le maire de Thèbes et le Chef de Police à la grande et noble tombe de millions d'années du pharaon (...) Il est possible que du fait que la situation générale ne s’améliore pas pour les générations de travailleurs, sous les successeurs de Ramsès III, les artisans se décident à piller les tombes, et personne mieux qu'eux ne sera efficace pour cette tâche, parce qu’ils les ont bâties. »

— Papyrus de la grève - Egyptos.net[2].

Face aux pillages incessants, la momie a été transféré plus tard par le prêtre Hérihor dans la tombe KV17 de son père Séthi Ier tout comme les restes de son grand-père Ramsès Ier. Ce transfert eut lieu durant la vingt-cinquième année du règne de Ramsès XI.

Puis, sous le règne de Pinedjem Ier de la XXIe dynastie, elle fut soigneusement cachée à Deir el-Bahari dans la tombe TT320.

Le tombeau a été ensuite réutilisé à l'époque de la Troisième Période intermédiaire pour d'autres enterrements multiples avant d'être l'objet sous l'époque romaine de visite des premiers « touristes ».

Historique des fouilles

La nomenclature de cet hypogée a varié au cours du temps. Elle a été successivement désignée comme la « Tomb C » par Richard Pococke, la « grotte fermée » par les savants de l'expédition d'Égypte, puis « Tombe 8 » par Champollion, « Tomb K » par James Burton, « HL10 » par Robert Hay, et «LL7» par Karl Richard Lepsius avant d'acquérir définitivement son numéro actuel de KV7.

La liste des fouilles est la suivante :

KV7 a subi au moins une douzaine d'inondations au cours des millénaires en raison d'averses soudaines. Le premier dégât des eaux a probablement eu lieu après la période gréco-romaine. Les différentes inondations se distinguent dans les couches de débris dans la tombe, avec des morceaux de décoration murale qui se sont coincés entre les couches de limon, de gravier, et du sol. Ainsi, la tombe est donc actuellement très endommagée. Récemment, les archéologues ont travaillé pour fouiller et explorer complètement la tombe et consolider sa structure.

De nombreuses campagnes au cours des trois derniers siècles ont fouillé la tombe. Ces fouilles furent très difficiles à cause des très importants débris présents à enlever, efforts trop coûteux en rapport aux peu d'objets intéressants retrouvés.

En 1993, une expédition française dirigée par Christian Leblanc a commencé la tâche d'enlever méthodiquement tous les débris, de fouiller de manière exhaustive toutes les salles, de faire tous les relevés épigraphiques et de mener les premières mesures de sauvegarde de la tombe de Ramsès II. Par exemple, de nombreuses fissures du plafond de la chambre funéraire et des salles hypostyles ont été colmatées, et on a renforcé le plafond par des tiges et des plaques en acier.

Ce travail de préservation et de fouilles acharné se poursuit toujours aujourd'hui.

Les objets exhumés

Très peu d'objets ont pu être exhumés de la tombe qui avait sans doute contenu l'un des plus fabuleux trésors de l'Égypte pharaonique. On n'y a découvert que quelques fragments de poteries. Dans la chambre funéraire (J), on a retrouvé des fragments du sarcophage extérieur en calcite et une paire de têtes de lion peintes de calcaire ce qui suggère que le sarcophage ait été placé sur un lit de calcaire de lion.

Photos

Notes et références

  1. Records of the strike at Deir el Medina under Ramses III transcription en anglais du Papyrus de la Grève sur reshafim.org.
  2. « La première grève connue de l'Histoire », sur egyptos.net.

Bibliographie

Liens externes