La faille SQLi, abréviation de SQL Injection, soit injection SQL en français, est un groupe de méthodes d'exploitation de faille de sécurité d'une application interagissant avec une base de données. Elle permet d'injecter dans la requête SQL en cours un morceau de requête non prévu par le système et pouvant en compromettre la sécurité.

Types d'injections SQL

Il existe plusieurs types d'injection SQL :

Exemple

Considérons un site web dynamique (programmé en PHP dans cet exemple) qui dispose d'un système permettant aux utilisateurs possédant un nom d'utilisateur et un mot de passe valides de se connecter. Ce site utilise la requête SQL suivante pour identifier un utilisateur :

SELECT uid FROM Users WHERE name = '(nom)' AND password = '(mot de passe hashé)';

L'utilisateur Dupont souhaite se connecter avec son mot de passe « truc » hashé en MD5. La requête suivante est exécutée :

SELECT uid FROM Users WHERE name = 'Dupont' AND password = '45723a2af3788c4ff17f8d1114760e62';

Attaquer la requête

Imaginons à présent que le script PHP exécutant cette requête ne vérifie pas les données entrantes pour garantir sa sécurité. Un hacker pourrait alors fournir les informations suivantes :

La requête devient :

SELECT uid FROM Users WHERE name = 'Dupont';--' AND password = '4e383a1918b432a9bb7702f086c56596e';

Les caractères -- marquent le début d'un commentaire en SQL. La requête est donc équivalente à :

SELECT uid FROM Users WHERE name = 'Dupont';

L'attaquant peut alors se connecter sous l'utilisateur Dupont avec n'importe quel mot de passe. Il s'agit d'une injection de SQL réussie, car l'attaquant est parvenu à injecter les caractères qu'il voulait pour modifier le comportement de la requête.

Supposons maintenant que l'attaquant veuille non pas tromper le script SQL sur le nom d'utilisateur, mais sur le mot de passe. Il pourra alors injecter le code suivant :

L'apostrophe indique la fin de la zone de frappe de l'utilisateur, le code « or 1 » demande au script si 1 est vrai, or c'est toujours le cas, et -- indique le début d'un commentaire.

La requête devient alors :

SELECT uid FROM Users WHERE name = 'Dupont' AND password = '' or 1 --';

Ainsi, le script programmé pour vérifier si ce que l'utilisateur tape est vrai, il verra que 1 est vrai, et l'attaquant sera connecté sous la session Dupont.

Solutions

Échappement des caractères spéciaux

La première solution consiste à échapper les caractères spéciaux contenus dans les chaînes de caractères entrées par l'utilisateur.

En PHP on peut utiliser pour cela la fonction mysqli_real_escape_string, qui transformera la chaîne ' -- en \' --. La requête deviendrait alors :

SELECT uid FROM Users WHERE name = 'Dupont\' -- ' AND password = '4e383a1918b432a9bb7702f086c56596e';

L'apostrophe de fin de chaîne ayant été correctement dé-spécialisée en la faisant précéder d'un caractère « \ ».

L'échappement peut aussi se faire (suivant le SGBD utilisé) en doublant les apostrophes.

La marque de commentaire fera alors partie de la chaîne, et finalement le serveur SQL répondra qu'il n'y a aucune entrée dans la base de données correspondant à un utilisateur Dupont' -- avec ce mot de passe.

La fonction addslashes ne suffit pas pour empêcher les injections via les variables numériques, qui ne sont pas encadrées d'apostrophes ou de guillemets dans les requêtes SQL. Exemple avec la requête :

SELECT ... FROM ... WHERE numero_badge = $numero AND code_4_chiffre = $code;

qui réussit lorsque la variable $numero contient 0 or 1 --. Une précaution est d'utiliser la fonction ctype_digit pour vérifier les variables numériques des requêtes. On peut aussi forcer la transformation de la variable en nombre en la faisant précéder d'un transtypeur, comme (int) si on attend un entier (la chaîne 0 or 1 -- sera alors transformée en l'entier 0 et l'injection SQL échouera).

