Main de justice
La main de justice, conservée au Louvre.
Technique
Localisation

La main de justice est un insigne du pouvoir royal en France utilisé à partir du XIIIe siècle lors du sacre. Symbole de l'autorité judiciaire, cet objet qui faisait partie des regalia du royaume de France prit son nom au XVe. Il consiste en un sceptre terminé par une main dont les trois premiers doigts sont ouverts[1]. Par extension, un condamné est dit « placé sous main de justice » lorsqu'il est suivi, par exemple, par un juge d'application des peines[2],[3],[4].

Histoire

Louis II le Bègue recevant les Regalia - Grandes chroniques de France. XIVe – XVe siècle (enluminure).

Peu de récits du sacre des rois capétiens existent, ce qui rend difficile l'établissement d'une chronologie de l'apparition de la main de justice. Cependant on sait que jusqu'à la fin du XIIe siècle, les rois de France reçoivent lors de la cérémonie du sacre une verge, symbole de commandement. On ne sait si avant le XIIe siècle, cette verge était une main de justice. Des théories divergentes demeurent encore aujourd'hui sur l'analyse d'une représentation du sceau de Hugues Capet datant de 1681 et sur laquelle le premier des Capétiens y figure tenant une main de justice[5]. Interprétation abusive ou réalité ? Quoi qu'il en soit, la main de justice n'apparait plus par la suite sur les sceaux royaux.

La main de justice du sacre des rois de France était formée d’une main droite faisant un geste de bénédiction faite « d’ivoire de licorne », c’est-à-dire taillée dans une défense de narval, fixée en haut d’un bâton d’orfèvrerie, qui fur détruite en 1793. Pour le sacre de Napoléon Ier, Vivant Denon demanda en 1804 à l’orfèvre Martin-Guillaume Biennais de refaire une main de justice, en s’inspirant de la gravure de Bernard de Montfaucon, mais sans prendre garde à l’avertissement signalant que la gravure est inversée, de sorte que celle qui fut sculptée dans de l’ivoire d’éléphant est une main gauche. Elle fut fixée sur un bâton de cuivre doré, enrichi d’un nœud d’orfèvrerie formé par le chaton médiéval de « l’anneau de saint Denis », auquel furent ajoutés deux camées en cristal de roche et une intaille d’améthyste provenant aussi de Saint-Denis. Elle est conservée au musée du Louvre à Paris[6].

Moulage du sceau de François II et Marie Stuart, roi et reine de France - François tient le sceptre de saint Louis dans la main droite et la main de justice dans la main gauche - 1559 - Archives nationales.

Hervé Pinoteau a fait le point des connaissances sur la main de justice[7] :

La Main de Justice côté paume.

Symbolisme

Du fait de son nom, on attribue à la main de justice la signification que le roi peut rendre la justice. Il a donc le pouvoir judiciaire.

Traditionnellement, on lui attribuait une dimension religieuse, chaque doigt de la main ayant une signification précise[9]. Ils représentent ainsi :

Les trois doigts ouverts symbolisaient également la Trinité .

Galerie

Un des plus anciens des sceptres royaux et ayant subsisté jusque nos jours, la Main de Justice est sans aucun doute le sceptre le plus fréquemment représenté sur les portraits et représentations des rois de France, également souvent intégré aux armoiries du pouvoir royal en France.

Enluminures

Tableaux et portraits

Autres

Anecdote

On pensait autrefois que la main avait été sculptée dans une corne de licorne[10].

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Danielle Gaborit Chopin, Regalia, Éd. de la Réunion des musées nationaux, , p. 73.
  2. « Accueillir et accompagner les Personnes Places Sous Main de Justice dans les SIAE : comprendre les enjeux | Actualités | GRAFIE - Insertion par l’activité économique », sur www.grafie.org (consulté le )
  3. « Que peut-on faire si notre bien est placé sous main de justice ? », sur www.alexia.fr (consulté le )
  4. Franck Marmoz, Nicolas Chareyre, Cédric Putanier, 600 questions de culture juridique générale, Paris, Ellipses, , 190 p. (ISBN 9-782340067523), p. 111
  5. Jean Mabillon, De re diplomatica lib. VI, Paris, 1681, pl. XXXVIII, d'après le sceau autrefois fixé sur un diplôme du roi en faveur de Saint-Philibert de Tournus (22 mai 989).
  6. Main de Justice du Sacre avec anneau de Saint-Denis, 1804, Musée du Louvre, site collections.louvre.fr.
  7. Hervé Pinoteau, La symbolique royale française, Ve – XVIIIe siècles, P.S.R. éditions, 2004, p. 306-307 et 315.
  8. Dom Urbain Plancher OSB, Histoire générale et particulière de Bourgogne, Dijon, 1739, t. 1, face p. 502.
  9. Adolphe Napoléon Didron, Iconographie chrétienne: Histoire de Dieu, Imprimerie royale, (lire en ligne), p. 389-396
  10. Félibien, page 543