Le terme tibétain rigpa (tibétain : རིག་པ་, Wylie : rig pa ; skt. vidyā) signifie « connaître », ou « être conscient » en tant que verbe. En tant que substantif, il a plusieurs significations distinctes mais reliées, correspondant au sanskrit vidyā:
« Les êtres sensibles ne sont jamais séparés de cette inchangeante nature innée, pas même un instant, et pourtant ils ne la voient pas. Tout comme la nature du feu est chaleur, et celle de l'eau, humidité, la nature de notre esprit est rigpa, conscience non-duelle[3]. »
— Tulku Urgyen Rinpoche
Rigpa est le concept-clé de l'atiyoga, l'« au-delà du yoga[4]», qui en transcende la dualité. Cet ensemble de techniques vise à laisser rigpa émerger puis s'épanouir et se stabiliser, plutôt que de laisser un égo réticent à sa propre abolition chercher à lever lui-même les voiles à l'Éveil[5].
Selon les enseignements de la Grande Perfection (dzogchen; rdzogs pa chen po), autre nom de l'Atiyoga, la conscience naturelle ou intrinsèque (rang rig) a deux aspects principaux:
Les détails techniques du thögal, plus particulièrement, doivent rester secrets pour éviter les risques de déstabilisation psychologique, et doivent être supervisés et appris d'un lama qualifié. Celui qui en reçoit les enseignements est lié par samaya, l'ensemble des serments envers le maître et la lignée. Cependant la « vue » ou la perspective théorique, ainsi que les approches du trekchö, sont aujourd'hui largement répandues, et librement enseignées.
Auparavant la vue était tenue secrète parce qu'elle s'opposait au tantrisme dominant[6], mais aussi par crainte de générer une attitude de laisser-aller plutôt que de lâcher-prise, ou de laisser-être (let it be). Ainsi :
L'Éveil a l'espace pour nature,
Et dans l'espace, il n'y a ni effort ni accomplissement,
Quiconque pratique l'effort et l'accomplissement
N'accomplira pas l'Éveil semblable à l'espace.
L'accomplissement à coup d'efforts est déviant et obscurcissant[7].
Les lamas exposant le dzogchen ne manquent jamais de souligner cet écueil[6].
Rigpa, conscience éveillée, claire présence, se distingue de:
Rigpa est aussi le nom d'un réseau international de centres bouddhistes fondé par le lama tibétain Sogyal Rinpoché, auteur du Livre tibétain de la Vie et de la Mort[8], rédigé sous forme d'introduction générale au bouddhisme tibétain et au dzogchen.
Au fil des années les centres Rigpa ont invité de nombreux maîtres à enseigner, dont Dudjom Rinpoché, Dilgo Khyentse Rinpoché, Sakya Trizin, le 16e karmapa, et parrainé de nombreux enseignements du 14e dalaï lama, dont certaines conférences ont servi à rédiger le livre Dzogchen[9] de ce dernier.