Jean-Jacques de Sellon
Portrait de Jean-Jacques de Sellon, vers 1835
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République de Genève (jusqu'en )
française (-)
République de Genève (-)
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Vue de la sépulture.

Jean-Jacques de Sellon (né le à Genève et mort le à Belfort ou le au château d'Allaman selon les sources) est un notable, un écrivain, un philanthrope, un collectionneur d'art, un mécène et un pacifiste suisse. Il a fondé en 1830 « la première Société de la paix sur le continent européen »[1] et était un ardent opposant à la peine de mort.

Origines

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Château d'Allaman

Jean-Jacques de Sellon, dit aussi comte de Sellon, est fils de Jean (1736–1810), seigneur d'Allaman et comte du Saint Empire, et d'Anne Montz. La famille Sellon vient du Midi de la France. Ce sont des huguenots qui ont fui Nîmes à la suite de la révocation de l'Édit de Nantes en 1685 et qui deviennent en 1699 bourgeois de la ville de Genève. Cette riche famille de banquiers et de négociants de soie avec des filiales à Londres et Paris s'intègre au sein des familles patriciennes de Genève. Gaspard Sellon (1702–1785) acquiert en 1755 la seigneurie d'Allaman (Vaud), qui échoit après sa mort à son frère Jean François (1707–1790), père de Jean et grand-père de Jean-Jacques. L'empereur Joseph II élève en 1786 Jean Sellon au rang de comte du Saint-Empire romain germanique.

Biographie

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L'éducation de Jean-Jacques de Sellon est faite jusqu'à ses huit ans par un précepteur, puis il fait plusieurs séjours prolongés avec ses parents en Italie où son père soigne ses relations d'affaires, tout en restant à distance des troubles révolutionnaires genevois. De 1795 à 1800, il habite principalement au château familial d'Allaman, puis habite à Genève et voyage en Europe. Il se rend à Paris en 1804 pour la première fois. Admirateur de Napoléon Ier, il assiste à son couronnement comme roi d'Italie dans le Dôme de Milan en 1805. Napoléon le nomme chambellan, puis chevalier de l'ordre de la Réunion.

Hôtel Sellon, 2 rue des Granges. Aujourd'hui fondation Zoubov.

À la mort de son père en 1810, Jean-Jacques de Sellon hérite du commerce de soie, d'une fortune considérable, ainsi que des propriétés à Allaman et en vieille ville de Genève. Il acquiert en 1819 la propriété appelée « La Fenêtre » à Pregny, près de Genève[1]. Il épouse en 1813 Alexandrine de Budé de Boisy (1792-1863), d'où quatre filles nées entre 1821 et 1838. Il accueille au château d'Allaman ou à la rue des Granges en vieille ville de nombreuses personnalités des arts et de la politique, des aristocrates, dont des membres de la famille Bonaparte, les archiducs Habsbourgs Ferdinand et Maximilien, le pianiste Franz Liszt, l'impératrice Joséphine de Beauharnais, le comte Capo d'Istria, le prince Henri Lubomirski, le duc de Bassano, George Sand et le comte Camillo Benso de Cavour[1].

À la suite de la Restauration genevoise de 1814, de Sellon devient membre du « Conseil représentatif »[2] (le pouvoir législatif, qui deviendra le Grand Conseil en 1842) où il s'implique en particulier concernant la liberté du commerce et l'abolition de la peine de mort. Il publie des arguments juridiques et philosophiques contre la peine de mort, et traduit des œuvres d'abolitionnistes connus comme Giovanni Carmignani et Karl Joseph Anton Mittermaier. Ses démarches n'étant pas suivies de succès, il lance en 1826 un concours sur la peine de mort. En une dizaine d'années, il publie plusieurs dizaines de brochures et des livres sur ses thèmes de prédilection, la peine de mort et le pacifisme[1].

Adepte de la vision de l'État de droit de Cesare Beccaria, de Sellon se fonde sur le « principe de l'inviolabilité de la personne humaine »[3], un droit humain à l'intégrité physique qu'il applique aux conflits entre États. Il crée ainsi des liens étroits entre le pacifisme humanitaire et philanthropique, l'éducation à la paix et les droits fondamentaux, sans pour autant être antimilitariste. En 1830, il réunit une trentaine de personnalités genevoises et crée la « Société de la paix ». Seules deux sociétés comparables existaient alors : la Peace Society de Londres fondée en 1816 et l'American Peace Society fondée à New York en 1828. De Sellon est convaincu qu'un mouvement réformateur doit partir des élites. Son attitude marquée de calvinisme influencera son neveu Camillo Benso de Cavour et Henri Dunant[2].

En 1832, une crise de goutte handicape sérieusement de Sellon, il perd l'usage de son bras droit et devient aphone par moments. Il se retire de la politique en 1834.

Collection de peintures

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Jean de Sellon, le père de Jean-Jacques, possédait une importante collection suisse d'œuvres d'anciens maîtres, en particulier d'Italie. Jean-Jacques de Sellon achète de préférence chez les peintres suisses de paysages de son temps. Une partie de la collection Sellon a été léguée ou donnée au Musée d'art et d'histoire de Genève, par Jean-Jacques de Sellon ou par d'autres membres de la famille[4].

Œuvres

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Quelques observations sur l'ouvrage intitulé Nécessité du maintien de la peine de mort, 1831

Hommages

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Une rue porte le nom de Jean-Jacques de Sellon à Genève, dans le quartier des Grottes.

Le château d'Allaman est un bien culturel d'importance nationale. L'hôtel Sellon de la rue des Granges en vieille ville de Genève est un bien culturel d'importance régionale.

Bibliographie

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Notes et références

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  1. a b c et d Ivo Rens et Klaus Gerd Giesen in Revue suisse d'histoire,1985.
  2. a et b Lucien Boissonnas, « Jean-Jacques de Sellon » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  3. Le titre d'une brochure de Jean-Jacques de Sellon contient ces mots « principe de l'inviolabilité de la vie de l'homme » (1836). Voir aussi André Durand, « Gustave Moynier et les sociétés de la Paix », in Revue internationale de la Croix-Rouge, sur le site du CICR, 1996.
  4. Voir cinq tableaux faisant partie du « Legs Jean-Jacques de Sellon », 1839, sur le site des Collections des MAH en ligne : Georges Chaix (1784-1834), La Délivrance de Bonivard à Chillon par les troupes bernoises, 1824 ; Jean-Léonard Lugardon (1801-1884), La Délivrance de Bonivard, 1824 ; une huile de Pieter Jacobsz van Laer (1592-1642) ; Le Triomphe de David, vers 1645 - 1650, attribué à Andrea Vaccaro (1598-1670) ; Le Martyre de saint Sébastien, avant 1640, attribué à Giovanni Domenico Cerrini (1609-1681). D'autres œuvres sont visibles en élargissant la recherche.

Voir aussi

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Articles connexes

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Sociétés de paix

Liens externes

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