Pannonie
Provincia Pannonia
Province de l'Empire romain

20 ap. J.-C. – 107 ap. J.-C.

Description de cette image, également commentée ci-après
La Pannonie (alors déjà divisée par Trajan) en couleur sombre parmi les provinces romaines en 116.
Informations générales
Capitale Carnuntum[1], Sirmium[2], Savaria[3], Aquincum[4], Poetovio[5] ou Vindobona[6]
Histoire et événements
20 ap. J.-C. Création
107 ap. J.-C. Entre les années 102 et 107, Trajan a divisé la Pannonie en Pannonia Supérieure (partie occidentale avec la capitale Carnuntum) et en Pannonie inférieure (partie orientale avec les capitales Aquincum et Sirmium)

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Aujourd'hui, une partie de :
Drapeau de la Hongrie Hongrie
Drapeau de la Slovaquie Slovaquie
Drapeau de l'Autriche Autriche
Drapeau de la Serbie Serbie
Drapeau de la Croatie Croatie
Drapeau de la Bosnie-Herzégovine Bosnie-Herzégovine
Drapeau de la Slovénie Slovénie

La Pannonie (en latin Pannonia) est une ancienne région de l'Europe centrale, limitée au nord par le Danube et située à cheval sur les actuelles Autriche, Hongrie, Slovénie, Croatie, nord-ouest de la Serbie et nord de la Bosnie-Herzégovine.

Les habitants les plus anciennement identifiés sont les Pannoniens, peuple indo-européen apparenté aux Illyriens et aux Vénètes, auxquels se joignent des Celtes et des Boïens au IVe siècle av. J.-C.

Aujourd'hui, l'université de Veszprém en Hongrie est appelée « université de Pannonie ».

Préhistoire et protohistoire

La préhistoire centre-européenne est riche d'hypothèses dans la région de la Plaine de Pannonie.

Conquête romaine et organisation de la Pannonie

En -35, la Pannonie est envahie par les troupes d'Octave (qui ne porte pas encore le titre d’Auguste). Selon Suétone, Octave est blessé deux fois pendant cette campagne. La lutte de pouvoir contre Marc Antoine accapare ensuite Octave.

Entre -12 et -9, les Romains commandés par Tibère reprennent la conquête de l'Illyrie. Tibère doit intervenir à nouveau entre les années 6 et 9 apr. J.-C. pour réduire une révolte de l’Illyrie au cours d’une guerre difficile, engageant pas moins de 15 légions et autant d’auxiliaires, soit un effectif considérable compris entre 150 000 et 180 000 soldats. Après sa victoire, l’Illyrie est divisée en Dalmatie et en Pannonie ; la Pannonie est organisée en province impériale gouvernée par un légat, à la tête de trois légions.

En 14, à l’avènement de leur ancien général Tibère, les légions de Pannonie et de Germanie se révoltent et exigent une solde égale à celle des prétoriens en poste à Rome. La discipline est rapidement rétablie par Drusus[7], le fils du nouvel empereur, qui réorganise également la province et lance la construction de nouvelles voies de communication.

Drusus commence l’occupation de la région au nord de la rivière Drave, fondant entre 18 et 20 quelques forts romains à AquincumBudapest-Óbuda), Arrabona (hu) (Győr), Brigetio (hu), Gorsium (hu)[8], Lussonium (hu) (Dunakömlőd (hu)), Bononia (Banoštor) et Teutoburgium (Dalj).

Tacite rapporte également qu’en 50 apr. J.-C., sous le règne de l’empereur Claude, Vannius (en), roi des Quades, est évincé par ses propres sujets qui demandent l'aide à la fois du roi des Hermundures, un certain Vibilius, et des Lugiens. Claude, préoccupé par ces événements mais refusant d'intervenir directement dans le conflit, ordonne au gouverneur de Pannonie, Palpiellus Istrus, « d'occuper la rive du Danube avec sa légion et des auxiliaires choisis dans le pays même » afin de garantir la protection de la faction vaincue et de dissuader les barbares victorieux d'envahir la province romaine[9]. La légion concernée était la XV Apollinaris, et la nouvelle forteresse dans laquelle elle est installée est celle de Carnuntum (Bad Deutsch-Altenburg, Autriche). Par la suite, les fils de la sœur de Vannius, Vangion et Sidon, divisent entre eux le grand royaume des Suèves (Quades et Marcomans), mais maintiennent leur loyauté absolue envers Rome, et un conflit est évité.

« Là commence la Pannonie, féconde en glands ; les sommets décroissants des Alpes vont, par le milieu de l'Illyrie, du nord au midi, s'abaissant, par une douce pente, à droite et à gauche. La partie qui regarde la mer Adriatique forme la Dalmatie et l'Illyrie, de laquelle il a déjà été parlé. La Pannonie s'étend vers le nord, où elle a pour limite le Danube. Elle renferme les colonies Aemona (actuelle Ljubljana) et Siscia ; des rivières renommées et navigables se jettent dans le Danube : la Drave, qui arrive de la Noricie avec impétuosité ; la Save, qui descend plus tranquillement des Alpes Carniennes, à 120 000 pas l'une de l'autre : la Drave, traversant les Serrètes, les Serrapilles, les Iases, les Andizètes ; la Save, traversant les Colapians et les Breuques.

Ce sont là les peuples principaux ; on y trouve en outre les Arivates, les Azales, les Amantes, les Belgites, les Catares, les Cornacates, les Eravisces, les Hercuniates, les Latoviques, les Osériates, les Varcians ; le mont Claudius, au-devant les Scordisques, en arrière les Taurisques, dans la Save l'île Métubarris, la plus grande des îles fluviales ; de plus, d'autres rivières dignes d'être citées : le Colapis, qui se jette dans la Save auprès de Siscia, et qui, par un double lit, y forme l'île appelée Segestica ; le Bacuntius, qui se jette aussi dans la Save à Sirmium, au territoire des Sirmiens et des Amantins ; de là, à 45 000 pas, Taurunum, où la Save se joint au Danube, au-dessus de ce confluent ceux du Valdasus et de l'Urpanus, rivières qui, elles-mêmes, ne sont pas sans quelque renom. »

— Pline l'Ancien (23-79), Histoire naturelle (77), Livre III, ch. XXVIII.

En 69, l’armée du Danube se soulève de nouveau, mais pour des raisons politiques : à Rome, les prétoriens viennent d’assassiner l’empereur légitime Galba, l'« armée du Rhin » a imposé Vitellius ; l’armée du Danube se rallie à Vespasien, et apporte une contribution décisive à son accession au titre d’empereur.

Vespasien se souvint de l’importance des provinces danubiennes et fonda plusieurs colonies de vétérans en Pannonie : Sirmium et Siscia. L’armée devient un facteur de romanisation des populations locales et, en tant que gros consommateur, un moteur de l'activité artisanale et commerciale. Les indigènes engagés dans les unités romaines acquièrent la citoyenneté et prennent le nom de famille de l’empereur régnant, ce qui expliquerait la présence des Flavius tel que Flavius Constance Chlore, des Valérius, des Aurelius. La Pannonie devient un carrefour des liaisons militaires et commerciales sur les axes RhinBalkans et Italie – Balkans, et de la route commerciale vers la Baltique. Deux routes importantes traversent d’ouest en est la Pannonie :

Ces deux voies se réunissent à Mursa et se poursuivent par Sirmium vers la Mésie.

Vers 105 apr. J.-C., Trajan divise la province en Pannonie supérieure à l’ouest et Pannonie inférieure à l’est. Ces qualificatifs ne sont pas seulement déterminés par le sens du cours du Danube, mais aussi par l'éloignement par rapport à Rome en suivant les itinéraires routiers : le voyageur venant d'Italie rencontre d'abord la Pannonie supérieure, puis la Pannonie inférieure. Les villes principales de Pannonie supérieure étaient :

Celles de Pannonie inférieure étaient :

Rôle de la Pannonie dans l’Empire romain

À la fin du IIe siècle, la Pannonie prend une importance stratégique majeure pour les communications entre l’ouest et l’est de l’Empire romain, qu’il s’agisse de repousser les envahisseurs germaniques et autres qui ont franchi le Danube ou d’aller affronter un compétiteur au titre d’Empereur.

La réorganisation de l’Empire

Le Dalmate Dioclétien arrive au pouvoir en 284 et met fin aux usurpations en série en instaurant le système de la tétrarchie. Le Pannonien Maximien est associé au pouvoir en 285. Les tétrarques réorganisent les provinces pour en améliorer l’administration et la défense :

La Pannonie, considérée dans son ensemble, conserve son importance dans les luttes de pouvoir pour l’Empire, grâce à la puissance de l’armée d’Illyrie.

Au milieu du IVe siècle, la Pannonie inférieure est également impliquée dans le conflit religieux entre chalcédoniens et ariens :

De la Pannonie romaine au royaume de Hongrie

En 387, les Sarmates s’emparent de la Pannonie, d’où ils menacent l’Italie à partir de 392.

En 388, Théodose Ier bat Maxime à Siscia sur la Save, et le capture à Aquilée.

En 395, l’ultime division de l’Empire romain attribue la Pannonie à l’Empire romain d'Occident. En pratique, les Romains ne dominent plus que la rive danubienne fortifiée et quelques îlots de ce territoire, où les germaniques se sont installés en foederati et continuent d’affluer. À partir de 400, les Wisigoths d’Alaric y passent en route vers l’Italie. Autour de 440, les autorités romaines évacuent les dernières villes menacées par les Huns. La Pannonie se trouve englobée dans l’éphémère empire d’Attila, d’où il lance ses raids sur l’empire d’Orient, puis d’Occident. Les Romans pannoniens civils collaborent, tel Flavius Oreste, secrétaire d’Attila.

Après la mort du roi des Huns Attila, en 453, la Pannonie est gouvernée successivement par les Ostrogoths, les Gépides puis les Lombards au début des années 500. Ils s’agglomèrent avec les débris de divers peuples (Sarmates, Hérules, Ruges, Suèves, etc.). Leur roi Waccho (vers 510-540) entretient de bons rapports avec l'Empire romain d'Orient, qui a repris la Dalmatie et bataille pour la reconquête de l’Italie. En 568, les Lombards et leurs alliés quittent la Pannonie pour l’Italie tandis que les premiers Slaves commencent à arriver. La romanisation de la Pannonie est alors déjà effacée sauf dans quelques massifs montagneux limitrophes de la Dalmatie, comme le Romanija Planina ou le Stari Vlah.

Le pays est ensuite gouverné par les Avars, qui occupent le bassin du Danube et s’emparent de Sirmium en 582. Leur présence coupe durablement la route commerciale entre la mer Adriatique et mer Baltique. Leur royaume fut plus solide et plus durable que celui des Huns ; il menaça l’empire d’Orient, puis se heurta à l’expansion vers l’est des Francs au milieu du VIIe siècle. En 811, les Avars sont soumis par Charlemagne à l’ouest du Danube, et par les Bulgares à l'est. Au milieu se constitue la principauté du Balaton, état slave lié à la Grande Moravie et aux Carolingiens.

Les Slaves méridionaux de Ljudevit Posavski expulsent les Francs au IXe siècle, tandis que les Hongrois s’installent en 901.

Ainsi l'histoire de la Pannonie s’achève et celles de la Hongrie et des pays slaves voisins commencent.

Élargissement sémantique moderne

Depuis le XIXe siècle, les géographes et les historiens hongrois utilisent de plus en plus les qualificatifs « pannonien » ou « de Pannonie » pour désigner, non seulement la Pannonie antique et ses territoires situés sur la rive droite du Danube, mais ce que les hydrographes appellent le « bassin du moyen-Danube » sur les deux rives du fleuve, aire géographique qui correspond à la « Hongrie historique » (történelmi Magyarország) dans son étendue médiévale (jusqu'en 1526) et austro-hongroise (jusqu'en 1918), ainsi que tout ce qui s'y rapporte (géologie, paléogéographie, formes de relief, cours d'eau, biodiversité, peuplement, traditions, patrimoine)[10], allant parfois jusqu'à baptiser « royaume de Pannonie » la partie la plus occidentale de l'empire hunnique, définie par eux comme un « État précurseur » de la Hongrie[11].

Références

  1. Vienna, Anthony Haywood, Caroline (CON) Sieg, Lonely Planet Vienna, 2010, page 21.
  2. The third book of history: containing ancient history in connection with ancient geography (Troisième livre d’histoire: contenant l’histoire ancienne en relation avec la géographie ancienne), Samuel Griswold Goodrich, Jenks, Palmer, 1835, page 111.
  3. The Archaeology of Roman Pannonia (L'archéologie de la Pannonie romaine), Alfonz Lengyel, George T. Radan, University Press of Kentucky, 1980, page 247.
  4. People and nature in historical perspective (Les hommes et la nature dans une perspective historique), Péter Szabó, Central European University Press, 2003, page 144.
  5. Historical outlook: a journal for readers, students and teachers of history (Perspectives historiques: une revue pour lecteurs, étudiants et professeurs d’histoire), Том 9, American Historical Association, National Board for Historical Service, National Council for the Social Studies, McKinley Publishing Company, 1918, page 194.
  6. THE COTTAGE CYCLOPEDIA OF HISTORY AND BIOGRAPHY, ED.M.PIERCE, 1869, page 915.
  7. Tacite, Annales, I, XVI à LII. Lire et lire (2).
  8. voir la page sur Gorsium sur le wikipedia hongrois.
  9. Tacite, Annales, XII, 29.
  10. Antal Sándor, Magyarország szerkezeti és regionális földtana (« Structure territoriale et régions de la Hongrie »), ed.: Műszaki, Budapest 1985, (ISBN 963-10-6607-X)
  11. Sur la base de cartes comme celles de William R. Shepherd, Historical Atlas (qui contient beaucoup d'approximations reproduites à l'infini grâce aux technologies actuelles), ed. Henry Holt & Company, New York 1911.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes