Marcel Mouloudji naît en 1922 à Paris, d'un père maçon et d'une mère aide-ménagère[2]. Son père, Saïd Mouloudji, est né en 1896 en Algérie française dans le village kabyle de Leflaye (tribu d'Aït Waghlis, daïra de Sidi-Aïch), et sa mère, Eugénie Roux, est une Bretonne née à Paris en 1901[3]. La famille connaît de graves problèmes : alors que Marcel n'a que dix ans, sa mère est hospitalisée pour trouble psychique et son père, analphabète, logé dans une chambre de bonne, a du mal à élever ses deux fils dont l'aîné, André, est gravement malade et le second, un doux rêveur qui trouve à se loger au hasard des rencontres[4].
Durant son adolescence, Marcel s'inscrit avec son frère dans un mouvement de jeunesse de gauche, les Faucons rouges, proche de la SFIO, animé par des éducateurs issus de différents courants du monde ouvrier[5].
En 1935, il fait la connaissance de Sylvain Itkine, metteur en scène membre du Groupe Octobre, organisation affiliée à la Fédération des théâtres ouvriers de France. Marcel Maillot, directeur d'une colonie de vacances du Syndicat du livre, le pousse à chanter avec son frère. Il est bientôt remarqué par Jean-Louis Barrault, qui cherche un enfant pour un spectacle. Durant cette période, Marcel est ainsi hébergé par Jean-Louis Barrault, qui l'introduit dans le milieu artistique de Paris. Il y participe à la vie artistique associée au Front populaire en 1936.
Après la guerre, il devient une figure de la vie artistique de Saint-Germain-des-Prés. « C'est un de ces garçons qu'on regrette de ne pas voir plus souvent ; mais il fait tout ce qu'il fait avec un talent indiscutable et c'est pourquoi on hésite à le déranger : il travaille pour nous », écrit de lui Boris Vian dans le Manuel de Saint-Germain-des-Prés en 1950. Il participe au film Boule de Suif de Christian-Jaque en 1945 et tient le rôle d'un demi-fou dans le film Les Eaux troubles d´Henri Calef en 1949.
Il obtient son premier grand succès dans la chanson grâce à son interprétation de La Complainte des infidèles, extraite du film La Maison Bonnadieu de Carlo Rim (1951). La même année, au cabaret La Fontaine des Quatre-Saisons, il croise, sans le savoir, Barbara qui au terme de son audition ne reçoit qu'une place de plongeuse, la programmation de l'année étant déjà bouclée. Jacques Prévert indique : « Quand j’ai rencontré Mouloudji, c’était un enfant, un petit garçon. Il n’avait pas ce qu’il est convenu d’appeler une jolie voix, mais une voix vraie, vivante, troublante, drôle et parfois déchirante, c’était la sienne, la voix des rues, la voix du cœur, il a grandi mais il chante pareil. De là son charme. »[7]
En 1952, il tient un premier rôle, celui d'un jeune délinquant embrigadé dans la Résistance, dans le film d'André Cayatte, Nous sommes tous des assassins, un plaidoyer contre la peine de mort.
Jacques Canetti, agent artistique et patron du cabaret Les Trois Baudets, mène Mouloudji au succès dans la chanson. Il lui fait enregistrer Comme un p'tit coquelicot qui obtient le Grand Prix du disque 1953 et le prix Charles-Cros en 1952 et 1953. Même succès, en 1954, avec Un jour tu verras, chanson extraite du film à sketches Secrets d’alcôve (sketch Riviera express de Ralph Habib).
En 1955, Mouloudji tient le haut de l'affiche à l'Alhambra. Plutôt interprète, il commence à écrire de plus en plus ses propres textes à la fin des années 1950.
En 1958, il fait l'une de ses dernières apparitions au cinéma dans Rafles sur la ville de Pierre Chenal et dans un film hispano-suédois, Deux hommes sont arrivés (Llegaron dos hombres).
En 1980 après la sortie de l'album Inconnus Inconnues il donne d'innombrables concerts dans tout le pays, sans que les médias y fassent beaucoup écho. Puis, fatigué, il consacre plus de temps à l'écriture et à la peinture, ses anciennes amours[11]. En 1986, il se produit au tout nouveau Théâtre libertaire de Paris. En 1987, on le retrouve sur scène à l'Élysée Montmartre.
Il publie ses souvenirs de jeunesse dans Le Petit Invité aux éditions Balland en 1989 et dans La Fleur de l'âge aux éditions Grasset en 1991.
En 1992, une pleurésie lui enlève en partie sa voix. Cela ne l'empêche pas d'enregistrer un album qui ne verra pas le jour. Le , il chante dans la carrière de la Sablière à Châteaubriant (Loire-Atlantique), lieu de l'exécution de 27 otages communistes, dont Guy Môquet, le .
Il s'éteint le , alors qu'il avait encore des projets tels que la suite de ses mémoires, cinq ans après le premier volume (cette suite, Le Coquelicot, a été publiée à titre posthume en 1997 aux éditions de l'Archipel), et un nouvel album. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise[5],[12] (division 42) à Paris.
Louise Fouquet, dite Lola, est son épouse et son agent artistique de 1943 à 1969. Il a deux enfants, Grégory Mouloudji avec Lilia Lejpuner en 1960, et Annabelle Mouloudji (elle-même interprète de plusieurs chansons, dont Fuis, Lawrence d’Arabie durant les années 1980) avec Nicolle Tessier en 1967. La comédienne Liliane Patrick est sa dernière compagne[5].
Il existe un square Marcel-Mouloudji dans le 19e arrondissement de Paris, une rue Mouloudji dans le quartier de La Duchère à Lyon 9e (nom choisi par les habitants), une rue Marcel Mouloudji à Blagnac, une rue Mouloudji à Mèze, ainsi qu'une allée Mouloudji à Étaples, dans le Pas-de-Calais. Il y a aussi une école Marcel-Mouloudji à Suresnes, l'artiste ayant habité une maison dans cette commune une quinzaine d'années à la fin de sa vie ; il y avait composé la chanson En passant par Suresnes[13].
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2004, Un jour tu verras : deux CD remastérisés haute définition (Mercury/Universal)
2014. À l'occasion des 20 ans de sa disparition, en , ses enfants Annabelle et Grégory initient plusieurs hommages en disque :
En souvenir des souvenirs, Hommage à Mouloudji
album multi-artistes de reprises de chansons de Mouloudji : Louis Chedid chante Comme un p'tit coquelicot, Un jour, tu verras est repris par Annabelle Mouloudji en duo avec Alain Chamfort, Grégory Mouloudji dit le texte Je suis né à Paris. Figurent aussi Christian Olivier, Jil Caplan, Daphné, Melissmell, Baptiste W. Hamon, Frédéric Lo, Maud Lubëck.
Récital au Théâtre de la Renaissance
réédition du triple album en public enregistré en 1975 (Sony-BMG)
Mouloudji, cœur libre (2014)
13 CD, 300 chansons (dont 157 jamais éditées en CD et 5 inédits) reprenant les enregistrements Philips, BAM, Disc'AZ et productions Mouloudji (Universal/ Productions Mouloudji)
Marcel Mouloudji, Enrico, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », , 184 p.Réimpression par les éditions L'Arbalète, Décines (1955) et par les éditions Mouloudji (1978).
Marcel Mouloudji, Un Garçon sans importance, Paris, Gallimard, , 274 p..
Annabelle Mouloudji, Grégory Mouloudji, Laurent Balandras, Mouloudji, Athée ô grâce à Dieu !, éditions Didier Carpentier, 2014 (ISBN284167892X et 978-2841678921)
Vidéo VHS Secam Couleurs "Mouloudji Olympia 1975" Réalisateur : Rémy Grumbach Producteur : SFP Durée 52 min Gencod 3 297483 129329 Distribution France : SONY MUSIC pour Disques Déesse 11 Rue Lepic 75018 PARIS Référence DEE 31293-2