Les facteurs de production sont les ressources mises en œuvre dans la production de biens et de services, par exemple les machines et travailleurs.

Concept

Chez les physiocrates

L'école physiocratique se fonde sur une analyse des facteurs de production. Elle considère que la terre est la ressource naturelle fondamentale, et donc le facteur de production principal. C'est, selon elle, la seule source de la croissance économique[1]. Le point de vue physiocrate est d'autant plus facile à défendre par ses tenants de l'époque que la France, où naît ce courant de pensée, est à l'époque très majoritairement agraire[2].

Le travail de la terre est valorisé. Le capital l'est moins et n'est pas rangé dans la catégorie des facteurs de production ; les auteurs physiocrates reconnaissent toutefois l'importance de l'investissement en ce qu'il influe sur la productivité du sol[3].

Chez les classiques

Les économistes de l'école classique retenaient deux facteurs de production, formalisés par Adam Smith : le capital et le travail. Smith, toutefois, fonde toute sa pensée sur le travail comme étant l'unique facteur de production, et le capital comme n'étant qu'un dérivé du travail. Le travail est d'autant plus facilement appareillé à une production qu'il est libre. Lorsque la richesse générée par le travail s'accumule, se forme alors le capital (voir Accumulation du capital)[4].

Adam Smith résume ainsi que le travail est « facteur nécessaire de la production. Il s'exerce d'abord exclusivement sur les agents naturels, et en particulier sur la terre ; puis son produit arrive à excéder les fonds nécessaires à la subsistance, il s'accumule et se crée ainsi un nouvel auxiliaire pour la production. Cet auxiliaire n'est autre chose que du travail accumulé ; c'est ce qu'on a nommé le capital »[5].

Chez Marx

Les facteurs de production sont définis par Karl Marx dans son ouvrage Le Capital : ils sont composés de la main-d’œuvre, des sujets du travail et des instruments de travail. Le terme équivaut donc aux moyens de production, auxquels on ajoute la main-d'œuvre. On désigne souvent les facteurs de production comme « les terres, la main-d’œuvre et le capital » dans les ouvrages économiques inspirés de l’École classique. Marx a parfois utilisé le terme de « forces productives » comme synonyme de « facteurs de production ». Dans Le Capital, il emploie le terme de « facteurs de production » dans la préface de Critique de l’économie politique.

Chez Keynes

John Maynard Keynes soutient que le travail est le seul véritable facteur de production[6]. Selon lui, « la technique, les ressources naturelles, l'équipement et la demande effective constitu[e]nt le milieu déterminé où ce facteur opère »[7].

Chez les économistes contemporains

Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (juin 2022). Pour l'améliorer, ajoutez des références de qualité et vérifiables (comment faire ?) ou le modèle ((Référence nécessaire)) sur les passages nécessitant une source.

Aujourd'hui, les économistes ne retiennent que ces deux facteurs de production, capital et travail[8]. Le facteur capital se décompose en plusieurs sous-éléments :

Pour simplifier, les quatre principaux facteurs de production apparaissent de nos jours être les suivants[8] :

Les experts estiment que le capital immatériel représente entre 60 et 70 % de la valeur des entreprises. Certains mettent la connotation de ce quatrième facteur dans le concept de management[9]

L'investissement permet d'augmenter le volume des facteurs de production. La formation peut être considérée comme une forme d'investissement, puisqu'elle augmente les capacités du travailleur.

Optimisation des facteurs, productivité, développement

Dans une économie fondée sur la rareté relative (les ressources existent, mais en quantités limitée), la combinaison optimale de ces éléments pour chaque produit ou service offert sur le marché détermine ce qu'on appelle généralement l’intensité des facteurs. On parle ainsi, concernant la quantité de capital utilisée par unité produite, d’intensité capitalistique.

Dans une économie dynamique (c'est-à-dire en changement permanent), la croissance économique est assurée :

On parle donc selon le cas de meilleure productivité du travail, ou de meilleure allocation des ressources ou des facteurs.

En considérant le PIB comme une fonction du capital et du travail, la croissance résulte de trois paramètres :

Les nouvelles théories de la croissance[11] et du développement économique s'efforcent de faire de la productivité un facteur endogène, que l'on explique par des variables telles que :

Débats et critiques

La critique de gauche de la conceptualisation des facteurs de production par la science économique pointe du doigt une confusion qui serait réalisée entre les facteurs (les agents) et les moyens (les objets) de production. En levant cette confusion, l'approche agent-objet fait apparaître que seul le travail humain est un facteur (c'est-à-dire un agent) de production car le capital non-financier n'est qu'un moyen de production, et doit par conséquent être classé dans la catégorie des biens & services. Aussi, dans une telle perspective, le capital financier n'est ni facteur ni moyen de production, il n'est que la contrepartie comptable ou juridique des biens & services de consommation/production[12].

Notes et références

  1. Raymond Barre et André Marchal, Économie politique, Presses universitaires de France, (lire en ligne)
  2. Alain Mounier, Théories économiques de la croissance agricole, Quae, (ISBN 978-2-7592-1553-9, lire en ligne)
  3. Joaquim Guerreiro, Essai sur la philosophie des sciences d'observation: une comparaison de l'économie et de la physique, Slatkine, (ISBN 978-2-05-101656-8, lire en ligne).
  4. Albert Delatour, Adam Smith: sa vie, ses travaux, ses doctrines, Guillaumin et cie, (lire en ligne)
  5. Adam Smith, Adam Smith - Œuvres: Classcompilé n° 62, lci-eBooks, (ISBN 978-2-918042-34-1, lire en ligne)
  6. Olivier Briffaut, Capital et Monnaie, Éditions Le Manuscrit, (ISBN 978-2-7481-2935-9, lire en ligne).
  7. Gérard Duménil, Marx et Keynes face à la crise, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-16935-6, lire en ligne).
  8. a et b Marc Montoussé, Analyse économique et historique des sociétés contemporaines, Paris, Bréal, , 637 p. (ISBN 978-2-7495-0658-6), p. 16.
  9. Leif Edvisson, Mickaël Malone, Le capital immatériel de l'entreprise. Identification, mesure, management, Paris, Maxima, , 276 p. (ISBN 2-84001-195-6).
  10. a et b J.F. Bocquillon et M. Mariage, Économie générale : première G, Paris, Éditions Bordas, , 212 p. (ISBN 2-04-018961-0), p. 9.
  11. Cf. modèles de la croissance endogène (Paul Romer et Robert Lucas). Bien que ces théoriciens appartiennent à l'école néo-classique, ils ne contestent pas l'influence positive que les gouvernements nationaux peuvent avoir dans la réalisation de la croissance !
  12. « Développement durable », sur allocation-universelle.net (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes