À partir de son expérience au contact des patients borderline, il élabore le concept d’un espace psychique, sur le modèle de la poche du kangourou, où la personne se réfugie jusqu’à ce qu’elle trouve un espace personnel distinct de celui de la mère[6].
John Steiner reprend ce concept et y fait référence dans son livre Retraits psychiques. Organisation pathologiques chez les patients psychotiques, névrosés et borderline[7]. Selon lui, le retrait psychique peut être considéré comme une régressionschizoïde au sens donné par Fairbairn[8], le patient borderline cherchant à fuir le contact avec lui-même et avec ses objets. Steiner se réfère ici aux théories d' Henri Rey, à qui il rend hommage[9], car Rey a théorisé l'idée d'un espace "marsupial", sorte de continuum avec l'état avant la naissance. La « personnalité charnière » décrite par Henri Rey aurait le sentiment d'en avoir été chassé trop tôt et chercherait à le retrouver, notamment dans la situation psychanalytique. C'est là que s'éclaire l'origine du retrait sur lequel vient se greffer la dialectique « claustro-agoraphobique » : le retrait est un lieu sûr lorsque le patient est au-dehors du refuge, mais menaçant lorsqu'il est dedans parce qu'enfermant et persécutoire.
Henri Rey est un des premiers analystes à avoir décrit les angoisses et les pensées des patients borderline, et a développé quelques-unes des idées les plus originales et créatives trouvées à l'interface entre la psychanalyse, la psychiatrie et d'autres disciplines[10]. Marie Rhode recense l'ouvrage majeur d'Henri Rey, saluant le développement de ses concepts à la suite des articles qu'il a déjà produits, et où elle voit l'aboutissement de sa pensée sur les patients borderline de même que sur la prise en charge des personnes autistes[11].
Ses théories sont également prises en compte dans le champ de la clinique des personnes sans domicile fixe[12].
Liberté et processus de pensée psychotique, La Vie Médicale au Canada Français, n° 4, pp. 1046-1060, 1975.
Féminité, sexualité et espace intérieur, inédit, 1976 ?
Schizoid phenomena in the borderline, collectif avec Patient, Le Boit J. and Capponi A., Advances in the Psychotherapy of the Borderline, éd. Jason Aronson, New York, 1978.
The schizoid mode of being and the space-time continuum (Beyond metaphor), Journal of the Melanie Klein Society, n° 4, pp.12-52, 1986.
Psycholinguistics, object relations and the therapeutic process, Journal of the Melanie Klein Society, n° 4, pp. 5-35, 1986.
Reparation, Journal of the Melanie Klein Society, n° 4, pp. 5-35, 1986.
That which Patients Bring to Analysis, International Journal of Psychoanalysis n° 69, pp.457-470, 1988.
Universaux de psychanalyse dans le traitement des états psychotiques et borderline (facteurs spatio-temporels et linguistiques), éd. Hublot, Préf. Alain Braconnier, trad d'Élisabeth Baranger, 2000 (ISBN2912186129)
((en)Universals of Psychoanalysis in the Treatment of Psychotic and Borderline States. Factors of Space-time and Language, Free Association Books, 1994.
John Steiner : Retraits psychiques. Organisation pathologiques chez les patients psychotiques, névrosés et borderline, 1996, PUF, Fil rouge (ISBN2130477585)
↑ ab et cMichael Feldman, "Joseph Henri Rey: Obituary", The Psychiatrist" (2000) 24: 478-479.
↑ ab et c(en) Michael Feldman, « Joseph Henri Rey: Formerly Consultant Psychiatrist, Bethlem Royal and Maudsley Hospitals 1912-2000 », The Psychiatrist, vol. 24, no 12, , p. 478–479 (ISSN1758-3209 et 1758-3217, DOI10.1192/pb.24.12.478, lire en ligne, consulté le )
↑(en) « PsycNET », sur psycnet.apa.org (consulté le )
↑Mrs Maria Rhode, « Links between Henri Rey's thinking and psychoanalytic work with autistic children », Psychoanalytic Psychotherapy, vol. 9, no 2, , p. 149–155 (ISSN0266-8734, DOI10.1080/02668739500700161, lire en ligne, consulté le )