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(à 67 ans) Princeton |
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Daniel Schlumberger, né le à Mulhouse (Haut-Rhin) et mort le à Princeton (New Jersey), est un archéologue français.
Issu d’une famille de la bourgeoisie protestante d’Alsace, Daniel Schlumberger est le fils de Paul Schlumberger et d'Élisabeth Schoen, et le frère du créateur de bijoux Jean Schlumberger. Il réalise ses études secondaires au lycée de Mulhouse, sous le régime allemand. Imprégné de cette double culture franco-allemande, par son éducation et son bilinguisme, il prépare ensuite une Licence d’Histoire et Géographie à l’Université de Strasbourg[1].
Durant son cursus universitaire, l’étudiant est curieux sur de multiples domaines. Élève de l’archéologue et helléniste Paul Perdrizet, il développe une attirance particulière pour l’histoire ancienne et l’archéologie[1].
En 1925, Daniel Schlumberger quitte la France et rejoint le Service des Antiquités de la Syrie et du Liban dans le cadre de la mission Perdrizet. Celle-ci vise à établir une carte archéologique ainsi qu’un programme de fouilles sur la région. L'équipe se constitue des archéologues Paul Perdrizet, Henri Seyrig et Daniel Schlumberger, et parvient à établir des découvertes sur l'époque assyrienne près du fleuve Euphrate, en fouillant les sites de Til-Barsip et de Arslan Tash[2].
En 1929, Henri Seyrig, nouveau directeur du Service des Antiquités de la Syrie et du Liban, propose à Daniel Schlumberger de le rejoindre au titre d'inspecteur du Service. Il entame sa carrière d'archéologue par des recherches sur l'architecture des colonnes antiques de la région de Palmyre. Il parvient à démontrer l'influence grecque hellénistique des chapiteaux corinthiens et à réfuter l'idée que leurs styles dérivaient de l’architecture impériale romaine[2].
L'archéologue se concentre ensuite sur la ville de Palmyre, où il étudie l'organisation politique, économique et religieuse de la cité. Il poursuit ses investigations aux alentours en entamant une série de prospections terrestres et aériennes, sur un territoire jusqu'alors méconnu par les archéologues. S'appuyant sur les indices que révèlent les photographies aériennes prises par l'Aviation militaire du Levant, il fait la découverte de villages, de fortins, et de lieux de culte clarifiant progressivement l'histoire de la Palmyrène. Cette série d'exploration a été le sujet de sa thèse intitulée Palmyrène du Nord-Ouest, présentée en 1950 à la Sorbonne[3].
En 1936, il entame les fouilles du site de Qasr el-Heir el-Gharbi (Syrie)[4]. Il atteste l'existence de trois bornes frontières comportant des dédicaces à l'empereur romain Hadrien ou à ses prédécesseurs[5]. Sur ce même lieu, les vestiges d'un château du califat omeyyade, datant du VIIIe siècle, sont retrouvés. Daniel Schlumberger témoigne de cette découverte majeure, lors d'une conférence à l'Université de Strasbourg en 1962 :
« Nous avons appris subitement que le plus ancien art musulman, l'art de la Syrie au début du VIIIe siècle, l'art du califat omeyyade, est très différent de l'art musulman "classique", de l'art de la Mésopotamie du milieu du IXe siècle, de l'art du califat abbasside. » [6]
Au début de la seconde guerre mondiale, Daniel Schlumberger est mobilisé dans l'armée française en Syrie. En 1941, il se rallie à la France libre, après l'arrivée des troupes britanniques et françaises libres à Beyrouth (Campagne de Syrie). Il est envoyé au service de l'Information de la France libre au Congo. Durant 18 mois, il assure le poste de commentateur politique sur Radio-Brazzaville (1942-1943). Il retourne ensuite à Beyrouth, à la direction des services de Presse et de Radiodiffusion, jusqu'à la fin de la guerre[7],[8].
En 1945, Daniel Schlumberger prend la direction de la DAFA, remplaçant Alfred Foucher (1923-1945), le premier directeur de la DAFA[9].
La DAFA est reconstituée l'année suivante, en 1946[10].
À propos de sa prise de la direction de la DAFA :
"D'accord avec le gouvernement afghan, M. Schlumberger a dressé un nouveau programme de recherches qui, débutant par une prospection générale et sans négliger les époques grecque et gréco-bouddhique, s'étendra aux antiquités ghaznévides qui n'ont pas encore fait l'objet de relevés méthodiques."[11] (R.Louis, 1945)
"En 1945, lorsque j'ai pris la direction de la Délégation archéologique, j'ai accepté à mon tour la tâche avec pour principal espoir de faire des fouilles grecques. Pendant longtemps, cet espoir a été déçu."[12] (S.Daniel, 1965)
Entre-temps, il est nommé professeur à la Faculté des Lettres de Strasbourg en 1955[13] et devient membre libre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1958[14].
En 1967, Daniel Schlumberger est nommé directeur de l'institut français de Beyrouth, succédant ainsi à ce poste à son mentor Henri Seyrig[15].
Daniel Schlumberger meurt le 20 octobre 1972 à Princeton (New Jersey) à la suite d'ennuis de santé. Il ne cessa ses travaux jusqu'à sa mort[13].
En 1934, Daniel Schlumberger réalise des fouilles au Djebel el-Chaar[16].
Du 1er juin au 12 juillet 1936, Daniel Schlumberger réalise des fouilles à Qasr-el-Heir el Garbi (Palmyrène)[17].
Printemps 1947, Daniel Schlumberger mène des prospections sur le site de Bactres (Balkh)[10], un des premiers objectifs de la DAFA après sa création en 1922[18].
À la suite de prospections dans les ruines de la ville de Qala-i-Bist en 1948, un ensemble de ruines présumées ghaznévides est découvert au printemps 1949. La première campagne de fouilles sur le site dit de Lashkari Bazar a lieu au printemps 1949[19]. Daniel Schlumberger continuera à publier des notes jusqu'à la cinquième campagne de fouilles[20].
Daniel Schlumberger a participé à de nombreuses campagnes de fouilles sur le site de Surkh Kotal entre 1952 (date de sa première publication à propos de ce site[21] et 1965 (date de sa dernière publication à propos de ce site)[22]. Il publiera des notes de la deuxième[23] à la douzième campagne de fouilles[24],[25],[26].
En 1962, Daniel Schlumberger reconnaît dans une photographie d'un site se situant sur le bord de l'Oxus un chapiteau corinthien. Toutefois, de par la position du site à la frontière nord-est de l'Afghanistan, il ne put tout de suite y réaliser des fouilles. Daniel Schlumberger ne put se rendre sur le site dit d'Aï-Khanoum qu'en novembre 1963 où il ne resta pas plus de deux heures, puis de nouveau en novembre 1964 où il put y rester avec son équipe dix jours et y effectuer des sondages[15]. Devant l'importance de ce site, il le confia à Paul Bernard[13].