Jeanloup Sieff (Paris, – id., ) est un photographefrançais alternant au cours de sa carrière différentes approches de la photographie, entre mode, reportages ou portraits.
Il est d'ailleurs reconnu pour ses portraits de personnalités politiques et du monde du spectacle, mais aussi pour ses paysages, ainsi que pour ses nus et son utilisation des objectifs grand angle et très grand angle (Leica Super-Angulon 21 mm).
Il a travaillé durant quatre décennies, et ce essentiellement en noir et blanc. Tirant lui-même ses photographies, il a initié un style de tirage.
Jeanloup Sieff naît en 1933 de parents d'origine polonaise. Après des études secondaires aux lycées Chaptal et Decour[2], où il obtient un bac de philosophie, il suit brièvement des études de lettres[2] durant 2 semaines, puis des études de photographie à l'école Vaugirard[2] durant 10 jours[3].
Il voit sa première parution en 1950 au magazine Photo-Revue. Sa première série de mode est réalisée deux ans plus tard, avec un mannequin de chez Fath qu'il aborde dans la rue[4]. Entre 1953 et 54, pendant sept mois, il suit des cours à l'École de photographie de Vevey[2]. À l'issue de cette formation il débute comme reporter-photographe indépendant et participe à un magazine disparu, Nouveau Fémina[5]. Par la suite, il travaille pour ELLE dans la rubrique des informations générales et passe rapidement à la photographie de mode[5], remplaçant Lionel Kazan à la tête du studio du magazine[n 1].
Jeanloup Sieff entre à l'agence Magnum en 1958 et la quitte l'année suivante[15]. Il obtient alors le prix Niépce Gens d'images pour un reportage sur le Borinage en Belgique. Au début des années 1960, il rejoint Frank Horvat à New York et partage avec lui un studio durant six mois[16]. À la même période, Jeanloup Sieff commence sa collaboration, sous la responsabilité de Beatrix Miller et Norman Parkinson ainsi que pour peu de temps David Hamilton comme directeur artistique, avec le magazine britannique Queen, suivi peu après par les photographes anglais Terence Donovan et Brian Duffy puis bien d'autres[17]. Durant la même époque il travaille également avec les américains ; sous contrat avec Ladies Home Journal, Sieff est aussi publié dans le Harper's Bazaar à de nombreuses reprises[5]. À partir de 1963, il collabore également régulièrement au British Vogue[17]. D'autres magazines tels le Glamour anglo-saxon ou Nova publieront ses photos[15].
En 1976, quand les éditions Denoël lui donnent carte blanche pour publier un ouvrage, Sieff choisit de travailler sur la Vallée de la mort. Un sujet a priori étonnant pour cet esthète du nu, mais qui cherchait un second souffle. Entre février et mars 1977, il sillonne la zone aride avec sa femme Barbara et en ramène des images peu conventionnelles. Des vues à la verticale de terre craquelée et de dunes de sable, dont les noirs profonds soulignent la beauté irréelle. Des portraits d'aventuriers modernes qui y ont projeté leurs rêves : croupiers de Las Vegas avides de soleil, une octogénaire qui trimbale les souvenirs de sa vie… En ressortant ce carnet de route poétique, très vite épuisé, les éditions Contrejour signent leur renaissance.
Portraits de dames assises, de paysages tristes et de nus mollement las suivis de quelques instants privilégiés et accompagnés de textes n'ayant aucun rapport avec le sujet, Contrejour, 1982
Demain le temps sera plus vieux, Contrejour, Paris, 1990 (ISBN285949104X) ; réédition sous le titre Demain le temps sera plus vieux : 40 années de photographie, Cologne / Paris, Evergreen-B. Taschen (ISBN3-8228-8351-4)
Derrières - hommage à quatre-vingt-treize derrières choisis pour leurs qualités plastiques, intellectuelles ou morales, Contrejour, Paris, 1994 (ISBN2859491724)
↑Lionel Kazan, pseudonyme de Liev Danielevitch Kazantzeff (9 mai 1930 - 19 février 2016), photographe de mode d'origine russe et polonaise, il réalise pratiquement une centaine de couvertures pour Elle mais également pour d'autres magazines dans les années 1950 à 60[6].
↑La même année il photographie, pour le numéro de septembre du magazine Vogue Paris, le mannequin Marina Schiano en robe avec dentelle de la collection haute couture automne-hiver[19] ; cette photo sera utilisée de multiples fois par la suite. Sieff est, avec Helmut Newton et David Seidner (en) à des périodes différentes, considéré comme un photographe majeur de l’œuvre d'Yves Saint Laurent[20].
↑Si Jeanloup Sieff fait, entre autres, la couverture du no 43 d'avril 1971, le magazine, pour son numéro 500 commémoratif, retient la série de photos du no 277 d'octobre 1990 comme plus particulièrement notable[21].
↑Linda Watson (trad. de l'anglais), Vogue - La mode du siècle : Le style de chaque décennie, 100 ans de créateurs [« Vogue Twentieth Century Fashion - 100 years of style by decade and designer »], Paris, Éditions Hors Collection, , 255 p. (ISBN2-258-05491-5), « Les créateurs = Saint Laurent, Yves », p. 219
Nathalie Herschdorfer (trad. de l'anglais, préf. Todd Brandow), Papier glacé : un siècle de photographie de mode chez Condé Nast [« Coming into fashion »], Paris, Thames & Hudson, , 296 p. (ISBN978-2-87811-393-8, présentation en ligne)
