Carte du royaume de France au début du XIe siècle avec le comté de Sens en vert clair au sud-ouest du comté de Champagne

Le territoire du comté de Sens correspond principalement à celui du Sénonais, autour de la ville de Sens dans le nord de l'actuel département de l'Yonne (Bourgogne-Franche-Comté) et le duché de Bourgogne de l'époque. Une partie du comté s'étendait aussi sur la province de Champagne, dépendant pour cette part du comté de Troyes. Des comtes de Sens sont cités dès le VIIe siècle ;, le comté devient véritablement un fief souverain héréditaire avec la dynastie des Fromonides au IXe siècle. Fromond Ier de Sens, fondateur de cette dynastie, transforma la vicomté acquise en comté souverain qu'il transmit à 3 générations de ses successeurs avant le rattachement du comté et de la ville de Sens au domaine royal au XIe siècle.

Article détaillé : Comté de Sens.

Comtes à titre de bénéfice

Les comtes à titre de bénéfice sont des fidèles des souverains mérovingiens ou carolingiens qui obtiennent un comté à titre de bénéfice temporaire et non de manière héréditaire.

Comtes sous les mérovingiens

Comtes sous les premiers carolingiens

À sa mort, un conflit de partage du comté aurait opposé ses deux gendres : le comte Girart de Roussillon (mari de sa fille aînée Berthe), et le roi de Francie occidentale Charles le Chauve (mari de sa fille cadette Héloïse ou Loïse)[9],[N 4]

Comtes de la dynastie des Welfs

Article détaillé : Welfs.

Ducs de Bourgogne

Vicomtes bosonides issus de Garnier

Le duc Richard s'appuie sur des vicomtes fidèles comme Renard à Auxerre ou Garnier à Sens. Ce dernier dont l'origine est incertaine peut être relié à Maynard de Sens et aux Garinides[13]. C'est une famille à la fois fidèle aux Bosonides et aux Welfs.

En 932[17], la révolte de Richard et du comte Gislebert de Bourgogne est matée par le roi Raoul qui confisque la vicomté de Sens à Richard[16].

Vicomtes puis comtes souverains héréditaires de Sens (dynastie fromonide)

Article détaillé : Fromonides.

La dynastie des Fromonides est inaugurée comme seule dynastie souveraine héréditaire du comté de Sens par Fromond Ier.

Blason de la ville de Sens depuis son rattachement au domaine royal

Aucun document médiéval ne signale ni ne laisse supposer un lien quelconque entre les comtes de Sens (Fromonides), les comtes de Joigny, les sires de Courtenay, ceux de Tanlay et ceux de Joinville. Ces liens datent exclusivement des historiographes du début du XIXe siècle, qui ont noté la contiguïté des patrimoines fonciers en forêt d'Othe (pour ce qui est du lien allégué entre les comtes de Sens et ceux de Joigny)[25], et encore moins avec les sires de Courtenay et ceux de Tanlay. En ce qui concerne l'origine de la famille comtale de Joigny, Aubry de Trois Fontaines (Haute-Marne), né au XIIe et mort au premier tiers du XIIIe siècle, signale que les comtes de Joigny sont issus des sires de Joinville[26]. Les chroniques du temps disent que le comté a été acquis au Roi de France en 1055, et on constate ensuite son morcellement (au plus tard en 1080)[27]. Les comtes de Joigny, les seigneurs de Châteaurenard, de Courtenay, de Tanlay et les seigneurs puis princes de Joinville sont issus de la dynastie fromonide des comtes de Sens ; leurs possessions, vassales du comté de Sens, ont échappé au rattachement au domaine royal en 1055.

Vicomtes de Sens après le rattachement au domaine royal

Dès le règne de Philippe Ier, il n'y a plus lieu de considérer le vicomte comme un agent de la Couronne. Très significativement, les mandements royaux ne citent plus les vicomtes parmi les destinataires des ordres royaux à partir de ce règne. On peut dès lors considérer qu'il est devenu un simple féodal disposant d'anciens prélèvements publics. Il convient de noter que la première application de la très célèbre ordonnance du (de Soissons) sur la paix dans le royaume aura son application dirigée contre le vicomte de Sens (pariage de Chéroy, suivi ensuite des pariages de Dollot, Flagy, Voulx, venant tous encercler les possessions vicomtales entrées sur Vallery).

Le domaine des vicomtes forme un bloc compact sur la rive gauche de l'Yonne, centré sur Vallery. Curieusement il est écartelé entre plusieurs suzerainetés : la Couronne (Vallery, Villethierry, Gisy) ; la Champagne (tant Montereau que Bray-sur-Seine) pour Villeneuve-la-Guyard et peut être Diant). Au début du XIIe, les vicomtes aussi des droits dans l'ancien comté du Gâtinais à Nanteau. La vicomté ne comprenant plus dès lors qu'un droit de suzeraineté sur de rares fiefs et des taxes sur le négoce au niveau de la cité de Sens, ne dispose pas de système judiciaire ou de bailliage. Au XIVe siècle, la vicomté est détenue en indivision d'une part entre les descendants des vicomtes de Sens (d'une part les sires de Vallery, d'autre part les des Barres sires de Vallery et les de Dreux sires de Beu), et les archevêques de Sens, disposant de fermiers-receveurs en commun. Ce n'est qu'au XVIe siècle, que le titre vicomte émerge à nouveau à Sens, aux mains de la famille normande Blosset venue s'installer à Saint-Maurice-Thizouaille dans la vallée du Tholon près de Joigny, puis de la famille sénonaise des Grassin (un parlementaire et son frère fondateurs du collège des Grassin à Sens). La famille Grassin portera le titre vicomtal ensuite aux XVIIe et XVIIIe siècles. On peut notamment citer :

La vicomté de Sens est ensuite remplacée par le bailliage de Sens.

Notes et références

Notes

  1. Selon Tavau et Mauclerc cités par Larcher de Lavernade.
  2. Larcher de Lavernade cite le chroniqueur Aymonius qui mentionne Maynard comme 1er comte de Sens investi par Charlemagne.
  3. d'après la Chronique de Louis le débonnaire citée par Larcher.
  4. Larcher de Lavernade cite le beau-père des deux rivaux sous le nom d'Huon comte de Sens, qu'il confond visiblement avec lui. Le beau-père de Girart de Roussillon semble être selon diverses sources Hugues de Tours ou Hugues de Sens et il est probable qu'il s'agit du même seigneur.
  5. Faut-il considérer que Richard garde pour lui le comté après sa prise de la ville en 895, tout en nommant Garnier simple vicomte ? De nombreuses sources infirment cette hypothèse de Larcher de Lavernade basée sur une assertion d'Odorannus.
  6. Si l'on suit Larcher de Lavernade et les chroniqueurs médiévaux qu'il utilise comme le moine Odorannus, Raoul succéderait à son père Richard dans l'hypothèse où celui-ci ait gardé pour lui le comté. Cependant, les sources concordantes qui font de Garnier, comte de Troyes le vicomte de Troyes jusqu'à sa mort en 924 laissent peu de crédit à cette hypothèse, sauf à considérer que Raoul ait pu reprendre à Garnier le titre de comte avant son accession au trône pour le réinvestir de la vicomté ensuite (en 923).
  7. Laurent Theis fait de Garnier un vicomte installé par Richard II le Justicier, duc de Bourgogne après sa prise de la ville en 895.
  8. Certaines sources citées par Larcher de Lavernade, notamment Tavau, suggèrent que Richard conserve le comté pour lui après sa prise de la ville (en 896 d'après la Chronique de Sens) jusqu'à sa mort (en 920) ; Laurent Theis dans son ouvrage suggère que Garnier reste vicomte jusqu'à sa mort. Le titre dégradé de vicomte et non de comte rend cette hypothèse plus probable car Garnier deviendrait alors un simple vassal fidèle installé par Richard à Sens pour contrôler cette ville.
  9. Le sacramentaire de la cathédrale de Sens enregistre sa mort en 948 d'après MedLands, date retenue aussi par Laurent Theis ; contrairement à 951 que mentionne Clément, ou 953 que retient - à tort - Larcher.
  10. Selon MedLands, aucune preuve n'existe du lien de parenté entre Fromond et la dynastie des comtes de Troyes. Il n'est pas mentionné dans la liste des enfants de Garnier de Troyes bien que ce soit la même source qui le cite comme potentiellement fils de Garnier.
  11. Larcher cite la Liste des Archevêques pour la date de 996, le moine Odorannus pour 998 et Aymonius pour 999. Les Annales de Sainte-Colombe citées par MedLands mentionnent son inhumation en 996.
  12. Le site MedLands mentionne son fils Fromond III comme successeur, ce qui semble peu crédible au vu de la conquête royale, du traité signé en 1015 et du rattachement effectif au domaine royal à la mort de Renard II en 1055. Cependant en 1058 Fromond III souscrit une charte de donation à Sainte-Bénigne, en tant que "Frotmundus urbis Senonicæ comes..." (cité dans medlands).

Références

  1. Larcher 1976 (1845), p. 44.
  2. a et b Larcher 1976 (1845), p. 260.
  3. Larcher 1976 (1845), p. 45.
  4. a et b Larcher 1976 (1845), p. 47.
  5. Annales Regni Francorum, anno 817, p. 148 ; Thégan, Gesta Hludowici imperatoris, ch. 22, p. 212.
  6. Identité thuringienne et opposition politique au VIIIe siècle - Régine Le Jan – en ligne sur Academia.edu.
  7. a et b Larcher 1976 (1845), p. 261.
  8. a b c d e et f « Vicomtes et comtes de Sens [882]-1015 », dans « Champagne nobility - Sens & Joigny », ch. 1 : « Sens », p. sur medlands.
  9. Larcher 1976 (1845), p. 48.
  10. a b et c « Comtes de Sens 817-882 », dans « Champagne nobility - Sens & Joigny », ch. 1 : « Sens », p. sur medlands.
  11. Chasot de Nantigny Louis, Les généalogies historiques des rois, ducs, comtes, etc. de Bourgogne, Le Gras, Paris, 1738. p. 13.
  12. a et b Larcher 1976 (1845), p. 56.
  13. Raphaël Bijard, « Les Thibaldiens : origines, premières alliances et ascension politique », sur Academia, , p. 91-94
  14. La date de sa mort est donnée dans les Annales de Flodoard (a. 925) et dans Richer (LIV. I, c. XLIX).
  15. Theis 1990, p. 130.
  16. a b et c Clément 1784, L'Art de vérifier les dates..., p. 593.
  17. Annales de Flodoard, a. 932.
  18. (en) « Fromond I », dans « Champagne nobility - Sens & Joigny », ch. 1 : « Sens », section B : « Vicomtes et comtes de Sens [882]-1015 », sur medlands (consulté le ).
  19. Larcher 1976 (1845), p. 60.
  20. Larcher 1976 (1845), p. 62.
  21. Laurent Theis, op. cit., p.201.
  22. Larcher 1976 (1845), p. 65.
  23. Larcher 1976 (1845), p. 67.
  24. a et b Larcher 1976 (1845), p. 68.
  25. Etienne Meunier. L'entourage des comtes de Joigny entre 1080 et 1184. (Colloque de Joigny) Société généalogique de l'Yonne, 1991, pp. 92-108.
  26. Etienne Meunier. Le Sénonais au temps du changement dynastique. (colloque sur le millénaire Capétien). Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne, volume 119, 1987 (1988), pp. 19-38.
  27. Etienne Meunier. L'origine du comté de Joigny. L'Echo de Joigny, n° 58, 2001, pp. 5-26.
  28. Etienne Meunier. Les vicomtes de Sens, reconstitution d'un lignage noble médiéval. Société généalogique de l'Yonne, cahier n° 2, 1984, pp. 56-61.
  29. Pattou, p. 4.
  30. Etienne Meunier. Apogée et déclin des vicomtes de Sens. (Colloque de l'ABSS). Etudes villeneuviennes, 1985 (1986), pp.52-58.
  31. Etienne Meunier. Les chevaliers de Vendeuvre et de Vallery, de Valeriaco. Société généalogique de l'Yonne, cahier, n° 19, 2013, pp. 190-199
  32. Etienne Meunier. Les chevaliers des Barres. Société généalogique de l'Yonne, cahier n° 19, 2013, pp. 166-182.

Voir aussi

Bibliographie

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Autres ouvrages

Articles connexes

Liens externes

« Comtes de Sens 817-882 », (section A) ;
« Vicomtes et comtes de Sens [882]-1015 », (section B) ;
« Vicomtes de Sens », (section C) ; et
« Nobility in Sens » (Courtenay & Champignelles), (ch. 2).