Julian Semenov
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Julian Semenov
Nom de naissance Julian Semionovitch Lyandres
Naissance
Moscou, Drapeau de l'URSS Union soviétique
Décès (à 61 ans)
Moscou, Drapeau de la Russie Russie
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Russe
Genres

Julian Semenov (en russe : Юлиан Семёнович Семёнов, translittération : Ioulian Semionovitch Semionov) est un journaliste, un scénariste et un écrivain russe, auteur de plusieurs romans policiers et d’espionnage, né le à Moscou RSFSR et décédé le également à Moscou (Russie)[1],[2].

Érudit, polyglotte, prolifique et pionnier du roman d'espionnage, Julian Semenov est considéré comme l'alter ego soviétique de John le Carré[3], d'autant qu'il alimentait volontiers les rumeurs concernant son rôle au sein du KGB. Son œuvre est progressivement traduite en français par les Éditions du Canoë et suscite depuis un intérêt considérable[4].

Biographie

Fils de Simon A. Liandres, éditeur, écrivain, journaliste et de Galina Liandres, née Nozdrina, professeur d'histoire, il termine ses études secondaires, puis entre à l'Institut d'études orientales de Moscou en 1948[5]. Il y rencontre Ievgueni Primakov qui devient son ami. Pendant ses études, son père est arrêté le et détenu jusqu'en mai dans la prison de Vladimir. À l'Institut, Ioulian Semionov est convoqué au bureau du recteur pour qu'il se joigne aux autorités et condamne par écrit ce qu'avait fait son père ; il refuse. En 1953, il obtient le diplôme délivré par le département Moyen-Orient de l'Institut, mais est renvoyé comme fils d'un ennemi du peuple qui n'a pas approuvé la décision du tribunal qui avait condamné son père pour calomnie du pouvoir soviétique, mais il retrouvera son statut d'étudiant trois ans plus tard[5].

Cependant, il peut travailler à l'université d'État de Moscou comme assistant dans l'enseignement de la langue pachtou, de l'histoire perse et de la politique. En 1955, il épouse Ekaterina Sergueïevna, fille de Natalia Kontchalovskaïa (ru) et d'Alexeï Bogdanov, qui avait été adoptée par le second époux de sa mère, Sergueï Mikhalkov. Ensemble, ils auront deux filles, Daria et Olga, laquelle écrira sa biographie, éditée en 2006, et qui jouera dans Confrontation, adaptation télévisée d'une des œuvres de son père. Toujours en 1955, il commence à publier dans les revues ou les périodiques, tels Ogoniok, Literatournaïa gazeta, Pravda, Smena [La relève] et Komsomolskaïa Pravda, un journal du Komsomol, organisation dont il est exclu pour la même raison qui avait motivé son exlusion de l'Université.

Il est envoyé à Kaboul, en Afghanistan, en tant qu'interprète et traducteur du pachtou et du dari et c'est là, en 1959, qu'il écrit son premier roman Agent diplomatique où il met en scène « Witkiewicz », un diplomate agent secret (inspiré du personnage réel Jan Prosper Witkiewicz).

En 1960, il devient membre et plus tard secrétaire de l'Union des écrivains soviétiques et, de 1962 à 1967, il est membre du comité de rédaction de la revue Moscou, puis travaille comme correspondant à l'étranger pour la Pravda, l' Ogoniok et la Literatournaïa gazeta. Ceci lui permet de voyager énormément et d'envoyer des reportages et, sans doute, des renseignements au KGB, d'Europe, de l'Espagne de Franco, d'Amérique, du Chili, de Cuba, du Paraguay, où il assiste à la chasse aux nazis et aux dirigeants de la mafia sicilienne, d'Asie où il se trouve en forêt avec les chasseurs de tigres, de l'Extrême-Orient soviétique, où il observe la construction de la Magistrale Baïkal-Amour, (BAM), du Japon, d'Afghanistan, du Vietnam pendant les combats et du Laos où il se mêle aux guerilleros, des stations polaires de l'Arctique et de l'Antarctique... Ces lieux sont évoqués dans plusieurs de ses œuvres : 49 heures 25 minutes (1960), Ils partent pour revenir (1961), Dans l'exercice de fonctions officielles (1962), Route de JV -15 - Bornéo (1971), La Chèvre (1974), Le Loup (1974), Tass est autorisé à déclarer (1977), Capriccioso sicilien (1978), Press center (1983), Enchères (1985), Romans non écrits (1990), car aux impressions qu'il recueille au cours de toutes ces expériences s'ajoute toute la matière qu'il peut trouver dans les archives du Ministère de l'Intérieur et des services secrets de l'URSS, d'où la grande variété des sujets abordés tout au long de son œuvre.

En 1968, Semionov écrit son roman le plus populaire, Les 17 Moments du printemps, mettant en scène un espion soviétique en Allemagne, Maxime Issaïev, alias Justas, alias le Standartenführer SS Von Stierlitz pendant les dix-sept derniers jours de la Seconde Guerre mondiale. Ce roman est aussi publié sous les noms Le Complot Himmler et Dix-sept flashs sur le printemps. Dès 1968, l'année de sortie du livre, l'histoire est adaptée en feuilleton pour la télévision et obtient un franc succès[6]. Les personnages et de nombreuses citations en ont été empruntés pour intégrer les Anekdots si populaires en période soviétique[7]. Ce roman et les films qui en ont été tirés, donnent aux personnages nazis, d'habitude plutôt caricaturaux, une humanité et une profondeur[réf. nécessaire].

Julian Semionov écrit d’autres romans, notamment toute une série sur un espion russe blanc envoyé en URSS. Ceux-ci ont été adaptés au cinéma, L'Erreur du résident (Ochibka rezidenta) en 1968, et connaissent trois suites. Il donne aussi une trilogie consacrée à la brigade criminelle de Moscou, dont le premier titre 38, rue Petrovka (1962), est l'adresse « du siège de la milice moscovite »[8]

Le succès des 17 moments… lui vaut d'être lauréat du prix d'État d'URSS en 1976 pour sa participation à la série TV, mais à son grand dépit, le réalisateur, le caméraman, les acteurs et les principaux collaborateurs sont récompensés, mais pas lui. Après la dépression qui s'ensuit, on peut penser qu'il était devenu très sensible aux honneurs officiels et, la même année, il peut se consoler en recevant la médaille de l'amitié des peuples, le prix d'État des frères Vassiliev et, l'année suivante, le prix d'État de l'URSS. Ensuite, Semionov écrit un long cycle d’enquêtes sur des affaires politiques mettant en scène son personnage Stierlitz. Il invente aussi plusieurs autres romans policiers pour des affaires criminelles ou politiques.

En 1979, il reçoit une distinction du KGB ; est-ce la raison pour laquelle il écrit ensuite une série sur Félix Dzerjinski, le fondateur de la Tchéka qui devient plus tard le KGB ? Tout au long du reste de sa vie, on ne l'oublie pas et il reçoit nombre de récompenses : en 1979, prime des constructeurs Nourek HPS ; en 1982, il est reconnu comme artiste émérite de la RSFSR ; en 1984, il reçoit l'ordre de la révolution d'Octobre ; le ministère de l'intérieur de l'URSS le distingue en 1986 ; le KGB pense à nouveau à lui en 1989.

En 1986, il devient président de l'Association internationale du roman policier et du roman politique et rédacteur en chef de la collection Le Roman policier et la Politique, publiée par cette association avec l'aide de l'agence Novosti qui fait beaucoup en URSS pour populariser le genre policier.

Trois ans plus tard, il participe à la première édition privée soviétique du journal Top secret, en est, moyennant un rouble par an, son premier rédacteur en chef et fonde l'émission de télévision éponyme. Avec le baron Edouard von Pfalz-Fein il crée aussi le « Comité international de recherche de la Chambre d'ambre » qui comprend également Georges Simenon, James Aldridge, Georges Stein. Cette association, comme d'autres qui cherchaient à éclaircir ce mystère, n'obtint aucun résultat.

Vers la fin de sa vie active, tout en continuant d'écrire des romans et des scénarios, il cumule de nombreuses responsabilités publiques : de 1985 à 1991, il est secrétaire du conseil d'administration de la RSFSR ; de 1986 à 1991, vice-président de la Société de l'amitié « URSS-Argentine », membre du Comité soviétique pour la solidarité avec l'Amérique latine.

Le , il est victime d'un premier accident vasculaire cérébral. Deux autres suivent qui le privent de la motricité, de la parole et de toute activité. Il meurt en Crimée et ses cendres sont dispersées sur la mer Noire. Néanmoins, au cimetière Novodievitchi, à Moscou, on peut se recueillir devant son cénotaphe. Le site de la Fondation culturelle Julian Semionov, l'agence d'information russe RIA Novosti, le livre biographique écrit par la fille de Semionov Olga et la presse internationale mentionnent toutefois Moscou comme son lieu de décès[1],[2],[9],[10].

Statue de l'écrivain, rue Gogol à Yalta.

La suite écrite par le journaliste Vladimir Soloviov semble être sortie d'un de ses romans : après sa mort, son studio est occupé par le journaliste Artiom Borovik qui, selon la page Wikipédia en anglais, aurait révélé l'empoisonnement de Semionov par le KGB. Cette administration aurait voulu empêcher l'écrivain de divulguer des documents compromettants sur les liens du patriarche Alexis II de Moscou et de l'Église orthodoxe russe officielle avec le KGB. Le prêtre Alexandre Men qui aurait détenu la cassette vidéo, assassiné à coups de hache le , aurait été liquidé par un homme de main. Artiom Borovik disparut dans un accident d'avion le . Ces informations non appuyées de preuves auraient été publiées par Gleb Yakounine qui aurait eu accès au dossier du KGB en tant que membre de la commission d'enquête parlementaire présidée par Lev Ponomariov sur les causes et les raisons de la tentative du putsch soviétique en 1991. Il jouissait d'une datcha à Sovietski Pissatel.

Œuvres

Romans

Filmographie

En tant que scénariste

En tant qu'acteur

En tant que réalisateur

Notes et références

  1. a et b Ольга Семенова, Юлиан Семенов, Julian Semenov Foundation,‎ , 578 p. (ISBN 978-5-235-03487-7, lire en ligne), p. 579
  2. a et b (ru) « Биография Юлиана Семенова », sur ria.ru,‎ (consulté le )
  3. Julie Malaure, « Roman : Semenov, le John le Carré russe », sur Le Point, (consulté le )
  4. « « La Taupe rouge », de Julian Semenov : l’autre espion qui venait du froid », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. a et b (en) Jack Miles, « Cup of Coffee With Julian Semyonov », sur latimes.com, (consulté le ).
  6. Birgit Beumers, Pop Culture Russia! : Media, Arts, and Lifestyle, ABC-CLIO, , 399 p. (ISBN 978-1-85109-459-2, lire en ligne), p. 293.
  7. (en) Dr Sk. Makbul Islam, Dr Abhijit Majumdar, Chaitali Maitra, Dr Sujay Kumar Mandal, « Folklore And Folkloristics », sur um.edu.my, (consulté le ).
  8. Dictionnaire des littératures policières, volume 2, p. 749.
  9. (ru) Julian Semenov Foundation, « Иллюстрированная биография Юлиана Семенова », sur semenov-foundation.org (consulté le ).
  10. (en) Glenn Collins, « Julian Semyonov, A Prolific Novelist And Scenarist, 61 », sur nytimes.com, (consulté le ).

Sources

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