Cet article est une ébauche concernant la Grèce antique, la politique et la société.

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Solon, homme d’État athénien à l’origine d’une série de réformes pour résoudre la stasis de la cité entre Eupatrides et kakoï.

La stasis (du grec ancien στάσις / stásis, pluriel στάσεις / stáseis, « faction, discorde, sédition »[1]) désigne dans la Grèce antique une crise politique d’origine sociale et morale procédant d’un conflit interne à une cité-État sur le fondement d’un déséquilibre ressenti dans la répartition du pouvoir, pouvant mener à la guerre civile.

Caractérisation et causes

La notion de stasis peut être traduite par les termes de discorde, de décadence, d’effondrement des valeurs aristocratiques, de troubles civiques et même de révolte. Désignant la réalité de la guerre au sein même de la ville, elle s’oppose en ceci au terme πόλεμος (pólemos), qui fait référence à la guerre contre un ennemi extérieur. Cette crise est aussi bien perçue dans les sources comme une souillure civique que comme une sédition. Elle ne connaît ni règle ni limite et trouve son expression la plus aiguë dans la révolution puis la guerre civile. Cette rivalité se traduit dialectiquement par des affrontements politiques ou des guerres intestines, par une suite de revendications, de victoires et de relatifs reculs qui résument l’histoire de la cité archaïque, de la tyrannie et du processus de démocratisation.

La stasis résulte généralement d’une tension entre divers groupes sociaux, dont l’un se sent floué par le système politique imposé. La friction peut découler de causes multiples, tel qu’un écart de richesses, mais surtout un rôle politique différent au sein de la cité, entre les familles aristocratiques combattantes d’une part, et une classe de commerçants et d’artisans enrichis d’autre part, ces derniers demandant à participer à la vie politique de la cité.

Du point de vue mythologique, la stasis est souvent incarnée par le dieu Arès durant l’époque classique[2]. Ce dernier, traditionnellement assimilé à la guerre offensive et à la destruction, peut ainsi également représenter la guerre civile, le désaccord au sein d’un même peuple, du fait de sa brutalité et de sa proximité avec sa sœur Éris, déesse de la discorde.

Histoire

La plupart des cités grecques connaissent diverses formes de stasis aux époques archaïque et classique (du VIIIe au Ve siècle av. J.-C.).

À Athènes, les Eupatrides (du grec ancien Εὐπατρίδαι / Eupatrídai, « de bonne famille, bien-nés ») s'opposent à ceux que l'aristocratie qualifie de κακοί (kakoí, singulier κακός / kakós). L’adjectif κακός signifie non seulement « mauvais, méchant » mais également « bête, laid, honteux »[3], suggérant des nuisances occasionnelles.

À Mégare, c’est le poète Théognis de Mégare qui se fait le témoin de la stasis dans sa cité :

« Οὐδεμίαν πω, Κύρν', ἀγαθοὶ πόλιν ὤλεσαν ἄνδρες,

ἀλλ' ὅταν ὑβρίζειν τοῖσι κακοῖσιν ἅδῃ

δῆμόν τε φθείρουσι δίκας τ' ἀδίκοισι διδοῦσιν

οἰκείων κερδέων εἵνεκα καὶ κράτεος·

ἔλπεο μὴ δηρὸν κείνην πόλιν ἀτρεμέ' ἧσθαι,

μηδ' εἰ νῦν κεῖται πολλῇ ἐν ἡσυχίῃ,

εὖτ' ἂν τοῖσι κακοῖσι φίλ' ἀνδράσι ταῦτα γένηται,

κέρδεα δημοσίῳ σὺν κακῷ ἐρχόμενα.

ἐκ τῶν γὰρ στάσιές [stásiés] τε καὶ ἔμφυλοι φόνοι ἀνδρῶν·

μούναρχοι δὲ πόλει μήποτε τῇδε ἅδοι. »

— Ελεγείαι (Élégies), v. 43 à 52

« Point de ville, Cyrnus[4], dont les hommes de bien aient causé la perte ; mais celle où les méchants peuvent s’abandonner à la violence, corrompent le peuple, rendent injustement la justice, dans l’intérêt de leur fortune et de leur puissance, celle-là, n’espère pas qu’elle reste longtemps paisible, quand bien même elle serait maintenant en une paix profonde, du moment où des méchants s’y plaisent à ces gains coupables que suit le malheur public. De là, en effet, les dissensions, les querelles meurtrières. Je crains que cette ville n’accueille bientôt un monarque[5]. »

Notes et références

  1. Voir στάσις dans le Wiktionnaire.
  2. Nicole Loraux 1997, p. 104 [lire en ligne].
  3. Voir κακός dans le Wiktionnaire.
  4. Destinataire du texte, disciple de Théognis, jeune noble et fils de Polypaos.
  5. Traduction par Henri Patin, in Poètes Moralistes de la Grèce, « Sentences de Théognis de Mégare ».

Annexes

Bibliographie

Ouvrages francophones

Autres

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