Perles de différentes couleurs et tailles
Collier de perles

Une perle est une concrétion calcaire, généralement de couleur blanche, fabriquée par certains mollusques bivalves (principalement les huîtres perlières). Quand un objet irritant passe à l'intérieur de la coquille, l'animal réagit en entourant l'objet d'une couche de carbonate de calcium CaCO3 sous la forme d'aragonite ou de calcite. Ce mélange est appelé nacre.

Autrefois obtenues par le hasard ou cueillies par des professionnels dans le Golfe persique[1], les perles font au début du XXIe siècle l'objet d'une culture qui a été mise au point par les Japonais du début du XXe siècle aux années 1970. Depuis, le secret de leur technique s'est répandu dans tous les archipels de l'océan Pacifique, et la Polynésie française en est le principal producteur en 2010. En Afrique, les perles traditionnelles, essentielles dans l'habillement[2], sont diversifiées et côtoient les perles modernes. Au Ve siècle de notre ère, lorsque les royaumes et dynasties africains émergeaient, les Rois, les Reines, les princes et les notables s'ornaient de perles d'or ou d'argent, sans oublier des perles traditionnelles en pierre, appelées en Afrique de l'ouest Dzonu ou encore Donou.

Biochimie

Microscopie électronique d'une couche de nacre en coupe
Schéma des couches de nacre, les lames d'aragonites sont liées par un substrat de biopolymères (conchyoline)

La nacre est un carbonate de calcium cristallisé sous forme orthorhombique (maille parallélépipédique) formant des cristaux d'aragonite. Ces cristaux se forment sur un substrat de protéines et de sucres complexes (4-6 %) qui lui confère une grande solidité. Il s'agit, de fait, d'une bio-minéralisation, qui peut servir de mécanisme de défense vis-à-vis de l'intrusion d'un corps étranger[3].

La qualité esthétique de la perle dépend de l'épaisseur de la nacre (plus importante lorsque la perle est naturelle) mais aussi de la régularité de la cristallisation. Sa coloration est multifactorielle (par ex. espèce du mollusque, nutrition de l’huître, composition chimique des minéraux dissous dans l'eau environnante...).

Histoire de la perle

Durant la préhistoire, « plusieurs tombes du Paléolithique ont livré chacune des centaines (voire des milliers) de perles et/ou de coquillages apparemment cousus à même les vêtements. Les exemples les plus connus sont ceux de La Madeleine (Dordogne), de Grimaldi (Italie) et de Sungir (Russie). Ce dernier site, un campement de plein air dans la steppe russe daté d'environ 32 000 ans, abritait la tombe d'un adulte et, séparée de lui, celle de deux enfants inhumés ensemble[4]. Des milliers de perles ornaient les habits des trois individus. »[5]

Une perle connue a été découverte dans les fouilles d'Oumm al Qaïwaïn par la mission archéologique française aux Émirats arabes unis[6]. Elle se trouvait dans une tombe collective, collée au crâne d'un défunt dont le corps avait été déplacé lors d'inhumations ultérieures. Des datations au carbone 14 datent le niveau de 5500 env. av. J.-C.[7] La présence de perles en contexte funéraire était déjà attestée dans la région du golfe Persique et de l'océan Indien[8], mais jamais avant le Ve millénaire. À cette époque, les perles étaient généralement posées sur la lèvre supérieure du mort ; au IVe millénaire, elles étaient plutôt placées dans sa main[9].

Article détaillé : Pêche à la perle.

Joaillerie

Schéma de coupe d'une perle montrant la différence structurelle entre une perle fine et une perle de culture

Les perles sont utilisées pour confectionner des bijoux depuis l'Antiquité ; elles étaient appelées les larmes d'Aphrodite. Les familles romaines qui en avaient les moyens, achetaient à leurs filles une ou deux perles chaque année, afin qu'elles aient un collier complet à leur majorité. Le CIBJO reconnait quatre catégories de perles : les perles naturelles (très rares), les perles de culture, les perles composées, les perles d'imitation. À cela s'ajoutent les deux catégories d'eau douce ou d'eau de mer.

La valeur des perles est déterminée par leur forme (symétrie), leur brillance, leur taille, leur couleur et leur poids.

Les perles sont divisées en huit formes de base : rondes, semi-rondes, bouton, goutte, ovale, poire, baroque, baguée.

La brillance (ou lustre de la perle) est le plus important des critères pour juger de la qualité d'une perle, surtout pour les joailliers ; mais plus la perle est grosse, plus elle se vend cher. Les grosses perles parfaitement rondes sont très rares, et très recherchées pour des colliers à plusieurs rangs.

L'épaisseur de la nacre est un critère déterminant la qualité d'une perle. La nacre peut être considérée comme l'essence de la perle, car elle va lui apporter son lustre, sa teinte et sa durabilité. Une nacre épaisse permet à la perle de conserver durablement sa teinte et son apparence, contrairement à la nacre fine qui, même si elle peut être très belle, résistera moins aux altérations du temps.

La taille des perles dépend fortement de l'espèce produisant la perle. Pour les perles de Tahiti, le gouvernement de Polynésie Française avait fixé l'épaisseur minimale à 0,8 millimètre de nacre. On ne permettait à aucune perle de Tahiti dont la nacre n'entrait pas dans cette norme d'être commercialisée. Cette interdiction n'est pas reconduite dans la loi du Pays no 2017‐16 du 18 juillet 2017[10].

Évaluation des perles

La description complète d'une perle doit indiquer forme, qualité de surface, taille en mm et couleur (éventuellement la rareté de la combinaison).

Par exemple dans l'ordre cité : R A 10 VA25 (e)
signifie : ronde, qualité A, diamètre 10 mm, couleur vert aubergine moyen-clair, (pièce exceptionnelle)

Les formes

La brillance

Appelé lustre, c'est le reflet brillant à la surface de la perle. Il est dû à la diffraction successive de la lumière à travers les différentes couches de nacre.

Les perles ayant des couches de nacre épaisses ont généralement un plus beau lustre que celles ayant des couches plus fines. L'épaisseur des couches successive de nacre n'est cependant pas le seul facteur donnant un beau lustre ; la translucidité et l'arrangement des plaques de nacre ont même une plus grande influence.

Une croissance rapide exerce une influence négative sur le lustre, car plus la nacre est produite rapidement - par exemple en eau chaude -, moins elle est translucide. Les perles de mer ont en général un meilleur lustre que les perles d'eau douce.

Le GIA considère 4 catégories de lustre :

Un lustre de grade excellent donnera une perle très brillante. La surface de la perle agit comme un miroir, elle reflète distinctement les objets. Plus le lustre est faible, moins la perle a de pouvoir de réflexion.

De façon générale, les perles d'Akoya présentent le plus beau lustre. Elles sont d'ailleurs cultivées en eau froide.

Certaines perles n'ont pas d'effet-miroir mais présentent néanmoins un lustre de très bon niveau avec un effet plus doux, comme satiné.

Le lustre est rarement si ce n'est jamais indiqué dans la description d'une perle.

Catégorisation standard

La classification n'est valable qu'avec une analyse perle par perle. Pour l'évaluation d'un bijou composé de plusieurs perles comme les bracelets ou les colliers la classification se fait selon la majorité des perles. Dans un collier complet, certaines perles peuvent donc être de rang inférieur.

Système ABCD (système de Tahiti) Cette norme est en usage en Polynésie Française, soutenue par des textes législatifs et donc très utilisée pour les perles de Tahiti.

Il est possible de donner plus de précision en notant un "+" pour les meilleurs de chaque catégorie.

Par un arrêté daté du 31 juillet 2017[11], le gouvernement de Polynésie Française introduit une catégorie supplémentaire, la catégorie E, correspondant aux perles ne remplissant pas les critères des qualités A à D.

Système AAA-A Un standard très utilisé est celui du Gemological Institute of America (GIA). Cet institut sous forme associative regroupe un ensemble d'experts en gemmologie. Évalue les perles selon des critères de formes, lustre, surface etc. Ce système est utilisé pour les perles d'eau douce, les perles d'Akoya et souvent aussi pour les perles des mers du Sud et de Tahiti.

Il est courant de voir un tableau analogique entre les deux systèmes, assimilant la catégorie AAA à la catégorie A de Tahiti pour les plus belles perles et la catégorie A du GIA avec D de Tahiti. Cette correspondance n'est qu'approximative et indicative car les deux systèmes n'ont pas les mêmes critères de références. Celui du GIA est plus global mais aussi plus sélectif car multi-factoriel, et celui de Tahiti est plus précis car ne mesurant qu'un seul paramètre.

La taille

Pour l'usage en joaillerie, on considère une tolérance de 0,5 mm comme non significative. c'est-à-dire que par exemple pour un collier dit composé de perles de 7,0 mm, celles-ci auront en réalité un diamètre pouvant varier de 6,75 à 7,25 mm. Les plus petites perles de la série sont placées près du fermoir. Le collier est cependant considéré comme composé de perles uniformes.

La taille est indiquée par le diamètre donné en fractions de mm. Les perles d'un diamètre inférieur à 10 mm nécessitent une précision à 0,25 mm ; celles d'un diamètre supérieur à 10 mm sont données à 0,1 mm près. Pour les semi-baroques, les mesures indiquent le diamètre et la longueur. Il est rare en joaillerie d'utiliser des perles d'un diamètre inférieur à 7,5 mm. Les perles les plus courantes ont un diamètre tournant autour de 7 à 7,5 mm. Les dimensions supérieures à 12 mm sont très rares et ont donc beaucoup de valeur, et au-dessus de 14 mm ce sont des pièces exceptionnelles.

Le diamètre des perles de Tahiti va de 7,5 à 16 et jusqu'à 18 mm. Le diamètre de celles des mers du sud va de 9 à 18 mm et jusqu'à 20 mm (la plus grosse Tahiti connue a un diamètre de 25 mm). Les perles d'Akoya ne dépassent pas les 10 mm, ce qui est d'ailleurs excessivement rare. Les perles d'eau douce atteignent plus facilement ce diamètre.

Il faut 2 à 3 ans pour obtenir une perle de calibre moyen, et jusqu'à 5 ans pour les plus gros calibres.

Un usage encore répandu est de mesurer la taille pour les perles de culture alors que pour les perles naturelles on mesure la masse en g. Ceci parce que la nature du nucléus influe évidemment sur la masse, et ce critère est donc moins significatif pour la taille des perles de cultures.

La nouvelle norme du Cibjo préconise le millimètre et le gramme mais accepte certaines unités traditionnelles utilisées pour chiffrer la masse des perles (improprement généralement nommé "le poids"). Ces unités traditionnelles varient selon les régions du monde et les sortes de perles.

Les perles naturelles sont pesées en carats, en grains ; un grain de joaillier vaut 0,05 gramme (avant la Révolution française, 0,053 gramme). Il y a 75 grains dans un momme (3,75 grammes). D'autres unités sont parfois utilisées mais de plus en plus rarement : liang (500 g), methgal (4,5 g), chaw (conversion de poids en volume selon la formule (c)² × 0,6518 ; c = poids en carats).

Pour la masse des perles de cultures, il est parfois utilisé le carat, le momme, le kan, le liang.

1 carat = 4 grains = 200 mg = 0,2 g

1 grain = 0,25 carat = 50 mg = 0,05 g

1 momme = 18,75 carats = 3 750 mg = 3,75 g

Le momme

Le momme est une mesure de poids utilisée traditionnellement au Japon. De nos jours, la majorité des commerçants en perles de culture, dans leurs dialogues avec les producteurs et grossistes, préfèrent toujours le momme comme unité standard de mesure pour les perles à l'unité et au fil. Un momme correspond à 1/1000 kan.
En 1891, se refusant à abandonner cette tradition, le gouvernement japonais a formalisé le kan comme étant exactement 3,75 kilogrammes (8,28 livres). D'où 1 momme = 3,75 grammes.

Aux États-Unis, pendant les XIXe et XXe siècles, le commerce de la soie avec le Japon en est venu à utiliser le momme comme une unité indiquant la qualité du tissu de soie.

La couleur

Les perles sont souvent blanches, parfois avec une teinte crème ou rose, mais peuvent aussi présenter une teinte argent, champagne, pêche, jaune, vert, bleu, marron, noir. Les perles noires sont très chères car très rares. Leur production augmente toutefois sensiblement, notamment en Polynésie.

Trois caractéristiques donnent sa couleur à la perle :

Une perle noire
Chaque zone de culture peut présenter son propre nuancier. Par exemple, les 12 couleurs admises pour les perles de Tahiti (nuancier Poema) sont : aubergine (A), bleu aubergine (BA), bleu (B), bleu-vert dit aussi aile de mouche (BV), vert (V), vert aubergine (VA), vert azur (VZ), vert tilleul (VT), gris (G), gris aubergine (GA), gris bleu (GB), gris vert (GV). Chaque couleur pouvant être foncée (100 à 75), moyenne (50 à 25) ou claire (00), ce qui donne un total de 60 teintes de base. Certaines perles, surtout dans les formes semi-baroques et baroques, peuvent présenter plusieurs teintes associées ; par exemple aubergine + bleu vert (ABV), ou aubergine + bleu vert + vert tilleul (ABVVT).

On parle d'orient profond lorsque ces couches sont très transparentes et qu'il semble y avoir une couche translucide entre le corps de la perle et la surface de contact. Les perles doivent leur brillance iridescente (proche de l'arc-en-ciel) à la réflexion et à la réfraction de la lumière dans les couches superficielles translucides de nacre. L'orient est d'autant plus fin que les couches sont plus fines et nombreuses[12].

Certains joailliers indiquent la rareté de la couleur avec une lettre entre parenthèses : (c) pour classique, (r) pour rare, (e) pour exceptionnel.

Types de perles

Le terme « perles naturelles » (ou perles fines) ou sauvage doit être utilisé exclusivement pour les perles produites par les mollusques sans intervention humaine. Elles sont donc assez rare. Les perles de cultures sont celles produites par une opération humaine d'implantation d'un nucléus. Bien que cet usage ne soit pas recommandé, le mot « perle » utilisé sans autre qualificatif doit être entendu uniquement comme « perle naturelle ». Le terme « perle orientale » est admis uniquement pour désigner toute perle naturelle d'eau salée. En 2013, 95 % des perles du marché sont produites en eau douce en Chine.

Le Cibjo dresse la liste des termes commerciaux à éviter et préconise de désigner les perles naturelles et cultivées par le nom biologique du mollusque qui les produit ou par le nom de la zone géographique de production répertorié par le Cibjo. Il définit 69 espèces et sous-espèces de mollusques d'eau salée et d'eau douce susceptibles de produire des perles. Les plus communs sont :

Perles de Biwa : Désigne souvent abusivement toutes perles cultivées au Japon et croissant dans une moule d'eau douce. Le nom devrait être réservé aux perles du lac Biwa, au Japon.

Traitements

Pour les rendre plus brillantes ou pour en changer la couleur, les perles peuvent subir des traitements mécaniques, chimiques, thermiques, ioniques.

Le nettoyage, le polissage, et le pelage sont seuls autorisés sans obligation de le mentionner sur l'article.

Les autres traitements comme le blanchiment chimique, la teinture, le lustrage, le chauffage, l'irradiation, le huilage, le cirage, etc. doivent obligatoirement être signalés à l'acheteur, mais ce n'est pas toujours le cas de la part des revendeurs peu scrupuleux ; en effet les perles ainsi traitées ont une valeur moindre que les perles naturellement brillantes et colorées.

Entretien des perles de culture

Afin de garder leur éclat les perles de culture doivent être entretenues avec grand soin. Elles doivent être tenues à l'écart du maquillage ainsi que du parfum et de la transpiration qui attaquent les couches de nacre. Vous pouvez pour les entretenir les passer sous l’eau sans risque de les abimer puis les essuyer délicatement avec un chiffon doux idéalement une peau de chamois qui lui rend son lustre originel. Les perles doivent évidemment être rangées à part des autres bijoux et autres pierres (diamants, gemmes...)afin d'éviter les rayures[13].Pensez à les porter régulièrement également car cela aide à conserver leur éclat.

Culture des perles

Article détaillé : Perliculture.

Perles notables

Au cinéma

Notes et références

  1. Catherine Saliou, Le Proche-Orient : De Pompée à Muhammad, Ier s. av. J.-C. - VIIe s. apr. J.-C., Belin, coll. « Mondes anciens », , 608 p. (ISBN 978-2-7011-9286-4, présentation en ligne), chap. 2 (« Économies locales, économies mondiales »), p. 124.
  2. « Perles de troc en vers - perle - Bijoux Africains », sur www.art-afrique-dogon.fr
  3. Milet C, Les perles, de l'huître au bijou, Pour la Science, 2007, janvier 2008, p. 60-64
  4. N. O. Bader et Y. A. Lavrushin, "Upper Palaeolithic site Sungir (graves and environment)", Scientific World Moscow, 1998.
  5. Gwenn Rigal, Le temps sacré des cavernes, José Corti, 2016, p. 86-87.
  6. V. Charpentier, C. S. Phillips et S. Méry, « Pearl Fishing in the Ancient world: 7500 BP », Arabian archaeology and Epigraphy, no 23,‎ , p.1-6.
  7. « Une perle fine de 7 500 ans découverte », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  8. cf. carte, Charpentier, Phillips et Méry 2012, p. 2.
  9. Charpentier, Phillips et Méry 2012, p. 5.
  10. http://www.ressources-marines.gov.pf/wp-content/uploads/sites/24/2017/10/Loi-du-Pays-n%C2%B0-2017-16-du-18_07_2017-Activit%C3%A9s-professionnelles-perli.pdf
  11. http://www.ressources-marines.gov.pf/wp-content/uploads/sites/24/2017/10/Arr%C3%AAt%C3%A9-n%C2%B0-1258-CM-du-31_07_2017-Crit%C3%A8res-de-classification-de-la-PCT.pdf
  12. Origine physique de l'orient
  13. « Perles de culture 2 espèces - Perles boutique », (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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