Hubert Pernot
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Université de Paris
Institut de phonétique (d)
Musée de la parole et du geste (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Hubert Pernot, né le à Froideconche en Haute-Saône et mort le à Paris 14e, est un linguiste français, helléniste spécialiste de grec moderne, professeur d'université. Il a réalisé trois missions de collectes de chansons et de musiques populaires, en Roumanie, en Tchécoslovaquie et en Grèce, et il joue un rôle important dans le développement du Musée de la parole et du geste à Paris.

Biographie

Formation

Hubert Octave Célestin Pernot effectue ses études secondaires aux collèges de Luxeuil et de Gray, jusqu'au baccalauréat ès lettres ; sa mère, Octavie Céleste, née Haaz (1847-1906), est professeur de français à Athènes : Hubert Pernot s'y rend pendant les vacances et y apprend le grec.

Il est élève de l'École des Langues orientales, puis intègre l'École pratique des hautes études en 1889. Il étudie à la Faculté des lettres de Paris, où il suit l'enseignement de l’abbé Jean-Pierre Rousselot pour la phonétique expérimentale, d'Émile Legrand pour la philologie et la science des textes, et de Jean Psichari pour l’histoire du grec et la dialectologie néo-hellénique. Il est diplômé de l'École des Langues Orientales en grec moderne en 1893, licencié ès lettres en 1895, docteur ès lettres en 1908[1].

En 1898 et 1899, à l'instigation de Jean-Pierre Rousselot, il effectue ses premiers enregistrements de la langue et des traditions grecques sur l’île de Chio, à l’aide d’un petit graphophone[2].

Il épouse le à Arnhem aux Pays-Bas Nicolette Tetterode, née à Amsterdam[3] ; le couple aura trois filles[1].

Carrière

Hubert Pernot entame sa carrière universitaire en tant que répétiteur de grec moderne à l’École des Langues Orientales de 1895 à 1912 ; il soutient sa thèse en 1907 sur la phonétique des parlers de Chio. En 1912, il est nommé maître de conférences chargé du cours de langue et littérature grecques modernes (fondation du Gouvernement hellénique) à la Faculté des lettres de Paris ; de 1924 à 1930 il est maître de conférences de phonétique et directeur de l’Institut de Phonétique et des Archives de la Parole, fondé par le linguiste Ferdinand Brunot ; il succède à Jean Poirot, et sera remplacé par Pierre Fouché[4],[5],[2]. Il gère le déménagement de l'Institut de la Sorbonne au 19 rue des Bernardins, ainsi que la mise en place de nouveaux statuts en 1927, pour transformer l'Institut en un « Musée de la Parole et du Geste » ; la notion de « geste » fait référence au projet d'associer image et son, en joignant des archives cinématographiques aux archives sonores. Le projet est amorcé par un partenariat avec Léon Gaumont[6],[7], mais aucune trace n'en subsiste[4].

Hubert Pernot réalise trois missions de collectes de chansons et de musiques populaires, en Roumanie en 1928, en Tchécoslovaquie en 1929 et en Grèce en 1930 ; dans ce dernier pays, avec l'aide du Centre des Archives ethnologiques musicales d’Athènes, il réalise une campagne phonographique d’envergure du patrimoine oral et musical grec, et constitue une collection de 222 disques répertoriant 573 chansons de tous genres (chants de fiançailles, de mariage, de fêtes, de moissons, de vendanges ; chants de bergers ; chansons historiques ; chants religieux de la tradition byzantine) et représentatifs des différentes régions grecques, la moitié interprétées par des chanteurs originaires des régions grecques les moins explorées jusque là (Thrace et Asie Mineure notamment) ; le poète Kostís Palamás et le musicologue Simon Karas, spécialiste de la musique byzantine, sont également enregistrés[2],[8]. Pernot met en place à Athènes un « Syllogue pour l'enregistrement des chansons populaires »[9] et des « Archives musicales du folklore »[1].

En 1930, il est nommé professeur de grec post-classique et moderne et de littérature néo-hellénique à l'Institut néo-hellénique à la Sorbonne, une chaire fondée en commun par le gouvernement grec et l’Université de Paris afin d'approfondir les relations culturelles entre les deux pays ; il dirige l'Institut néo-hellénique jusqu'à sa retraite en 1938[10].

Outre ses fonctions universitaires, Hubert Pernot est le fondateur et l'éditeur, avec l'abbé Rousselot, de la Revue de phonétique, première revue publiée en France à être entièrement consacrée à la phonétique et à ses applications : elle paraît de 1911 à 1914, le déclenchement de la Première Guerre mondiale interrompant sa publication ; Pernot tente de la relancer en 1928 mais elle s'arrête en 1929. En 1915, il donne également des cours de grec moderne aux lycéens destinés à partir pour l'Armée d'Orient[1]. Il est le directeur de la collection néo-hellénique aux éditions Guillaume Budé (18 volumes dont 9 signés par lui)[11]. Il est le fondateur et directeur de deux collections créées en 1925 et éditée par Les Belles-Lettres : la Collection de l’Institut néo-hellénique (15 volumes) et la collection Le monde hellénique (8 volumes).

Fin de vie

Hubert Pernot se retire en 1939 dans une maison de campagne à Torteron dans le Cher.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, sa maison est mise à sac par les troupes allemandes en 1940 et sa bibliothèque pillée et en grande partie détruite[12]. Sa fille Hélène rejoint la Résistance  ; arrêtée, elle est déportée au camp de concentration de Ravensbrück, où elle est assassinée[3],[13].

Après la fin de la guerre, il est hébergé avec son épouse à la Cité internationale universitaire à Paris en tant que membre du conseil d'administration du Collège néerlandais ; il y meurt le [3].

Distinctions

Hubert Pernot est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1937. Il est lauréat de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (1909) ainsi que de l'Association des études grecques[11].

Publications

Hubert Pernot a écrit un nombre important d’articles et d’ouvrages. Ses principaux ouvrages, écrits seuls ou en collaboration, sont listés ci-dessous ; il a publié des articles dans l'Annuaire de l’École pratique des Hautes-Études, les Mémoires de la Société linguistique de Paris, la Revue des études grecques, la Revue critique d’histoire et de littérature, la Revue de linguistique et de philologie comparée et la Revue de phonétique.

Éditions de textes

Collecte de chansons et de musiques populaires

Études

Linguistique et phonétique du grec

Ouvrages bibliographiques

Travaux sur l'histoire et la langue de la Bible

Notes et références

  1. a b c et d Christophe Charle 1986.
  2. a b et c « Mission phonographique en Grèce (1930) », sur Gallica.
  3. a b et c « Hubert Pernot », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, no 2,‎ , p. 8-11 (lire en ligne Accès libre).
  4. a et b Pascal Cordereix, « Les fonds sonores du département de l'Audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France », Le Temps des médias, vol. 2, no 5,‎ , p. 253-264 (lire en ligne Accès libre [PDF]).
  5. « Encyclopédie sonore », L'Information universitaire : journal hebdomadaire, no 838,‎ , p. 1 et 3 (lire en ligne Accès libre).
  6. Hubert Pernot, Rapport sur L’Institut de phonétique, Musée de la Parole et du Geste, 1925 – 1930, Paris, Imprimerie administrative centrale, 1931, p. 15.
  7. Daniel Renoult et Jacqueline Melet-Sanson, La Bibliothèque nationale de France : collections, publics, services, Paris, Cercle de la Librairie, , 238 p. (ISBN 2-7654-0820-3), p. 55-56.
  8. Magdalini Varoucha 2021.
  9. Mélpō Merlié, Essai d'un tableau du folklore musical grec. Le syllogue pour l'enregistrement des chansons populaires, Athènes, J. N. Sidéris, , 64 p..
  10. André Mirambel 1947.
  11. a et b Christophe Charle, « 84. Pernot (Hubert, Octave) », Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, vol. 2, no 2,‎ , p. 168–170 (lire en ligne, consulté le )
  12. Martine Poulain, « Les spoliations des bibliothèques privées par les nazis en France : des milliers de personnes victimes d’un vol de masse », dans Saisies, spoliations et restitutions : archives et bibliothèques au XXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-1996-1, lire en ligne Accès libre), p. 229-240.
  13. Hubert Pernot, « Les crimes allemands à Ravensbrück », Le Journal du Centre,‎
  14. Marcel Marnat, Maurice Ravel, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 828 p. (ISBN 2-213-01685-2, BNF 43135722), p. 191-192, 740-742, 745-746.
  15. Sévérien Salaville, « H. Pernot, Études de littérature grecque moderne, Paris, J. Maisonneuve, 1916 [compte-rendu] », Échos d'Orient, vol. 18, no 116,‎ , p. 429-431 (lire en ligne Accès libre).
  16. R. Bousquet, « H. Pernot : La dissimilation du Σ intervocalique dans les dialectes néo-grecs [compte-rendu] », Échos d'Orient, vol. 9, no 58,‎ , p. 190 (lire en ligne Accès libre [PDF]).
  17. André Mirambel, « Pernot (Hubert). Études de linguistique néo-hellénique, t. II. Morphologie des Parlers de Chio ; t. III. Textes et Lexicologie des Parlers de Chio (Collection de l'Institut Néo-Hellénique de l'Université de Paris, volumes V et VI). Paris, Les Belles Lettres, 1946 [compte-rendu] », Revue des Études Grecques, vol. 59-60, nos 279-283,‎ , p. 530-531 (. https://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1946_num_59_279_3105_t2_0530_0000_4 Accès libre).
  18. Maurice Goguel, « Hubert Pernot, Pages choisies des Evangiles, littéralement traduites de l'original et commentées à l'usage du public lettré, Paris, Société d'éditions « Les Belles Lettres », 1925 [compte-rendu] », Revue d'histoire et de philosophie religieuses, no 2,‎ , p. 185-190 (lire en ligne Accès libre).

Bibliographie