En football, un transfert correspond au changement de club d'un footballeurprofessionnel. Un transfert est généralement le rachat du contrat d'un joueur, mais peut prendre d'autres formes comme un prêt avec obligation d'achat, un prêt avec option d'achat ou un prêt sans option d'achat.
Les clubs professionnels sont en général autorisés à transférer un joueur dans un autre club uniquement pendant une période définie, désignée marché des transferts ou mercato.
Historique
Contrat à vie entre joueur et club
Historiquement, les premiers joueurs sont principalement des étudiants. Gentlemen et ouvriers constituent la deuxième vague. On retrouve cette même évolution en dehors des îles Britanniques dans de nombreux pays. Les joueurs gardent le contrôle du jeu à ses débuts, puis dans la première moitié du XXe siècle, les dirigeants prennent l'ascendant au niveau professionnel comme amateur. Commence alors la longue période de l'«esclavage[1]» avec des joueurs liés à vie à leurs clubs et transférables selon le bon vouloir des dirigeants qui s'arrangent pour tirer les salaires vers le bas. Pour l'exemple, après 15 ans de carrière, l'international français Thadée Cisowski ne touchait que 400 francs français par mois en 1961[2], soit environ 30 % de plus que le salaire minimum en France à la même époque.
Adoption du contrat à temps
Des syndicats de joueurs se forment pourtant dès le début du XXe siècle au Royaume-Uni, mais ces derniers ne parviennent pas à peser réellement sur ces problèmes[3]. La situation change dans les années 1960 avec la constitution de syndicats modernes, comme l'Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP) en France. Ces derniers militent pour une hausse des salaires, la mise en place du contrat à temps ne liant plus à vie le joueur et le club et une amélioration des conditions de retraite. Les clubs et autres organismes dirigeants ne prennent pas au sérieux ces revendications, puis doivent céder. Le contrat à temps est ainsi adopté en France en 1969[4]. Le combat est mené conjointement en Angleterre depuis 1961. Le syndicat des joueurs anglais obtient quelques avantages financiers mais les clubs refusent d'accorder la formule du contrat à temps. Billy Bremner publie un texte fameux au début du printemps 1974 resté sous le nom de « L'esclave blanc » : « Il n'y a pas de raison de faire de discrimination entre les hommes et les footballeurs[5] ». Le gouvernement britannique intervient dans la foulée () en dépêchant des observateurs à Paris auprès de la Fédération française de football, de la Ligue de football professionnel et de l'UNFP pour évaluer le système du contrat à temps[6]. Il faut toutefois attendre 1978 pour voir l'Angleterre adopter le contrat à temps[7]. Ce type de contrat se généralise ensuite. Les nations de l'Europe de l’Est conservent ainsi les droits sur leurs joueurs à vie jusqu'à la chute du système communiste. Des lois interdisaient même tous transferts de joueurs à l'étranger ou limitaient cette possibilité, comme en Yougoslavie pendant les années 1980, aux joueurs de plus de 27 ans.
Influence de l'arrêt Bosman
Le mécanisme des transferts est profondément modifié par l'arrêt Bosman, une décision de la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) du qui abolit les frontières dans la Communauté européenne. Avant cet arrêt, le nombre des joueurs étrangers par club était limité et un club pouvait réclamer une indemnité de transfert pour un joueur ayant fini son contrat.
Marché des transferts
Le marché des transferts aussi appelé mercato (italianisme signifiant « marché ») est la période pendant laquelle les clubs professionnels de football sont autorisés à transférer ou à prêter leurs joueurs à d'autres clubs. Habituellement, cette période se déroule pendant l'été, avant la reprise de la saison (trêve estivale) et à mi-saison (fenêtre des transferts hivernale). En dehors de ces périodes, un joueur ne peut être transféré ou prêté à un autre club.
Mercato estival
Le premier mercato de la saison se situe pendant l'été et dure à peu près deux mois. Il commence après la fin de la saison, en suivant le calendrier de la plupart des championnats majeurs européens. Évidemment dans l'hémisphère sud (Australie, Brésil, La Réunion, etc.) le mercato estival est en janvier, mois d'été austral, juste avant la nouvelle saison.
En Scandinavie et en Russie, on suit l'année civile en raison des hivers trop rigoureux pour pratiquer du sport en plein air, c'est pourquoi le mercato d'intersaison a lieu également en janvier, en hiver boréal. Les efforts de la Fifa pour harmoniser les dates en incitant tous les championnats à adopter le rythme de l'année civile ont été vains, et les associations ont préféré garder le rythme saisonnier.
Cette période de transfert d'intersaison se termine peu après le début de la saison suivante, entre le (Angleterre) et le (Portugal). En général, le mercato estival est le plus agité puisqu'il permet aux clubs professionnels de se renforcer en recrutant des joueurs pour la nouvelle saison, ou à l'inverse de "dégraisser" pour alléger leur masse salariale.
Mercato hivernal
Le deuxième mercato de la saison a lieu à mi-saison (janvier dans l'hémisphère nord, juillet dans l'hémisphère sud) traditionnellement pour une durée d'1 mois.
Indemnité de transfert
Les transferts ont toujours existé dans le football et leur prix augmente rapidement. Le Britannique Willie Groves est le premier joueur transféré pour 100 £ (1893) [8]. La période des transferts est harmonisée depuis 1997 à deux périodes dans l'année : l'intersaison (deux mois en Europe du 1er juillet au 31 août) et à mi-saison (du 1er janvier au 31 janvier). Le règlement de 1997 prévoit également de rémunérer les clubs formateurs, jusque-là totalement oubliés[9],[10].
Montants les plus élevés dans le monde
Transferts les plus élevés de l'histoire du football (valeur minimum)[11]
Le Paris Saint-Germain a procédé à neuf des dix transferts les plus onéreux réalisés par un club français de football, et en particulier le premier d'entre eux : la signature en 2017 de l'international brésilien Neymar venu du FC Barcelone. Le club parisien débourse 222 millions d'euros pour s'offrir ses services[12]. De 2000 à 2011, le transfert le plus coûteux de l'histoire du championnat est resté celui de Nicolas Anelka, de retour au Paris Saint-Germain en échange d'une indemnité de 220 millions de francs, soit 33,5 millions d'euros.
Le premier transfert d'une joueuse avec une indemnité est fait en juillet 2013 lorsque le PSG décide de racheter à Montpellier la dernière année de contrat de Marie-Laure Delie[80]. Les transferts « payants » sont encore rare dans le football féminin et le plus gros montant versé en D1 féminine l'est par le PSG pour signer Kadidiatou Diani en 2017[81].
↑Raymond Kopa utilise ce terme en 1963 pour dénoncer la médiocre condition des footballeurs professionnels : « Les footballeurs sont des esclaves. Le footballeur professionnel est le seul homme à pouvoir être vendu et acheté sans qu'on lui demande son avis », dans France Dimanche, et utilise le terme de « contrat esclavagiste » dans le magazine Le Miroir du football. Cité par Alfred Wahl et Pierre Lanfranchi, Les footballeurs professionnels des années trente à nos jours, Paris, Hachette, 1995, p. 179 (ISBN978-2-01-235098-4)
↑Alfred Wahl et Pierre Lanfranchi, op. cit., p. 170
↑Étant donné le désaccord des diverses sources et les fluctuations liées aux bonus, seul le montant minimum du transfert est indiqué (le montant maximum peut être indiqué via une source).