La transition hormonale est la prise d'hormones par une personne trans dans le cadre de sa transition de genre. Elle se fait généralement dans un contexte médical, et est également appelée thérapie hormonale substitutive (THS).
La féminisation passe par l'administration d’œstrogènes, souvent associés aux anti-androgènes[1],[2] ou des agonistes de la GnRH[2], et parfois à de la progestérone[3]. La prise d’œstrogènes abaisse le taux de testostérone, mais dans la moyenne basse masculine[2]. L'addition d'anti-androgène permet d'abaisser encore le taux de testostérone en bloquant sa production, ce qui permet d'atteindre un taux de testostérone situé dans la moyenne féminine[2].
L'usage d'éthinylestradiol, un œstrogène de synthèse souvent utilisé dans les pilules contraceptives, est déconseillé en raison d'une augmentation marquée du risque de thrombose veineuse[4]. L'administration de progestérone est controversée[3]. Son effet sur l'accroissement des seins n'est pas consensuel, tout comme son effet sur l'abaissement du taux de testostérone[3]. Le type de traitement dépend des pays[2],[5].
Chez les personnes transféminines, les traitements hormonaux ont principalement des effets féminisants et démasculinisants (en). De nombreux facteurs peuvent avoir un impact sur le temps d'apparition et l'intensité de ces effets : l'âge de début du traitement, les molécules et dosages utilisés, ou des prédispositions génétiques.
Effet | Délai avant l'apparition prévue de l'effet[f 1] | Délai d'obtention de l'effet maximal attendu[f 1] | Réversibilité[f 2] |
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Développement mammaire | 2 à 6 mois | 1 à 5 ans | Réversible chirurgicalement[f 3] |
Réduction de la pilosité et affinement des poils[f 4] | 4 à 12 mois | > 3 ans | Réversible |
Restauration (limitée) des cheveux en cas de début de calvitie[f 5] | 1 à 3 mois | 1 à 2 ans | Réversible |
Changements de la peau[f 6] | 3 à 6 mois | Inconnu | Réversible |
Répartition féminine des graisses | 3 à 6 mois | 2 à 5 ans | Réversible |
Diminution de la masse musculaire et de la force physique | 3 à 6 mois | 1 à 2 ans[f 7] | Réversible |
Élargissement et arrondissement du bassin[f 8] | Inconnu | Inconnu | Irréversible |
Modification des émotions et de l'humeur | Inconnu | Inconnu | Réversible |
Diminution du désir sexuel | 1 à 3 mois | Temporaire | Réversible |
Diminution des érections matinales spontanées | 1 à 3 mois | 3 à 6 mois | Réversible |
Dysfonction érectile et réduction du volume de l'éjaculat (hypospermie) | 1 à 3 mois | Variable | Réversible |
Diminution de la spermatogenèse et de la fertilité | Inconnu | > 3 ans | Indéterminé |
Diminution du volume des testicules | 3 à 6 mois | 2 à 3 ans | Indéterminé |
Diminution de la taille du pénis | Aucune[f 9] | — | — |
Changements de la voix | Aucun[f 10] | — | — |
Notes et sources
Notes :
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Les œstrogènes provoquent une accumulation de graisse sous-cutanée, rendant la texture de la peau plus douce[7],[8]. La baisse du niveau d'androgènes diminue l'activité des glandes sébacées, inhibant la production de sébum[9],[10]. Une étude sur l'évolution de la production de sébum et de la pilosité chez des femmes transgenres suivant un traitement hormonal n'a pas montré de réduction significative de l'acné due à ce traitement[10]. La peau peut également devenir plus sèche et nécessiter une hydratation plus conséquente[8].
Les œstrogènes peuvent être pris de manière orale, locale ou intramusculaire[2]. Les anti-androgènes peuvent être absorbés per os, en injection intramusculaire ou encore via un implant sous-cutané[2].
Pendant les deux premières années, il est nécessaire de surveiller les concentrations en hormones tous les trois à six mois afin de vérifier que leurs taux sont situés dans la moyenne et qu'il n'y a pas d'élévation trop importante du taux d’œstradiol[2]. Le dosage du potassium est recommandé dans le cas d'une prise de spironolactone[2].
La thérapie hormonale est considérée sûre lorsqu'elle est réalisée avec un suivi par rapport à certains points de surveillance[11]. Les risques à long terme des thérapies hormonales sont cependant encore mal connus[12].
Les principaux risques rapportés sont les thromboembolies veineuses[11]. Chez les personnes transféminines hormonées, des triglycérides augmentés sont également retrouvés[11].
En France, les résumé des caractéristiques du produit des hormones utilisées dans le cadre d'hormonosusbtitution mentionnent des risques de cancers, par exemple le risque de cancer du sein et le méningiome pour les estrogènes[5]. La progestérone est soupçonnée d'augmenter le risque de cancer du sein, et d'avoir d'autres effets indésirables comme la dépression et la prise de poids [3].
Un risque de cancer accru n'est néanmoins pas retrouvé chez les femmes trans hormonées[11], même si elles doivent veiller aux cancers liés à leur genre de naissance (cancer de la prostate)[11].
La masculinisation est opérée grâce à l'administration de testostérone[1].
La testostérone peut être administrée sous plusieurs formes : injections intramusculaires, méthodes locales (gels, patchs, solution au niveau des aisselles), par voie orale, buccale ou nasale, et par implant sous-cutané[13]. La disponibilité de chaque formulation dépend des pays[1].
Les effets de la testostérone débutent dans les mois suivant le début de la prise d'hormone[13]. Dès les trois premiers mois, la prise de testostérone a déjà pour effet d'augmenter la pilosité[13],[1], de stopper les menstruations[13],[1], diminuer la masse graisseuse[13] et d'augmenter la masse musculaire[1], la force physique[13] et le désir sexuel[13],[1]. Par la suite, elle provoque également un abaissement de la voix[13],[1], un allongement du clitoris[13] et une atrophie vaginale[1]. L'acné peut augmenter[1], et chez les individus prédisposés peut survenir de l'alopécie[13]. La prise de testostérone provoque une diminution de la dysphorie de genre, du stress, de l'anxiété et de la dépression, et une diminution du risque de cancer du sein[13].
Les taux de testostérone atteints sont équivalent à ceux des hommes cisgenres.
Il est observé dans certaines études une augmentation de la pression artérielle, uniquement systolique, de 4 à 12 mmHg des hommes transgenres sous traitement hormonal depuis un an. Les conséquences à long terme de cette augmentation sont inconnues à cause du manque d'études[13].
La thérapie hormonale est considérée sûre lorsqu'elle est réalisée avec un suivi par rapport à certains points de surveillance[11]. Les risques à long terme des thérapies hormonales sont cependant encore mal connus[12]. Le principal risque est la polycythémie[11].
L'alopécie est à la fois un effet indésirable et une caractéristique qui peut être recherchée chez certains hommes transgenres[13]. L'effet des hormones peut également provoquer de l'acné[13].
En France, les résumé des caractéristiques du produit des hormones utilisées dans le cadre d'hormonosusbtitution mentionnent des risques de cancers, par exemple le risque de méningiome et de cancer du foie pour le cyprotéone[5].
Un risque de cancer accru n'est néanmoins pas retrouvé chez les hommes trans hormonés[11], même s'ils doivent veiller aux cancers liés à leur genre de naissance (cancer de l'utérus et du col)[11].
L'accès aux hormones dépend des pays. En France, la délivrance d'hormones peut se faire par un médecin généraliste, un endrocrinologue ou un psychiatre[14]. Au Québec, une évaluation psychosociale est nécessaire[12].
La World Professional Association for Transgender Health édite des recommandations sur les thérapies hormonales des personnes transgenres à destination des personnes professionnelles de santé[2],[3].
Un suivi est recommandé régulièrement aux personnes trans suivant une thérapie hormonale de substitution[1]. Plusieurs organisations médicales recommandent un suivi médical concernant les cancers associés à l'assignation de naissance.
En pratique, en raison des barrières d'accès aux soins et des discriminations, environ la moitié des femmes trans qui débutent une thérapie hormonale le font sans supervision[2].
Les études qui ont porté sur le sujet montrent que la thérapie hormonale chez les personnes transgenres est associée à une meilleure qualité de vie, un taux plus faible de dépression et d'anxiété, quels que soient l'âge et le sexe des personnes[15]. Lorsque la thérapie hormonale est débutée à l'adolescence, les personnes trans présentent une meilleure santé mentale et sont moins susceptibles de s'engager dans des abus de substances que leurs pairs ayant débuté la thérapie hormonale à l'âge adulte[16].
Le manque de considération des professionnels médicaux à l'égard des risques de cancer chez les personnes trans est souligné, les médecins justifiant ce manque par l'absence d'études fiables montrant une corrélation entre hormonothérapie et cancer, tandis que les personnes transgenres s'attachent d'abord à la question de la transition[5].
Selon la Cochrane, il existe un écart entre la recherche scientifique sur l'efficacité et la tolérance des traitements hormonaux destinés aux femmes transgenres et les pratiques ayant cours[17].