Naissance | |
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Décès |
(à 54 ans) 12e arrondissement de Paris |
Nom de naissance |
Dumitru Văbănescu |
Nationalité | |
Activités |
Mouvement |
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Dimitri Varbanesco (Giurgiu, Paris 12e, [1]) est un peintre d'origine roumaine appartenant à la nouvelle École de Paris.
Dimitri Varbanesco dessine très jeune. À Giurgiu, dans la nuit du 15 août 1916, il assiste au bombardement par l'armée allemande des réservoirs de pétrole du port et à l'incendie qu'il provoque de leur « puissance mythique » à quelques centaines de mètres de sa maison[2]. Au lycée son professeur de français lui fait connaître la littérature française et le surréalisme[3]. En 1926 son père, pour le récompenser d'avoir réussi à un examen, lui fait donner pendant les vacances quelques leçons par le peintre A. Strambu qui avait lors d'un séjour parisien fréquenté les artistes de l'école de Barbizon. Il commence à dessiner des décors de théâtre pour Lucian Blaga et des « portraits synthétiques », notamment de Franz Kafka, Karel Čapek, Urmuz[4] et Charles Dullin.
Quittant en 1929 la Roumanie sous le prétexte de suivre les études de Droit en France que lui conseille son père en vue d'une carrière de diplomate[5], Varbanesco s'installe à Grenoble où il s'inscrit à l'automne à la faculté de Droit[6] en continuant de peindre. Il y reste de nombreuses années, encouragé par Andry-Farcy, alors conservateur du musée[7]. Il rencontre en 1934, lors d'une soirée houleuse durant laquelle il parle du surréalisme[8], Suzanne Verdun qu'il épousera en 1955. En 1936 il est l'un des fondateurs à Grenoble des Cahiers ligures, publie un article sur « Le problème de la matière »[9] et écrit plusieurs contes[10] qu'il illustre, ainsi que Zalacaîn l'aventurier de Pío Baroja.
Aux côtés notamment de ses amis Jean Bertholle, Jean Le Moal, Étienne-Martin, François Stahly et Lucien Beyer, Dimitri Varbanesco participe à partir de novembre 1936 à toutes les expositions du groupe Témoignage animé à Lyon par Marcel Michaud[11] puis à des expositions de la Galerie Folklore de Michaud en 1946 et 1949.
Pour la décoration de la salle de théâtre du Sanatorium des étudiants de France de Saint-Hilaire-du-Touvet, en Isère, Varbanesco réalise en 1937 et 1938 deux peintures, La Forêt en marche (325 × 355 cm) et Le Sacre du printemps (327 × 355 cm, déposé en 2011 au Musée des Années Trente de Boulogne-Billancourt[12]). En 1938 il illustre La vie d'Adrien Zograffi de Panaït Istrati et son dessin Secret pour opérer un tremblement de terre (1934) est exposé à la librairie GLM aux côtés d'œuvres, notamment, de Dalí, Bellmer, Man Ray et Tanguy. Cinq autres dessins de Varbanesco figurent en mars 1939 dans le neuvième cahier des éditions GLM (textes de Lewis Carroll, Maurice Blanchard, Joë Bousquet, Raymond Roussel, Michel Leiris). Sa peinture La Femme et la Bête est reproduite la même année dans le deuxième numéro de la revue Le Poids du monde que Marcel Michaud consacre au groupe Témoignage (p. 70). La revue Confluences de René Tavernier publie en 1944 son essai «¨Peinture de formes et peinture d'expression »[13]. Il est alors est en relations avec André Breton[14].
Dimitri Varbanesco et sa compagne Suzanne Verdun, infirmière à l'hôpital de Grenoble, qu'il épouse en 1955, achètent dès 1947 une maison à Saint-Restitut, dans le sud de la Drôme[6]. En 1950 Le Temps de la Poésie de Guy Lévis Mano présente dans son cinquième numéro des dessins de Varbanesco, qui compose l'année suivante la couverture du quatrième numéro (juin 1951) de la revue Constantes, dirigée par Marcel Michaud et André-Charles Gervais. En 1951 Varbanesco expose à Paris à la galerie M.A.I. La revue Abordages reproduit en 1952 des burins qu'il a réalisés pour Les Chants de Maldoror[15]
Dimitri et Suzanne Varbanesco s'installent à Paris en 1955 au 10 rue Beaugrenelle, Suzanne Varbanesco continuant d'y travailler à l'hôpital et assurant ainsi au couple un revenu modeste. Varbanesco y meurt le 2 mai 1963 à l'hôpital Saint-Antoine. Ses obsèques ont lieu le 5 mai à Saint-Restitut où il séjournait durant l'été[16].
Dans l'un de ses ouvrages Jean Duraz met en scène en 1979 sous des pseudonymes la plupart des acteurs du groupe Témoignage, notamment Varbanesco sous le nom de Barva[17].
Après la mort du peintre en 1963 Suzanne Varbanesco (1912-1999)[18], qui s'est elle-même tournée vers la peinture et la tapisserie[19],[20], donne en 1968, à l'occasion d'une exposition, des œuvres du peintre au musée de Bucarest[21], puis en 1987 au musée de Grenoble et en 1994 au musée d'Art et d'Archéologie de Valence des ensembles de dessins, peintures, gravures, photos et archives.
Des expositions rétrospectives de Dimitri Varbanesco sont présentées en 1965 et 1985 à Grenoble[22], en 1994 à Valence.
Varbanesco a déclaré : « Je ne suis pas surréaliste, j'ai une mythologie personnelle »[6]. D'après Maurice Wantellet, « son message est inquiet et profond, et il souhaite faire partager son angoisse devant la folie du monde ». Pour Jean Bertholle, en 1985, « Les œuvres de Varbanesco, mystérieuses et visionnaires, n'ont aucune mesure avec le surréalisme mais bien plutôt avec le surnaturalisme puisé en sa terre natale »[23].
S'inspirant des légendes ancestrales et du folklore roumain, Varbanesco crée un univers personnel dans lequel « un bestiaire fantastique composé d'animaux et de figures mythologiques vient peupler des compositions situées aux frontières du surréalisme et du cubisme, entre figuration et abstraction »[6].
Selon Jean-Marie Dunoyer, « Hanté par la tradition de la Dacie hyperboréenne, Varbanesco se crée une mythologie personnelle assez voisine du surréalisme. C'est la confusion des règnes dans un monde onirique et cruel. La forêt se met en marche, les sacrificateurs à têtes d'oiseaux font la loi. Un bestiaire fabuleux est régenté par les chevaux, les taureaux, les rapaces »[24]. Dans cette création « « d'objets vivants et d'êtres inanimés » (Louis Parrot (...) se succèdent les métamorphoses, (...) s'affirme la confusion des règnes »[25].
Les recherches ultérieures de Varbanesco aboutissent « à de savantes dislocations des formes (Le Coq et la Poule, 1947), à la décomposition de la lumière, à des transpositions voisines de l'abstraction », observe Jean-Marie Dunoyer[25] : « Peu à peu, la facture se modifie, la composition se fragmente en triangles aux arêtes coupantes (...) Au cours des dernières années, les masses se fondent dans la lumière, dans un chatoiement de couleurs, comme les souches déchiquetées dans l'eau »[26].
En octobre 1962 sa dernière peinture, prémonitoire, a pour titre La dernière chevauchée (150 × 114 cm)[27]. Selon Suzanne Varbanesco, « Varba s'est vu mort sur un cheval effondré et lui en cavalier paysan roumain. Le cheval mort arrêté au bord du gouffre : l'homme regarde dans le vide sans crainte et des spectres de chevaux s'envolent dans le ciel. De la main droite il tient la bride du cheval et de la main gauche part une énorme flamme qui illumine le ciel »[3].
Varbanesco a réalisé plusieurs séries d'estampes, pointes-sèches, eaux-fortes, burins et linogravures. Il a également gravé sur bois et sur d'anciennes plaques photographiques mises au rebut par l'hôpital où travaillait sa femme.
Sa presse à gravure (presse, 50 × 65,5 × 79 cm; table, 74 × 84 × 101 cm) a été donnée par Suzanne Varnanesco en 1989 à l'ACMAD (Association pour la création d'un Musée des artistes dauphinois) qui en a elle-même fait don au musée de Grenoble (n° inventaire MG 2017-1-164).
À partir de 1963 des tentures brodées ont été réalisées par Suzanne Varbanesco d'après des œuvres de son mari, notamment :