Naissance | |
---|---|
Nationalité | |
Activités |
Professions libérales et assimilés (), militant politique, avocat |
Membre de |
---|
Pierre Gentillet, né le , est un avocat et militant politique d'extrême droite français. En 2024, il est candidat aux élections législatives pour le Rassemblement national (RN) dans le Cher, mais échoue au second tour.
Au centre de plusieurs controverses, notamment en raison de ses prises de positions en ligne, il est critiqué pour sa proximité alléguée avec la Russie de Vladimir Poutine, ainsi que pour des propos polémiques.
Pierre Gentillet naît le [1]. Il serait né dans l'Indre, près de Bélâbre, ou à Lyon[2]. Le Berry républicain écrit qu'il est né à Argenton-sur-Creuse[3]. Pour Le Monde, il est né à Tours, de parents et grands-parents nés dans l'Indre[4].
Pierre Gentillet affirme que « les paysages et figures [du Berry] ont très jeune marqué [son] imaginaire »[2] et qu'il a grandi à Argenton-Sur-Creuse[5], ce que confirme Le Monde, qui écrit qu'il « a en fait grandi jusqu’à ses 8 ans dans le département voisin de l’Indre »[4]. Il fait des études de droit à l'université de la Sorbonne[6], puis passe le concours pour devenir avocat[7]. Il rejoint ensuite le barreau de Paris[2], se spécialise en droit fiscal et devient, selon ses propres dires, « spécialiste de l’accompagnement des acteurs de l’économie sociale et solidaire »[8].
Durant ses études, il est engagé au sein de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) de 2011 à 2015 et membre de La Droite populaire, un courant radical au sein de l'UMP[6],[9]. Il milite également pour le syndicat étudiant Union nationale inter-universitaire (UNI). En septembre 2013, alors qu'il distribue des tracts à l'entrée du campus Clignancourt, il convainc Jordan Bardella, jeune membre du Front national qui entame une licence de géographie, de devenir membre de l'UNI[7],[8].
En 2015, il fait partie des membres fondateurs du syndicat étudiant d'extrême droite Cocarde étudiante[10],[11], aux côtés notamment de Pierre-Romain Thionnet. Il se dit agacé du « cordon sanitaire » imposé entre les partis de droite traditionnels et le RN, qui divise le cercle de jeunes militants identitaires dont il fait partie, comprenant des personnalités telles que Jordan Bardella, Sarah Knafo, Stanislas Rigault, Guilhem Carayon, Damien Rieu et Samuel Lafont[12],[7].
Le , il annonce son départ des Républicains — nouveau nom de l'UMP — qui, selon lui, a choisi une « soumission morale et idéologique de la droite à la gauche ». Il affirme ne vouloir soutenir aucun candidat de son propre parti en vue de l'élection présidentielle de 2017 et dit être prêt à voter pour un candidat du FN[13].
Entre 2016 et 2017, il effectue deux voyages en Syrie organisés par l'association d'extrême droite SOS Chrétiens d'Orient, aux côtés de Thierry Mariani, Julien Rochedy, Charlotte d'Ornellas et Jean Lassalle[14].
Pierre Gentillet reprend la théorie raciste du complot du grand remplacement[15], affirmant qu'il ne s'agit pas d'une théorie mais d'une « analyse de la situation »[5]. Durant la pandémie de Covid-19, il fait partie des opposants aux mesures sanitaires, ce qui le fait connaître du grand public[4]. Il est chroniqueur régulier sur la chaîne CNews[10],[16], ainsi que sur Sud Radio[9]. Il participe à des débats sur TV Libertés, présentés par Éric Morillot[17]. Il est également présent sur RT France et Sputnik, chaînes financées par l’État russe[18],[5] et écrit pour le site conspirationniste et identitaire Breizh Info ainsi que pour Valeurs actuelles[8]. Il prend la parole, le , lors de la conférence célébrant les 50 ans du FN/RN, et « discourt sur l’État de droit, dans une tonalité assez identitaire », selon Libération[7].
En 2023, il dirige et coordonne, dans le village de Bélâbre, une association d'opposition à l'implantation d'un Centre d'accueil de demandeurs d'asile (CADA)[4], qu'il nomme Union belâbraise. Il prend notamment la parole lors de l'un de leurs rassemblements. Face au conseil municipal, favorable au projet, il réclame la tenue d'une consultation populaire, alors que s'opposent dans la commune des manifestants favorables et défavorables à cette implantation. Le mouvement d'opposition est alimenté par des militants du Rassemblement national et de Reconquête[16].
Il donne des conférences et participe à des conventions liées au RN. En décembre 2023, il prend la parole au campus Héméra, institut de formation des cadres du parti, aux côtés d'Edwige Diaz et de Jérôme Sainte-Marie. Il est invité par l'Institut Iliade à participer à leur colloque annuel, lors duquel il intervient devant des représentants des formations d'extrême droite radicale comme le GUD ou Academia Christiana[8].
En 2024, il est candidat aux élections législatives pour le Rassemblement national (RN) dans la troisième circonscription du Cher. Il a pour suppléante Julie Apricena, responsable du RN dans le département du Cher[19]. Selon Le Berry républicain, ce qui est assumé par le parti, il s'agit d'un « parachutage », le candidat étant domicilié et actif à Paris[11]. Mag'Centre fait état d'un débat sur le qualificatif de « parachutage », tout en précisant qu'il est « inconnu pour l’électeur lambda du Boischaut »[2]. Cependant, Pierre Gentillet refuse cette qualification[3].
L'un de ses adversaires, le député sortant Loïc Kervran (Horizons), s'inquiète de sa potentielle victoire, affirmant que Pierre Gentillet « est tout sauf patriote ». Il craint que le territoire puisse passer aux mains d'un député RN ayant « des accointances [...] très claires avec la Russie » alors qu'il abrite « toute notre industrie de défense et une base aérienne stratégique »[9]. La section départementale de la CFDT alerte ainsi sur la présence d'entreprises comme MBDA ou de la base aérienne 702 Avord et rappelle que le candidat pourrait avoir accès, en étant à la commission de la Défense nationale, à « des informations sensibles » qu'il pourrait « communiquer à des tiers »[4].
Durant sa campagne, il reprend les arguments du RN en reliant insécurité et immigration et souhaite réduire les charges sur les salaires et les taxes sur l'essence. Sa campagne est aussi très axée sur la ruralité et le monde agricole ; ses positions polémiques la marquent peu[4]. Dans le projet du RN qu'il défend figure également la privatisation de l'audiovisuel public français[3]. Sa popularité s'appuie notamment sur ses passages sur CNews, chaîne très regardée dans les communes rurales où il fait campagne, selon ses propres dires[5].
À l'issue du premier tour, il arrive en première position, avec 43,15 % des voix. Qualifié également pour le second tour, Loïc Kervran arrive deuxième[20].
StreetPress révèle à cette occasion que sa suppléante dans le binôme de candidature, Julie Apricena, a posé quelques années auparavant avec un t-shirt portant un slogan suprémaciste blanc, entourée de skinheads néonazis[21]; l'information est reprise par Mediapart. Elle se défend en affirmant qu'elle « [avait] 16 ans [et] pas connaissance de la portée politique de ce symbole »[22]. Pierre Gentillet la défend, déclarant qu'« on peut tous faire des erreurs, surtout quand on est jeune »[4].
Au terme du second tour, il ne parvient pas à être élu député, recueillant 47,25% des suffrages ; Loïc Kervran est réélu député. Pierre Gentillet se félicite malgré tout de l'augmentation du nombre de députés du RN à l'échelle nationale et déclare viser la victoire « la prochaine fois »[23].
En septembre 2013, alors qu'il est président des jeunes du mouvement de la Droite populaire, il provoque une polémique après la publication de tweets jugés antisémites sur les prénoms donnés par Vincent Peillon à ses enfants. Il est accusé par Le Monde de « [jeter] en pâture les prénoms juifs des quatre enfants de l’ancien ministre »[4]. Il est défendu par le député UMP Thierry Mariani, qui assure qu'« il n'est absolument pas raciste »[24], mais cette controverse donne naissance à sa popularité. Moins d'un mois après, il publie un autre post sur les Arabes, lui aussi critiqué[6].
En janvier 2015, Pierre Gentillet, ainsi que d'autres jeunes militants UMP, passe le réveillon avec les jeunes militants du Front national — dont Jordan Bardella, ce qui crée une polémique au sein de son parti. Le porte-parole Sébastien Huyghe assure cependant qu'il s'agit d'une « maladresse de jeunesse » qui n'invalide pas la règle de non-alliance avec le FN au sein du parti[6]. De son côté, Pierre Gentillet assure qu'il s'agit d'un « non-événement » et qu'il y avait à cette soirée « des gens du Front, des UMP, une militante féministe de gauche et des gens pas politisés ». La présence du vice-président du FN, Florian Philippot, suscite néanmoins des interrogations sur une éventuelle « connotation politique » de l'événement[25], si bien que le président du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis demande à Nicolas Sarkozy de sanctionner les membres de l'UMP présents à cette fête[7].
En 2022, lors de l'une de ses interventions à la télévision, il explique vouloir « mettre au pas le Conseil constitutionnel » pour réformer la politique française en matière d'immigration[26] et parle de « mettre la politique au-dessus du juridique », en accusant le Conseil constitutionnel de faire de la politique et d'interpréter la Constitution de façon partiale. Ses propos font polémique, notamment sur les réseaux sociaux[2],[27].
En juin 2024, lors de sa candidature aux élections législatives, l'un de ses anciens tweets est republié par un média en ligne LGBT. Dans ce post de 2016, il place au même niveau une action de blasphème des Femen et un « appel à la haine homophobe »[2],[8].
Pierre Gentillet est le président-fondateur du cercle Pouchkine, créé en 2015 et aujourd'hui disparu, une antenne de l'organisation d'influence pro-Kremlin Dialogue franco-russe, qui se revendique comme « une plate-forme de discussion, de réflexion (…) autour du rapprochement franco-russe »[4]. Il fait partie de ses « piliers »[27],[28],[29]. Il y côtoie notamment Xavier Moreau et Gaëtan Dussausaye[30], ainsi que des militants antisémites d'extrême droite et le chef du poste de renseignement militaire russe à Paris. Il est également membre du bureau du Dialogue franco-russe[à vérifier][18], qu'il rejoint en 2015[31].
Il réalise trois voyages en Russie, aux côtés de Thierry Mariani, homme politique connu pour sa proximité avec le régime russe. Pierre Gentillet est d'ailleurs son assistant parlementaire pendant une courte période[4]. En 2015, ils se rendent, avec plusieurs autres députés de droite et d'extrême droite, en Crimée occupée, un an seulement après son annexion illégale par la Russie, en février-mars 2014. À son retour, il prend position dans une tribune où il justifie le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie, affirmant que le territoire est « russe sur le plan ethnique, linguistique, culturel et historique »[9].
Après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, le , Pierre Gentillet la dénonce mais conserve des positions qualifiées de « complaisantes avec la Russie », estimant notamment qu'elle est « préventive »[22]. Il appelle notamment à la levée des sanctions contre la Russie, un « élément de langage » commun au sein du Rassemblement national, selon une enquête du Washington Post consacrée aux liens entre ce parti et la Russie[9]. Il remet également en cause la responsabilité des forces armées russes dans le massacre de Boutcha[18],[28]. Tout au long du conflit, il relaie « les succès électoraux du chef du Kremlin ou l’avancée des forces russes en Ukraine »[4]. Pierre Gentillet minimise la propagande russe en France, jugeant que les Français sont « bien moins intoxiqués par la propagande russe qu'occidentale »[22]. En 2024, il qualifie la Russie d'« « alliée » face à la menace islamique »[26].
Selon un de ses proches, Gabriel Melaïmi, membre comme lui de la branche souverainiste de l'UMP, Pierre Gentillet « a toujours eu un profil très russophile »[9]. Il est décrit comme « pro-Russe » par L'Express[6]. Selon ses propres dires, il voit la Russie comme « un partenaire pour lutter contre l’État islamique », mais affirme n'avoir « aucun lien direct » avec le pays[9]. Il refuse la qualification de « poutinolâtre » et se défend d'avoir des « liens d'intérêts » avec la Russie, parlant de « convergences » dans ses opinions. Il met en avant une « tradition gaulliste »[5].
Ses déclarations et sa proximité avec la Russie lui valent d'être surveillé par les services de renseignement[32].