Naissance |
Préfecture d'Okinawa (Japon) |
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Nationalité | Japonaise |
Décès | (à 82 ans) |
Profession | scénariste, parolier, écrivain |
Films notables | Uchū Enban Daisensō (La grande guerre des soucoupes de l'espace) |
Séries notables | Tokusatsu: séries "Ultra", séries "Baron", Super Sentai, Metal Hero, Spielban, Gyaban... Anime: UFO Robo Grendizer (Goldorak), Uchū kaizoku Captain Harlock (Albator)...; |
Shōzō Uehara (上原正三, Uehara Shōzō ), né le dans la préfecture d'Okinawa et décédé le , est un écrivain, scénariste réaliste et parolier japonais spécialisé dans les programmes d'aventure et de science-fiction pour la Jeunesse.
Ses œuvres les plus connues en France mais réécrites pour adaptation sont Uchū Keiji Gyaban (Space Sheriff Gavan / X-Or), Uchū kaizoku Captain Harlock (Albator 78) et UFO Robo Grendizer (Grendizer / Grendiser / Grandizer / Goldorak). Pour cette série d’animation "culte" en France (et comme pour Harlock) il fut scénariste principal, écrivain de 22 épisodes[1] (parmi les plus marquants aux dires des fans), et fut avant cela le scénariste du film précurseur Uchū Enban Daisensō.
Ces œuvres sont inspirées de ses travaux antérieurs sur les Séries Ultra et Séries Baron et par là-même de sa vie de natif de l’ancien Royaume de Ryūkyū. Les paroles de la chanson de l'épisode 18 de UFO Robo Grendizer, "Tatakae Grendizer", sont de lui[2].
En Europe c'est en Italie qu’il s'est distingué par les nombreuses séries animées qui y sont parvenues dans les années 1970 et 1980. Mais c'est au Japon qu’il a acquis sa notoriété, bien plus par son travail sur d’innombrables séries en prise de vues réelles et à effets spéciaux, dites Tokusatsu, que par son travail sur les Anime.
Il fut fils d'officier de police et troisième d'une fratrie de cinq frères et sœurs. En raison de l'intensification de la guerre du Pacifique, la famille fut temporairement évacuée à Taiwan en . Au moment où elle regagnait Naha un mois plus tard, la ville fut détruite par un raid aérien et le bateau et ses passagers parvinrent difficilement à Kagoshima. La famille emménagea dans la préfecture de Kumamoto et y mena une vie de personnes évacuées. Après la fin de la guerre en 1946, elle rentra chez elle à Okinawa et le jeune Shōzō suivit son cursus scolaire à Ishikawa (maintenant Uruma), puis à Tamagusuku (aujourd'hui Nanjō)[3].
Au lycée de Naha, il se passionna pour des films sortis en salles et le western Shane devint pour lui une véritable rencontre avec le cinéma.
Pendant ses études à la Faculté des lettres de l'Université Chuo, il écrivit des scénarios amateurs. À cette époque, il en écrivit un sur le thème de la bataille d'Okinawa et des bases militaires américaines pour transmettre sa propre expérience de la guerre. Après avoir obtenu son diplôme universitaire à 25 ans, la tuberculose le contraignit à rentrer dans sa famille pour des soins. Là, sa mère lui présenta Tetsuo Kinjō, originaire comme lui de Naha et "cinéphile comme lui"[3].
Kinjō qui avait intégré Tsuburaya Productions un peu plus tôt l'invita à Tokyo où il rencontra Eiji Tsuburaya. Il y apprit que pour y être scénariste, il devrait d'abord remporter une distinction. Il écrivit alors un projet de scénario sur le thème de la bataille d'Okinawa, 収骨 (Collecte de cendres), qui reçut en 1964 un prix public avec mention au Festival des Arts[3]. De retour à Tokyo pour assister à la cérémonie de remise des prix, il rejoignit Tsuburaya Productions pour assister Kinjō .
En 1965, après avoir fait ses débuts en tant qu'écrivain dans le drama Shimiru Surunu du programme local d'Okinawa "kyōdo gekijō", il débuta comme scénariste pour la série nationale Ultra Q (son épisode 21 "Uchū Shirei M774").
Vers la moitié de Ultra Seven, parce que Kinjō alors scénariste principal se concentrait sur Mighty Jack, de nombreux scénarios furent attribués aux jeunes Uehara et Ichikawa (son associé). Uehara continua à développer ses talents et compétences dans Kaiki Daisakusen.
En 1969, Kinjō quitta Tsuburaya Productions et rentra à Okinawa en même temps que Uehara partit de son côté, devenant écrivain indépendant.
Il revint en 1971 comme scénariste principal pour Kaettekita Ultraman (Le retour d'Ultraman). Il poursuivit avec Ultraman A (Ultraman Ace), mais quitta l’aventure à nouveau au début de l'œuvre suivante Ultraman Tarō.
Il travailla alors principalement pour le studio Tōei Dōga sur des œuvres à succès. Il devint responsable des programmes pour enfants et écrivit pour des séries du genre Tokusatsu et pour des Anime. Il écrivit de nombreux autres scénarios pour Tōei comme Jikū Senshi Spielban (Spielvan) et le Chōriki Sentai Ohranger de 1995 sera son dernier travail pour le studio.
Il écrivit sporadiquement par la suite pour d’autres séries "Ultra" telles que Ultraman Tiga et Ultraman Max.
Dans le domaine des effets spéciaux, il a souvent travaillé avec Susumu Yoshikawa (producteur de Tōei) qui depuis Le Retour d'Ultraman lui conseillait d'écrire pour le programme "Tōshiba nichiyō gekijō" (Toshiba Sunday Theatre), ce qui lui aurait permis un revenu plus confortable, mais Uehara n'a jamais souhaité abandonner les programmes pour la Jeunesse et a donc persévéré dans ce domaine.
Ce témoignage provient d'une interview de 2016[3]. Elle précise des détails pouvant légitimement faire dire qu’une telle expérience traumatisante a pu influencer largement les scénarios de l’écrivain et que de tels scénarios peuvent alors avoir valeur de véritable "outil d'aide à la résilience" transmis à la Jeunesse par le biais des séries auxquelles s'est consacré l’auteur et qui font pour certaines toujours parler d'elles au Japon comme en Europe. La "catastrophe pouvant être vue comme une chance" est évoquée ici comme dans ses œuvres, de même que l’influence majeure d'un certain cinéma américain auquel il rendit aussi hommage comme d’autres avant lui, sans toutefois trahir la pensée Japonaise et la sienne propre :
Séries dont le succès fut tel qu’elles font toujours l’objet de projets[4]. L'univers des séries Ultraman, Ultra Seven et Le Retour d'Ultraman, diffusées entre 1966 et 1972, reflètent la relation entre Okinawa, le Japon et les États-Unis[5]. Elles reflètent aussi fortement l'identité de Uehara en tant que natif (ayant été discriminé comme tel) d'Okinawa, tout comme pour son partenaire Kinjō. Dans Le Retour d'Ultraman, l'épisode 33 "Le dompteur de monstre et l’enfant" (怪獣使いと少年, Kaijū Tsukai to Shōnen), le thème de la discrimination et du triste sort des minorités exposées à une psychologie des foules désastreuse est développé crûment et sans détour : l’alien pacifiste est tué sous le coup de la peur des villageois faisant masse. Il a choqué de nombreux téléspectateurs par l’intensité dramatique et la gêne individuelle et collective mais aussi la prise de conscience qu’il a générées[6],[7]. Uehara et le réalisateur Tōjō Shōhei ont démissionné dans la foulée comme cela avait été convenu avant la diffusion de cet épisode : tel était le prix à payer pour sa diffusion. Uehara a plus tard été repris sur "Silver Kamen". Un scénario inédit de Ultra Seven est tiré du point de vue de l'être humain opprimé d'Okinawa et était inspiré de l'invasion du Royaume de Ryūkyū par le domaine de Satsuma.
Il s'agit des séries Super Robot Red Baron (1973 - 1974), Super Robot Mach Baron (1974 - 1975) et Chiisana Superman Ganbaron (1977).
Le principal sponsor ayant fait faillite, les conditions de production ont été modifiées entre la première et les deux autres. Les deux premières séries mettent en scène un robot géant armé, piloté de l'intérieur (pour la 3e il s'agit de transformation). Pour la première a été soulignée l'influence de l'anime Mazinger Z (Mazinger Z) de l'année précédente (1972), mais le projet avait débuté au début du printemps 1972, donc avant la diffusion de Mazinger Z[8].
Comme les séries "Ultra" et les séries "Kamen Rider", il s'agit d'une saga longue durée diffusée depuis 1975 puisque les productions Himitsu Sentai Ranger-5 (Secret Sentai Goranger) (1975-77) et Jacker Dengekitai (1977), deux œuvres de Shōtarō Ishinomori, y ont été incluses. Le concept de base est celui d’une équipe de plusieurs personnages qui se transforment en héros vêtus de casques et combinaisons à code couleur, luttant contre des monstres.
Le nombre de scénarios écrits par Uehara pour Super Sentai est de 174[9].
Elles comprennent la trilogie des Uchū Keiji Series qui a débuté avec Gyaban (Gavan / X-Or), s'est poursuivie avec Shariban (Sharivan) et s'est achevée avec Uchū Keiji Scheider (1984 - 1985) (Space Sheriff Scheider / Capitaine Sheider), maintenant considérée comme le troisième volet des Metal Hero Series.
Outre que Uehara a contribué à toutes ces séries, il a écrit l'entière histoire de Scheider.
Ici uniquement celles très connues en France (à l'exception de la première, découverte tardivement) :
Pour le film et la série, Uehara a notamment créé le personnage de Duke Fried / Daisuke Umon (Actarus en France et Italie). Il précise dans une interview consignée dans le Roman Album de 1978 (voir Ouvrages) :
(*) Deux personnages historiques qui se respectaient. Miyamoto Musashi (1584-1645) et Sasaki Kojirō protagonistes d'un célèbre duel à l'épée qui eut lieu sur la plage de Muko-Jima à 4 km de Kogura et qui s'est terminé par la victoire du premier.
La série animée qui développe le film reprend les thèmes chers à l'écrivain : la guerre d'invasion et le traumatisme (donc la résilience), la complexité des relations humaines mais aussi des références à sa propre jeunesse sur sa "planète" natale que fut l'ancien Royaume de Ryūkyū dont il s'est toujours revendiqué originaire. Le thème de l'Etranger est donc récurrent dans ses œuvres et dans Grendizer, le protagoniste principal fut le prince d'un pacifique royaume extraterrestre évolué, dévasté par des forces militaires belliqueuses dont l'apparence utilise des codes tant orientaux qu'occidentaux[10].
Il n'a pas été l'unique scénariste à avoir apporté une touche personnelle à cette série réputée particulièrement mature : ses collègues Mitsuru MAJIMA, Tatsuo TAMURA et Keisuke FUJIKAWA, aguerris eux aussi, ont aussi contribué au succès de l'Anime, de même que le responsable du Planning Toshio KATSUTA, le "mechadesigner" Tadanao TSUJI et le réalisateur Tomoharu KATSUMATA : tous (ou presque) ayant connu la Seconde guerre mondiale.
L’auteur explique en résumé que Uehara fut l'auteur principal de la narration et l'« âme » poético-philosophique de UFO Robo Grendizer. Il précise aux pages 1153-4 (tome 2) :
L’approche de l’auteur est corroborée par les correspondances lisibles entre ses propos, diverses interviews de Uehara, son histoire personnelle, ses déclarations dans le « Roman Album » de Tokuma Shoten de 1978 consacré à Grendizer, les récurrences thématiques et poétiques de ses scénarios de Tokusatsu et d'Anime (et ses ouvrages pour les enfants et biographique sur son passé à Okinawa) et l'origine narrative et productive du film Uchū enban daisensō.