Francique
Période jusqu'au VIIIe siècle
Extinction VIIIe siècle
Langues filles dialectes du bas francique, flamand, néerlandais
Pays Allemagne, Belgique, France, Luxembourg, Pays-Bas
Classification par famille
Codes de langue
ISO 639-3 frk
Étendue Langue individuelle
Type Langue historique
Glottolog fran1264

Le francique ou vieux-francique est historiquement la langue originelle des Francs saliens, une langue non attestée, si ce n'est par l'inscription runique de Bergakker (une courte phrase) et par quelques gloses dans le texte latin de la loi salique. Elle est classée dans le groupe bas-allemand, d'où son autre nom de vieux bas francique.

Dans la nomenclature linguistique, le mot « vieux » fait référence à l'ancienneté et le mot « bas » à des critères géo-linguistiques : des mutations consonantiques propres aux régions germaniques basses (proches de la mer du Nord).

Cette langue est considérée comme l'ancêtre ou proche de l'ancêtre des différents dialectes du bas francique moderne, dont font partie le néerlandais et les dialectes flamands.

Le (vieux-)francique, langue des Francs, ne doit pas être confondu avec les « langues franciques » dans leur ensemble : ce terme désigne, de manière plus large, divers dialectes ou langues actuelles considérées comme des langues germaniques occidentales et dont l'aire de diffusion va de l'Allemagne à la France, au Luxembourg et à la Belgique. Une partie de ces dialectes est aussi classée par les linguistes dans les groupes du moyen allemand et du haut allemand, et font référence à des territoires où se sont installés ultérieurement les Francs plutôt qu'à une ascendance linguistique.

Le vieux francique encore appelé vieux bas francique (la langue des francs saliens) est une proto-langue, une langue reconstituée, puisqu'il n'existe plus de traces écrites alors que le vieux haut allemand (la langue des francs rhénans puis de Charlemagne) est une langue attestée par de nombreuses traces écrites datant de 750 à 1050[1].

Historique

Le concept de « langue francique » (peut-être déjà scindée en dialectes) est généralement associé à celui du peuple des Francs et fait partie en tant que tel du sous-groupe linguistique dit bas-allemand, bas signifiant « du nord, proche de la mer, des basses terres », puisque les historiens localisent les premiers Francs en ces lieux. Cependant, selon l'historien Karl Ubl (de)[2], une partition entre Francs saliens (dialecte bas-francique) et Francs rhénans (dialecte du vieux haut allemand) avait disparu au cours du Ve siècle, l'identité salienne n'avait plus de consistance à l’époque de Clovis.

Cependant, les linguistes désignent également sous le nom de « franciques », aussi bien certains dialectes bas-allemands que moyen-allemands et allemands supérieurs. Leur point commun est d'être parlés dans des régions ayant été autrefois colonisées par les Francs. On préfèrera donc pour décrire la langue initiale et historique l'expression de vieux bas francique.

Il ne faut pas confondre le terme francique avec celui de franconien qui désigne, en français, uniquement le dialecte haut-allemand de Franconie, à savoir le francique oriental. Si la plupart des Francs du premier millénaire parlaient des dialectes bas-allemands, Charlemagne (ayant de par sa mère des origines rhénanes) et les siens parlaient des dialectes haut-allemands[3].

Antérieurement à Charlemagne, les Francs s'exprimaient donc dans une langue (peut-être différents dialectes) que les spécialistes rattachent au groupe linguistique dit bas-allemand, plus précisément le sous-groupe bas-francique auquel appartient le néerlandais.

On a cru longtemps que ce francique-là n'avait pas de forme écrite. Cependant, la découverte de l'inscription runique de Bergakker qui daterait des années 425-450 pourrait démentir ce postulat. Il en subsiste également quelques mots et phrases, par exemple dans la Lex Salica, la Loi salique. Grégoire de Tours lui-même n'en cite que deux termes tout au plus.

Les pays d'élection des Francs au temps de Clovis étaient le nord de la Belgique, région connue de nos jours comme la Flandre et le sud des Pays-Bas actuels. On sait par exemple que l'empereur Julien les a admis dans les régions de la Betuwe et la vallée de l'Escaut en 358.

Ces Francs ne constituaient pas un peuple clairement délimité. Aussi est-il probable que plusieurs variantes linguistiques, ou dialectes, aient cohabité. Il existait ainsi un groupe occidental, les Saliens, qui se disséminèrent en partie dans des territoires dont le parler roman est devenu par la suite la langue d'oïl ; et il existait par ailleurs un groupe oriental, les Ripuaires. La Flandre moderne connaît encore quatre dialectes bien distincts[4]. Sous Charlemagne, les Francs de la région rhénane s'étaient davantage répandus parmi les autres peuples germaniques. Ils gardèrent une langue germanique dans des territoires où les variantes linguistiques étaient déjà du bas allemand, du moyen allemand et de l'allemand supérieur.

Dans les Serments de Strasbourg, datant de 842, peu après la mort de Charlemagne, le texte en theodisca lingua est rédigé dans un francique rhénan de l'époque, rattaché au moyen allemand (Mitteldeutsch). Ainsi le francique rhénan était la langue maternelle de Charlemagne, parce que cet empereur franc avait vécu sur les terres rhénanes, et non parce que la langue initiale des Francs aurait été le francique rhénan[3].

Par conséquent, déjà à l’époque carolingienne, le terme francique est une notion historique qui ne correspond pas à un groupe linguistique germanique unique, ni même à une zone géographique distincte.

Mots français d'origine francique

Voici quelques mots d’origine francique, la langue des Francs ayant contribué à la formation de la langue française. On dénombre actuellement environ quatre cents mots d'origine francique en français[5]. Le vieux bas francique, dont ils sont issus la plupart du temps, se perpétue pour l'essentiel dans le néerlandais.

Suivant la tradition en linguistique comparée, les étymons hypothétiques, reconstitués à partir de mots tirés de différentes langues-sœurs, sont précédés d'un astérisque (*).

Mots français d’origine mixte latino-francique

Les Francs vont réintroduire dans le bas latin de la Gaule du nord, deux phonèmes qui n'existaient plus dans cette langue, à savoir le /h/ et le /w/. Il s'agit d’une conséquence directe du bilinguisme germanique / latin. Ainsi, non seulement les termes empruntés directement au francique conservent le [h] initial (devenu h « aspiré » en français moderne, cf. haine, honte, etc.) ou le [w] (conservé tel quel dans les dialectes d’oïl septentrionaux et passé à g(u)- dans le reste du domaine d'oïl (voir ligne Joret), cf. guerre, guetter, etc.), mais de plus, des termes issus pour l'essentiel du latin vulgaire vont être dotés de ces nouveaux phonèmes. On trouve donc de nombreux mots qui illustrent ce cas de figure :

Certains termes n’ont pour origine francique que le radical ou l'affixe, les autres éléments étant issus du latin :

Il existe d’autres cas pour lesquels le ou les étymons originels sont plus complexes à restituer dans la mesure où l'ancien bas francique est une langue hypothétique, les mots peuvent avoir été altérés sous diverses influences et les attestations anciennes sont lacunaires

Références

  1. (de) Charlotte Rein, Landschaftsverband Rheinland, « Fränkische Sprachgeschichte (3.–9. Jahrhundert), histoire de la langue franque (3-9 siècle) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur rheinische-landeskunde.lvr.de, (consulté le ).
  2. Karl Ubl, traduction de Thomas Lienhard, « L’origine contestée de la loi salique. Une mise au point », sur journals.openedition.org, (consulté le ).
  3. a et b J. Sigart, Glossaire étymologique montois, ou, Dictionnaire du Wallon de Mons et de la plus grande partie du Hainaut, , 402 p. (lire en ligne), p. 21.
  4. Cf. Carine Caljon, Le flamand, Bruxelles, Assimil, (ISBN 90-74996-43-4), p. 3
  5. Sandrine Zufferey et Jacques Moeschler, Initiation à la linguistique française, 2e éd., Armand Colin, 2015, 4.4.
  6. Trésor de la langue française : Dictionnaire de la langue du XIXe et du XXe siècle (1789-1960), 16 vol., s. la dir. de Paul Imbs et Bernard Quemada, Paris, CNRS, 1971-1994 ; TLF informatisé.
  7. Terry F. Hoad, The Concise Oxford Dictionary of English Etymology, Oxford University Press, 1986 (multiples rééd.), p. 112 - 113.
  8. a b et c Site du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
  9. T. F. Hoad, Op. cité, p. 189.
  10. Albert Dauzat, Henri Mitterand et Jean Dubois, Nouveau dictionnaire étymologique et historique, 2e éd., Paris, Larousse, 1964 (multiples rééd.).
  11. DICCIONARIO DE LA LENGUA ESPAÑOLA - Vigésima segunda edición (espagnol)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes