Actrice médiocre mais au physique avenant, elle abandonne le théâtre en 1702[3]. Sa sœur cadette, Mimi Dancourt, eut plus de chance et de talent sur les planches.
Armande Dancourt épouse le à Paris[4], paroisse de Saint-Sulpice, Jean-Louis-Guillaume de Fontaine (1666-1714), commissaire et contrôleur de la Marine et des Guerres au département des Flandres et de Picardie. Le couple est d'abord fixé à Dunkerque de par les fonctions de l'époux, mais la jeune mariée revient bientôt à Paris[5] puis elle crée un salon. Manon Dancourt est en réalité la maîtresse du financier Samuel Bernard.
Cette liaison a peut-être débuté avant le mariage d'Armande. Il n'existe aucune certitude sur le commencement de leur relation. Le mari d'Armande était plus souvent dans les ports à inspecter la marine, qu'à Paris. Samuel Bernard usa de son influence pour promouvoir Jean-Louis Guillaume de Fontaine dans les affaires de la marine et peut-être se le concilier ainsi[6].
De son union, sont nés deux enfants légitimes, l'aînée Jeanne-Marie-Thérèse en 1703[note 1] et Jules-Armand le , paroisse Saint-Roch à Paris[7],[note 2].
De la relation avec Samuel Bernard, sont nées à Paris, paroisse Saint-Roch, trois filles naturelles que Guillaume de Fontaine reconnaît avec complaisance. La première, Louise-Marie-Madeleine, le [note 3]. La seconde, Marie-Anne-Louise, le [note 4]. Enfin la troisième, Françoise-Thérèse, le [note 5]. Elles seront évoquées par Jean-Jacques Rousseau dans son œuvre autobiographique, Les Confessions : « elles étaient trois sœurs qu'on pourrait appeler les trois grâces »[8].
Armande Dancourt devient Dame de la seigneurie de Passy le par l'acquisition du château de Passy auprès de Jacques-Daniel de Gueutteville, seigneur d'Orsigny[note 6] et grâce aux générosités de Samuel Bernard qui lui donne les fonds nécessaires[9]. Après le décès de ce dernier, elle vend le château le à Gabriel Bernard, comte de Rieux, le fils cadet de Samuel Bernard. L'acte de vente stipule qu'elle demeurait rue du Luxembourg, paroisse Saint-Roch à Paris.
Elle rédige son testament le et son codicille, le [10]. L'année suivante, Armande Carton Dancourt meurt à Paris le 13 février 1740 d'un cancer au sein[11],[note 7].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Robert Ranjard, Le secret de Chenonceau, Tours, Éditions Gibert-Clarey, (1re éd. 1950), 256 p. (BNF41676433), « Monsieur et madame Dupin », p. 177 à 210.
↑L'historien Gustave Desnoiresterres n'a pas retrouvé trace de l'acte de naissance dans les registres paroissiaux à Paris avant leur disparition en 1871, de l'aînée des enfants Fontaine. Elle épouse François II de Barbançois seigneur de Celon dans le Berry le . Elle donne naissance à un fils, François-Armand de Barbançois le à Paris en la paroisse de Notre-Dame-de-Grâce-de-Passy.
↑Il devient le commissaire des guerres pour les villes, citadelles et forts de Metz, Toul, Verdun, Montmédy, Longwy le puis fermier général. Il est l'époux de Louise Liégault de l'Isle de Châteauneuf, tous deux propriétaires du château du Coq à Auteuil. Jules Armand Guillaume de Fontaine est mort à Paris le à l'âge de 49 ans et le couple est sans postérité.
↑Françoise-Thérèse Guillaume de Fontaine épouse Nicolas Vallet seigneur de La Touche, le à Passy. Elle fuit en Angleterre pour rejoindre son amant, le duc de Kingston. Elle décède en 1765.
↑Acte de vente du château de Passy entre Jacques Daniel de Guetteville d'Orsigny à Dame Marie Armande Carton, veuve de Louis Guillaume de Fontaine, se reporter au répertoire numérique du notaire Maître Sylvain Ballot (étude CXVI) à Paris aux Archives nationales. Vue 8 sur 23 de la liste chronologique des actes. Armande Dancourt n'a jamais été usufruitière du château de Passy mais bien sa propriétaire légitime. De par cette acquisition, elle devient Dame de la terre et seigneurie de Passy et non Samuel Bernard qui n'a jamais hérité de ce titre même si il finance cet achat et les travaux à venir.
↑Décès de Marie Anne Armande Carton-Dancourt dite Manon Dancourt, se reporter au répertoire numérique du notaire Maître Louis Bronod à Paris aux Archives nationales. Le testament de Dame Marie Armande Carton veuve de M. des Fontaine est déposé le jour de sa mort le 13 février 1740 (vue 4 sur 32) chez son notaire. L'inventaire de l'ensemble de ses biens a lieu le 23 février 1740 (vue 6 sur 32) chez ce même notaire.
↑Pierre David Lemazurier (dir.), Galerie historique des acteurs du Théâtre français : depuis 1600 jusqu'à nos jours, t. 2 (biographies), Paris, Éditions Joseph Chaumerot, (1re éd. 1810), 416 p. (lire en ligne), « Mlle Dancourt l'aînée », p. 126.
↑Henry Lyonnet (dir.), Dictionnaire des comédiens français, ceux d'hier : biographie, bibliographie, iconographie, t. 1 (biographies), Genève, Éditions de la Bibliothèque de la Revue universelle internationale illustrée, , 644 p. (lire en ligne), « Dancourt Mlle l'aînée », p. 423.
↑Robert Ranjard, Le secret de Chenonceau, Tours, Éditions Gibert-Clarey, (1re éd. 1950), 256 p. (BNF41676433), « Monsieur et madame Dupin », p. 177 à 210
↑Source : registre des mariages de la paroisse de Saint-Sulpice de l'année 1702, page 90. Ce registre a été détruit lors de l'incendie de l'Hôtel de ville de Paris, le .
↑Jean Buon (préf. Michelle Perrot), Madame Dupin : Une féministe à Chenonceau au siècle des Lumières, Joué-lès-Tours, Éditions La Simarre, , 224 p. (ISBN978-2-36536-027-2), « Ses parents, Samuel Bernard et Armande de Fontaine, une liaison pour la vie », p. 48.
↑Archives nationales : étude LXXXVIII de Me Louis Bronod à Paris. Cotes : MC/RE/LXXXVIII/8 - MC/RE/LXXXVIII/16. Testament olographe et codicille de Dame Marie Carton Vve de M. de Fontaine, commissaire provincial au département de Metz.