Naissance | |
---|---|
Nationalité | |
Formation |
Lycée Jean-Zay (d) (jusqu'en ) Institut d'études politiques de Strasbourg (- Centre de formation des journalistes (jusqu'en ) Université Paris-VIII (jusqu'en ) |
Activités | |
Conjoint |
Distinction |
---|
Lauren Bastide, née le à Orléans (France), est une journaliste française, animatrice radio, essayiste et féministe engagée pour l'égalité homme-femme dans les médias.
En 2016 elle a cofondé Nouvelles Écoutes et produit un podcast féministe intitulé La Poudre, dans lequel elle interviewe des femmes et des personnalités féministes.
Essayiste, elle publie en 2020 Présentes, un essai sur la place des femmes dans les espaces publics (villes, médias, politique).
Fille d'un bijoutier et d'une cadre supérieure dans une boîte d’intérim, elle est scolarisée jeune dans une école privée, fréquentant un milieu catholique et conservateur[1]. Après l'obtention de son baccalauréat littéraire en 1998, Lauren Bastide suit durant une année une classe préparatoire littéraire. En 2002, elle obtient un diplôme en relations et affaires internationales de l'Institut d'études politiques de Strasbourg. Après plusieurs stages au Courrier international, à l’agence de presse Reuters puis au quotidien Le Monde, elle est diplômée du Centre de formation des journalistes (CFJ) en 2005.
Elle perd sa sœur cadette Julia, assassinée à l'âge de 20 ans par un camarade de promotion lors d'une soutenance de stage à l'IUT GEA d'Orléans, le 22 juin 2005[2],[3].
Lauren Bastide travaille au sein de la rédaction de l'hebdomadaire féminin Elle de 2005 à 2015, tour à tour pigiste et grand reporter avant de devenir rédactrice en chef des pages d'informations[4]. En , elle fonde avec Sophie Fontanel le DailyElle, la version en ligne du magazine, dont elle devient la rédactrice en chef adjointe[5],[6].
La même année, elle intègre la chaîne C8 et fait ses débuts télévisuels dans la rubrique mode de l'émission Le Grand 8, puis présente sur Stylia le rendez-vous À la vie, à la mode[7].
Entre 2009 et 2014, elle prête ponctuellement sa plume aux revues Lurve[8] et Antidote[9],[10].
Le , elle rejoint l'équipe de chroniqueurs de l'émission Le Grand Journal sur Canal+, animée quotidiennement par Maïtena Biraben. À la suite d'un changement de direction, de rumeurs de tensions et d'un acharnement médiatique, elle quitte le plateau au terme d'une unique saison[11].
Au lendemain de l'intronisation du 45e président des États-Unis Donald Trump, elle signe le documentaire sonore La Marche, réalisé le , jour de la Women's March ayant mobilisé près d'un demi-million de personnes dans les rues de Washington, D.C.[12],[13].
Depuis le , elle anime l'émission hebdomadaire Les Savantes sur France Inter, pendant une heure, consacrée à une femme universitaire et à son domaine de prédilection[14],[15]. Elle est également porte-parole du collectif Prenons la une[16], se battant pour une meilleure représentation des femmes dans les médias[17]. Militante à l'encontre des inégalités de genre, la majeure partie de ses travaux s'ancrent dans la lutte contre les stéréotypes[18].
Le , elle participe à la manifestation contre les violences faites aux femmes lancée par le Collectif #NousToutes[19].
Elle participe au documentaire Sale Pute, réalisé par les journalistes belges Myriam Leroy et Florence Hainaut, sur le cyberharcèlement sexiste, diffusé en France sur Arte en [20],[21].
En 2016, elle fonde avec le journaliste Julien Neuville Nouvelles Écoutes, un studio de production consacré à la création sonore. Elle diffuse sur iTunes son programme La Poudre, dont deux podcasts sont mis en ligne le avec comme première invitée la réalisatrice et scénariste Rebecca Zlotowski[22]. Lauren Bastide reçoit des femmes pour parler de leur enfance, de leur parcours professionnel, de leurs créations et de féminisme[18].
En 2019, elle lance pour le studio Nouvelles Écoutes un flux de podcasts de documentaires, Intime et Politique, dont elle est la créatrice et la productrice exécutive. À travers des documentaires sonores de 4 à 6 heures, le flux promet de « s’attaquer aux racines des discriminations sexistes et des stéréotypes de genre »[23]. Le premier documentaire, publié en décembre 2019 et réalisé par Ovidie, s’intitule Juste Avant, et parle du lien entre une mère militante féministe et sa fille tout juste entrée dans l’adolescence[24]. Le second documentaire, réalisé par Océan, Politique des Putes, qui donne la parole des travailleuses et travailleurs du sexe, souhaite déconstruire la perspective abolitionniste de la prostitution[25]. Le troisième documentaire, réalisé par Axelle Jah Njiké, La Fille sur le Canapé est une enquête sur les violences sexuelles intrafamiliales sur mineurs, dans les familles afrodescendantes.
Le business model, selon Noémie Gmür, « alterne contenus à destination des marques, publicité et adaptation en livres[26] ».
En décembre 2020, après avoir fait face à des difficultés financières liées à la publicité et conclu un accord d'édition avec Marabout[27], elle quitte la présidence du studio de podcasts Nouvelles Écoutes tout en restant actionnaire minoritaire[28].
En , La Poudre achève sa cinquième saison de diffusion. Au total 139 épisodes ont été mis en ligne, donc une vingtaine en anglais. Parmi les invités ayant défilé au micro de La Poudre, on trouve la maire de Paris Anne Hidalgo, l’écrivaine Leïla Slimani, la comédienne Céline Sallette, la chanteuse Chris, le philosophe Paul B. Preciado, l’écrivaine Margaret Atwood, la chercheuse Judith Butler ou encore la militante américaine Gloria Steinem. Une trentaine d’épisodes sont des tables rondes thématiques, par exemple autour du droit à l’IVG, des masculinités ou des radicalités féministes.[réf. souhaitée]
À partir d', la sixième saison de La Poudre est diffusée sur Spotify, qui en a acquis les droits[29]. Spotify la promeut dans un spot auquel elle collabore[30].
En , elle publie Présentes, un essai sur la place des femmes dans la ville, les médias et la politique chez Allary Éditions. Dans Marie Claire, Adèle Bréau décrit l'ouvrage comme « un manifeste indispensable qui nous aide à mieux cerner les enjeux des luttes pour les droits des femmes »[31], tandis que dans Moustique, Sébastien Ministru en parle comme « un parfait résumé de tous ces combats qui, mis bout à bout, préparent le basculement vers un nouveau monde »[32].
Le , elle déclare sur Instagram ne pas soutenir « publiquement » Mila, une adolescente lesbienne menacée de mort et vivant sous protection policière permanente pour avoir critiquée à titre privé sur un réseau social la religion musulmane, « parce que je ne partage pas sa vision du monde raciste et irrespectueuse des musulman-e-s de France ». Elle accuse aussi les personnes qui défendent Mila de partager cette vision[33].
Marylin Maeso, normalienne et agrégée de philosophie, réagit dans L'Express en affirmant que « dans son texte, Lauren Bastide fait l'inverse de l'intersectionnalité. Au lieu d'inclure, elle exclut quelqu'un du champ des victimes. Ça ne peut pas être ni féministe ni intersectionnel. On ne peut pas partir d'un cadre de lutte qui cherche à inclure et pondre un texte qui va vers l’exclusion »[34],[35].
Lors d'une interview accordée au Monde, Lauren Bastide revient sur cette polémique et les autres critiques qui lui ont été adressées et précise : « Évidemment que j’ai de la compassion pour cette jeune fille et que je condamne le cyber-harcèlement sexiste qu’elle a subi, mais je ne veux pas céder aux personnes qui exigent de moi que je la soutienne pour les mauvaises raisons »[36], faisant référence aux très nombreux messages reçus par des partisans d'extrême droite la sommant de prendre position dans cette affaire. Dans le documentaire #SalePute de Myriam Leroy et Florence Hainaut, la journaliste revient également sur sa propre expérience de cyber-harcèlement[37].
Lauren Bastide jouit d'une notoriété importante dans le paysage féministe francophone. Elle revendique son féminisme comme étant anticolonial, anticapitaliste et écologiste[38]. La section féministe du média belge RTBF la décrit comme "une figure incontournable du féminisme francophone"[38].
La journaliste fait également l'objet d'un certain nombre de critiques, émanant principalement de figures conservatrices ou plus largement opposées aux mouvements féministes contemporains, en faveur d'un féminisme universaliste. Lauren Bastide dit ne pas se reconnaître dans ce discours[39]: « La rupture ne peut pas se faire sans une condamnation forte de propos qui ont pu être tenus (et qui peuvent encore être tenus) par certaines féministes se revendiquant d’un féminisme universaliste et se sentant légitimes pour produire des discours racistes et islamophobes, discriminants vis-à-vis des travailleuses du sexe et des lesbiennes. Est-ce que je condamne ces propos ? Oui, viscéralement. Je veux qu’ils soient remplacés dans l’espace public par des discours inclusifs et antiracistes »[39].
Dans son ouvrage L'imposture décoloniale. Science imaginaire et pseudo-antiracisme (2020), Pierre-André Taguieff, soutient qu'un « certain dandysme révolutionnariste, de pure posture, se rencontre souvent dans les milieux décoloniaux intellectualisés » et prend l'exemple de Lauren Bastide qui représente, pour lui, jusqu'à la caricature, le profil type de « l'opportuniste « radicale » ». Après avoir noté les postes de sa carrière de journaliste, il la cite : « Le féminisme que je défends est anticolonialiste, anticapitaliste, antiraciste, il ne s'envisage pas sans lutte pour les droits des personnes handicapées, sans égalité pour toutes les personnes LGBTQ. Bref, il est radical et révolutionnaire ! » ; il conclut « C'est là le nouveau portrait du parti du bien[40]. »