La fonction addslashes possède elle-même quelques failles sur certaines versions de PHP qui datent. De plus, elle échappe uniquement les caractères « \ », « NULL », « ' » et « " ». Il serait plus approprié d'utiliser la fonction mysqli_real_escape_string qui échappe justement les caractères spéciaux d'une commande SQL (NULL, \x1a, \n , \r , \, ', " et \x00).

Utilisation d'une requête préparée

La seconde solution consiste à utiliser des requêtes préparées : dans ce cas, une compilation de la requête est réalisée avant d'y insérer les paramètres et de l'exécuter, ce qui empêche un éventuel code inséré dans les paramètres d'être interprété.

De nombreux frameworks sont équipés d'un ORM qui se charge entre autres de préparer les requêtes.

Comment éviter ces attaques

Ces attaques peuvent être évitées de plusieurs façons :

  1. Utiliser des procédures stockées, à la place du SQL dynamique. Les données entrées par l'utilisateur sont alors transmises comme paramètres, qui, s'ils sont correctement utilisés par la procédure (par exemple injectés dans une requête paramétrée), évitent l'injection ;
  2. Vérifier de manière précise et exhaustive l'ensemble des données venant de l'utilisateur. On peut, par exemple, utiliser une expression rationnelle afin de valider qu'une donnée entrée par l'utilisateur est bien de la forme souhaitée, ou profiter de fonctions de transformation spécifiques au langage ;
  3. Utiliser des comptes utilisateurs SQL à accès limité (en lecture-seule) quand cela est possible ;
  4. Utiliser des requêtes SQL paramétrées (requêtes à trous envoyées au serveur SQL, serveur à qui l'on envoie par la suite les paramètres qui boucheront les trous), ainsi c'est le SGBD qui se charge d'échapper les caractères selon le type des paramètres.

En PHP

Les « magic quotes » étaient utilisées par défaut dans la configuration de PHP. Elles permettaient qu'un caractère d’échappement soit automatiquement placé devant les apostrophes et guillemets dangereux.

Certaines failles de sécurité et la disparition de magic_quotes_gpc dans PHP5.4 incitent à remplacer cette option par les solutions ci-dessus : la fonction mysqli_real_escape_string, les classes PHP Data Objectsetc.

Exemples

Dans la fiction

Dans le roman Une place à prendre (2012) de J. K. Rowling, c'est grâce à une injection SQL que trois adolescents parviennent à pirater un serveur informatique et à diffamer plusieurs personnes de leur petite ville, créant ainsi d'importantes remises en question.

Notes et références

  1. (en) « Guesswork Plagues Web Hole Reporting », SecurityFocus, .
  2. (en) « WHID 2005-46: Teen uses SQL injection to break to a security magazine web site », Web Application Security Consortium, (consulté le ).
  3. (en) « WHID 2006-27: SQL Injection in incredibleindia.org », Web Application Security Consortium, (consulté le ).
  4. (en) Alex Papadimoulis, « Oklahoma Leaks Tens of Thousands of Social Security Numbers, Other Sensitive Data », The Daily WTF, (consulté le ).
  5. (en) « US man 'stole 130m card numbers' », BBC, (consulté le ).
  6. (en) Royal Navy website attacked by Romanian hacker, BBC News, 8-11-10[Quand ?], Accessed November 2010.
  7. (en) Sam Kiley, « Super Virus A Target For Cyber Terrorists », (consulté le ).
  8. (en) « Hacker breaks into Barracuda Networks database ».
  9. (en) « LulzSec hacks Sony Pictures, reveals 1m passwords unguarded », electronista.com, .
  10. (en) Chenda Ngak. "Yahoo reportedly hacked: Is your account safe?", CBS News. 12 juillet 2012. Consulté le 16 juillet 2012.
  11. (en) Jamie Yap, « 450,000 user passwords leaked in Yahoo breach | ZDNet », ZDNet,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Sébastien Gavois, « Yahoo annonce le vol de données de plus d'un milliard de comptes », Next INpact,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. Florian Reynaud, « Le piratage de Yahoo! est le plus important vol de données de l’histoire », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes