Kraken
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Dessin de Pierre Dénys de Montfort (1810), d'après les descriptions de marins français qui auraient été attaqués par une telle créature au large des côtes de l'Angola.
Créature
Groupe Folklore populaire
Sous-groupe Monstre marin
Caractéristiques Créature de très grande taille dotée de nombreux tentacules.
Habitat Océans
Origines
Origines Mythologie scandinave

Le kraken ([krakɛn] ; transcription « krakenn ») est une créature fantastique issue des légendes scandinaves médiévales. Il s'agit d'un monstre marin de très grande taille et doté de nombreux tentacules.

Dans ses rencontres avec l'homme, le kraken serait capable de saisir la coque d'un navire pour le faire chavirer, le faisant ainsi couler et ses marins sont noyés et parfois dévorés.

Il est très probable que sa légende ait pour origine l'observation de véritables calmars géants dont la longueur a été estimée de 13 à 15 mètres (40 à 50 pieds), tentacules compris[1],[2]. Ces animaux vivent normalement à de grandes profondeurs, mais ont été repérés à la surface et auraient « attaqué » des navires[3]. Il apparait surtout dans la mythologie nordique.

Légende

Dans l'obscurité des profondeurs marines, le Kraken surgit soudain, ses tentacules géants enveloppant le navire avec une force implacable. Les marins luttent désespérément alors que la créature colossale émerge, ses yeux luisant d'une lueur malveillante. Le navire est secoué violemment, englouti dans une tempête d'écume, les cris des marins se mêlant au rugissement du monstre marin. La légende de cette rencontre terrifiante hantera les mers pour les générations à venir.

Bien que le nom kraken n'apparaisse jamais dans les sagas scandinaves, cette créature vient de Norvège. Il existe des monstres marins, le Hafgufa et le Lyngbakr, décrits dans l’Örvar-Odds saga (la saga d'Örvar-Oddr (en)) et dans le Konungs skuggsjá, œuvre norvégienne de 1250.

Dans la première édition de son Systema Naturae (1735), Carl von Linné inclut, dans une classification taxonomique des organismes vivants, le kraken comme un céphalopode avec le nom scientifique de Microcosmus mais l'animal est exclu des éditions ultérieures. Le kraken a également été largement décrit par Erik Pontoppidan, évêque de Bergen, dans son Histoire Naturelle de Norvège (Copenhague, 1752-1753).

Les premiers contes, y compris celui de Pontoppidan, décrivent le kraken comme un animal « de la taille d'une île flottante » dont le vrai danger, pour les marins, n'était pas la créature elle-même, mais le tourbillon qu'elle engendrait après sa descente rapide dans l'océan. Toutefois, Pontoppidan décrit également le potentiel destructeur de l'immense bête : « Il est dit que, si elle attrape le plus gros navire de guerre, elle parviendra à le tirer vers le fond de l'océan » (Sjögren, 1980). Le Kraken a toujours été distingué des serpents de mer, également dans les traditions scandinaves (Jörmungand par exemple). L'une des premières descriptions est donnée par le Suédois, Jacob Wallenberg dans son livre Min son på galejan (Mon fils sur la galère) à partir de 1781 :

« … Le kraken est aussi appelé "crabe-poisson" et n'est pas, d'après des pilotes norvégiens, tellement énorme, tête et tentacules comprises. Il n'est pas plus grand que notre Öland (c'est-à-dire moins de 16 km)… Il reste à la mer, constamment entouré par d'innombrables petits poissons qui lui servent de nourriture et qui sont alimentés par celui-ci en retour : pour son repas, si je me souviens bien, écrit E. Pontoppidan, ne dure pas plus de trois mois, et trois autres sont ensuite nécessaires pour le digérer. Ses excréments nourrissent par la suite une armée de poissons, et pour cette raison, les pêcheurs sondent les fonds après son passage… Peu à peu, le kraken monte à la surface, et, quand il est à dix ou douze brasses de celle-ci, les bateaux ont mieux à sortir de son voisinage ou ils devront craindre leur destruction. Telle une île flottante, l'eau jaillissant de ses terribles narines forme des vagues spiralées autour de lui pouvant atteindre un grand nombre de miles. Peut-on douter qu'il s'agisse du Leviathan de Job ? »

— Jacob Wallenberg, Min son på galejan.

Selon Pontoppidan, les pêcheurs norvégiens ont souvent pris le risque d'essayer de pêcher près du kraken car la capture y est bonne. Si un pêcheur a une très bonne prise, ils ont l'habitude de transmettre cette information. Pontoppidan a également affirmé que le monstre est parfois confondu avec une île et que les cartes comportent des îles qui ne sont pas toujours présentes et qui étaient donc en fait le kraken. Pontoppidan a également raconté qu'une fois, un jeune spécimen du monstre est mort et s'est échoué à Alstahaug (Sjögren, Bengt, 1980).

Depuis la fin du XVIIIe siècle, le kraken a été décrit dans un certain nombre d'ouvrages, comme une grande créature ressemblant au poulpe, et il a souvent été affirmé que le kraken de Pontoppidan aurait pu être fondé sur des observations du calmar géant. Toutefois, dans les premières descriptions, la créature se rapproche plus du crabe que du poulpe et, en général, possède des traits qui sont associés aux grandes baleines plutôt qu'au calmar géant.

En 1802, le malacologiste français Pierre Denys de Montfort a reconnu l'existence de deux types de poulpes géants dans son Histoire Naturelle Générale et Particulière des Mollusques, une description encyclopédique des mollusques. Montfort a fait valoir que le premier type, le « kraken-pieuvre », a été décrit par les marins norvégiens et baleiniers américains ainsi que les anciens écrivains comme Pline l'Ancien. En effet, un passage de L'Histoire naturelle du Romain Pline l'Ancien (Ier siècle) narre également le cas d'un monstre marin à tentacules attaquant des réserves de poissons en saumure. La description correspond tout à fait à celle du kraken. Le deuxième type de bien plus grande taille, l'immense poulpe, aurait attaqué un bateau à voile de Saint-Malo, au large de la côte de l'Angola (voir illustration en haut de page).

Montfort a osé la plus sensationnelle des revendications. Il a proposé que dix navires de guerre britanniques qui avaient mystérieusement disparu, une nuit en 1782 devaient avoir été attaqués et coulés par une pieuvre géante. Malheureusement pour Montfort, les Britanniques savaient ce qui était arrivé aux navires (ils avaient été perdus dans un ouragan au large de Terre-Neuve en septembre 1782) et ont démenti la supposition de Montfort. La carrière de Montfort ne s'en est jamais remise et il est mort de faim, pauvre, à Paris vers 1820 (Sjögren, 1980). Pour la défense de Montfort, il convient de noter que beaucoup de sources décrivant le « poulpe-kraken » ont probablement décrit le véritable calmar géant, prouvant son existence en 1857.

En 1830, peut-être conscient du travail de Montfort, Alfred Tennyson a publié un célèbre poème intitulé The Kraken (essentiellement un sonnet irrégulier), qui diffuse l'histoire du Kraken en anglais. Le poème, dans ses trois dernières lignes, porte également des similitudes avec la légende du Leviathan, un monstre marin, qui doit remonter à la surface à la fin des jours[4].

La description de Tennyson a apparemment influencé Jules Verne qui imaginait l'antre du fameux calmar géant de Vingt mille lieues sous les mers de 1870. Verne fait aussi de nombreuses références au Kraken et à l'évêque Pontoppidan dans ce roman, ainsi que dans l’œuvre postérieure Les Histoires de Jean-Marie Cabidoulin (1901) :

« Et n'a-t-on pas été jusqu'à parler d'un kraken, long d'une demi-lieue, lequel entraînait les bâtiments dans les profonds abîmes de l'Océan! [...] Puis, dix à douze siècles plus tard, l'évêque norvégien Pontopiddan affirma l'existence d'un monstre marin dont les cornes ressemblaient à des mâts armés de vergues, et, lorsque les pêcheurs se croyaient sur de grands fonds, ils les trouvaient à quelques pieds seulement, parce que l'animal flottait sous la quille de leur chaloupe !... »

L'évolution ultérieure de l'image du Kraken remonte au Kraken de la culture populaire.

Dans la culture populaire

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Littérature

Illustration de l'édition originale (1870) du roman Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne.
Illustration d'un Kraken attaquant un navire marchand (1810).

De nombreux écrivains ont évoqué ou se sont inspirés du monstre fabuleux dans leur œuvre.

Cinéma

Télévision

Bande dessinée et manga

Jeux vidéo

Le kraken apparaît également dans de nombreux jeux vidéo.

Jeux de cartes

Jeux de rôle

Jeux de société

Divers

Notes et références

  1. O'Shea, S. 2003. "Giant Squid and Colossal Squid Fact Sheet", The Octopus News Magazine Online.
  2. (en) Peter Boyle et Paul Rodhouse, Cephalopods : Ecology and Fisheries, Oxford, Blackwell, , 2e éd., 464 p. (ISBN 978-0-632-06048-1, LCCN 2004005858), « The search for the giant squid Architeuthis », p. 196.
  3. (en) Christy Marx, Life in the Ocean Depths, New York, Rosen, , 1re éd., 64 p. (ISBN 978-0-8239-3988-6, OCLC 51752018, LCCN 2003001513, lire en ligne), p. 35.
  4. Le Kraken de Tennyson, 1830 : Below the thunders of the upper deep; Far far beneath in the abysmal sea, His ancient, dreamless, uninvaded sleep The Kraken sleepeth: faintest sunlights flee About his shadowy sides; above him swell Huge sponges of millennial growth and height; And far away into the sickly light, From many a wondrous grot and secret cell Unnumber'd and enormous polypi Winnow with giant arms the slumbering green. There hath he lain for ages, and will lie Battening upon huge seaworms in his sleep, Until the latter fire shall heat the deep; Then once by man and angels to be seen, In roaring he shall rise and on the surface die. Traduction du poème : Sous les agitations de la surface, Loin, loin, dans le calme des abysses, Enveloppé de son très vieux sommeil sans rêve, Repose le Kraken. De faibles reflets de lumière Frôlent ses flancs ténébreux. Des éponges géantes, millénaires, L’entourent. Dans la pénombre des cavernes infinies, D’énormes poulpes Démêlent de leur bras la verte statuaire. Il s'y repose depuis les premiers âges Et toujours monstrueusement grandit, Dévorant d’immenses vers marins, Jusqu'à la Fin des Temps, le dernier incendie, La rouge Apocalypse. Alors, pour la première fois, Il sera vu des hommes et des anges. Il se réveillera dans l’horreur pourpre, Il montera à la surface Et y mourra.
  5. Les Travailleurs de la mer, Tome II (1892) (p. 201-211).
  6. « Le réveil du Kraken », en écho au fameux poème écrit par Alfred Tennyson.
  7. Fiche du livre
  8. fiche de l'album en 2012
  9. « Poulpoboss ».
  10. (en) « Novembre Rouge (French first edition) », sur boardgamegeek.com (consulté le 11 février 2021).
  11. (en) « Kraken Attack! (2020) », sur boardgamegeek.com (consulté le 11 février 2021).
  12. « Kraken Black Spiced Rum 40 % », La maison du Whisky.fr (consulté le 17 mars 2017).
  13. Saint-Pierre Miquelon, « Covid 19 : Que sait-on du variant Kraken qui se propage au Canada ? », France TV info,‎ (lire en ligne)
  14. (en) Terri-Ann Williams, « New threat as time-lapse maps reveal how new Covid variant Orthrus has spread through UK », The U. S. Sun,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

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Bibliographie

Ouvrages

Articles de presse

Articles connexes

Liens externes