Un crime capital est un crime passible de la peine de mort. L’expression est ancienne, on la retrouvait en France dans l'ordonnance criminelle de 1670, et elle se trouve toujours dans le Cinquième amendement de la Constitution des États-Unis, adopté en 1789 et toujours en vigueur.

Typologie des crimes capitaux

Les crimes capitaux sont divers. La majorité des pays appliquant la peine de mort, considèrent le meurtre aggravé comme le principal crime capital. Certains crimes capitaux ne consistent pas dans le fait de tuer directement quelqu'un mais peuvent avoir des conséquences tout aussi graves ou plus graves sur la société. C'est le cas des atteintes à l'autorité de l'État, Ethel et Julius Rosenberg ont été électrocutés pour le crime d'espionnage. Le juge Irving Kaufman avait alors déclaré qu'un « meurtre prémédité » paraissait de faible gravité comparé au crime des Rosenberg, en permettant à l'URSS d'accéder aux secrets nucléaires des États-Unis (comme beaucoup à l'époque, il leur fit également porter la responsabilité des morts de la sanglante guerre de Corée)[1].

Même si la pratique veut que les juges et les jurés prononcent la peine de mort pour certains crimes plus que d'autres (notamment l'infanticide), certains crimes font l'objet d'une spécificité légale qui fait qu'ils sont 'privilégiés' pour la peine de mort. C'est le cas du meurtre commis en prison par un condamné à perpétuité. Lorsqu'une personne purge une peine de prison « à vie », celle-ci est souvent déjà dans un établissement pénitentiaire de haute sécurité, la peine capitale est alors considérée dans ce cas rarissime par certains pays comme la seule solution à la dissuasion et à l'élimination du risque d'un second meurtre.

Une autre solution consiste à envoyer pour une durée déterminée ou à perpétuité le condamné dans une prison « supermax » où il reste seul dans sa cellule vingt-trois heures par jour.

À noter que dans l'État du Nouveau-Mexique l'appellation de capital felony fut conservée lors de l'abolition de la peine de mort pour qualifier les crimes désormais passibles de la prison jusqu'à la mort naturelle.

Peine de mort automatique

La peine de mort automatique (ou obligatoire, mandatory death sentence en anglais) signifie que la juridiction n'a pas à choisir la sentence applicable à tel ou tel crime, elle doit obligatoirement prononcer la peine de mort dès le moment où l'accusé a été reconnu coupable. C'est au pouvoir exécutif seul (gouvernement ou président) qu'il appartient alors de décider de la commutation ou de l'exécution.

La peine de mort automatique fut surtout employée au Royaume-Uni où tout meurtre entraînait une condamnation à mort jusqu'en 1957, ainsi que plusieurs cas de meurtres aggravés jusqu'à l'abolition définitive de la peine de mort en 1965. Dans la pratique, le juge émettait une recommandation concernant la grâce que le ministre de l'intérieur (The Home Secretary) respectait quasi-systématiquement.

Le système des condamnations à mort automatiques est resté dans plusieurs pays anglo-saxons, notamment au Canada jusqu'à l'abolition de la peine de mort. Le Royaume-Uni et le Canada conservent tous deux aujourd'hui des peines de prison à vie automatique pour meurtre, la gravité du crime déterminant la durée de la période de sûreté.

Aux États-Unis, les peines de mort automatiques ont également été utilisées plus modérément, avant d'être déclarées définitivement inconstitutionnelles en 1976 (Gregg v. Georgia).

Au Japon, seule l'instigation à une agression étrangère entraîne la peine de mort automatique, et en Inde seul le meurtre par un condamné à perpétuité entre également dans cette catégorie.

Singapour est l'un des derniers pays, avec notamment la Malaisie voisine, à conserver des peines de mort automatiques : elle est applicable à tout meurtre et à tout trafiquant de drogue trouvé en possession de plus de 500 g de cannabis ou de toute autre drogue en quantité inférieure. Le chef de l'État, si les preuves sont là, est alors le seul recours.

En France

En 1981

La liste des crimes capitaux en France en 1981 est assez impressionnante. S'étendant jusqu'au vol à main armée, alors que le meurtre d'enfant ne l'était que s'il était prémédité par une personne autre que la mère, concomitant ou connecté avec un autre crime ou délit ou commis par empoisonnement.

Auparavant

La loi du supprima la peine de mort pour des crimes tels que le faux-monnayage, la contrefaçon des sceaux de l'État, le complot, certains cas d'incendie et le vol nocturne avec effraction en réunion armée[3].

Avant la Révolution française, au moins 105 crimes étaient punis de mort ; citons notamment le vol aggravé, la concussion, le blasphème « énorme », la création d'une association ou d'un syndicat, l'outrage à un fonctionnaire, le duel, le détournement de fonds royaux, l'inceste, le viol, l'avortement, la mise en circulation écrite de faits inexacts ou sans le sceau royal[4]...

Aux États-Unis

Meurtre aggravé

Le meurtre au premier degré (avec préméditation ou concomitance avec une autre infraction) ne constitue pas en soi un crime capital, et doit pour cela être assorti d'une circonstance aggravante supplémentaire, sauf dans les états où la définition du meurtre au premier degré (ou meurtre capital) est déjà restreinte (comme le Texas et New-York). Le Model Penal Code de 1962 élaboré dans un objectif d'harmonisation des législations suggère lui l'application des circonstances aggravantes suivantes :

  1. L'accusé était incarcéré au moment des faits ;
  2. L'accusé avait déjà été condamné pour meurtre ou crime incluant l'utilisation de la violence ;
  3. L'accusé a commis plusieurs meurtres ;
  4. L'accusé a sciemment créé un grave risque de mort pour plusieurs personnes ;
  5. Le meurtre a été commis en concomitance avec un viol, un vol, un enlèvement ou un incendie volontaire ;
  6. Le meurtre a été commis pour éviter une arrestation ou permettre une évasion ;
  7. Le meurtre a été commis à des fins pécuniaires ;
  8. Le meurtre a été commis d'une manière particulièrement haineuse, atroce ou cruelle, manifestant une dépravation exceptionnelle.

Ces circonstances sont reprises au début du XXIe siècle dans la plupart des États dans leurs propres législations.

Felony murder

Article détaillé : Felony murder.

Selon la loi en vigueur dans beaucoup d'états, y compris des états n'ayant pas la peine de mort, si un crime est commis en réunion (comme viol, un enlèvement ou un cambriolage) et qu'un des membres de la réunion commet un meurtre, alors les complices encourent solidairement la même peine, éventuellement la peine de mort. Au niveau de la Constitution fédérale, la cour suprême des États-Unis a jugé en 1987 dans l'affaire Tison v. Arizona que ces lois étaient constitutionnelles lorsque l'accusé avait fait preuve d'une « extrême indifférence pour la vie humaine ». Depuis 1976, 8 personnes ont ainsi été exécutées pour des morts qu'elles n'avaient pas directement causées. Ces lois restent controversées. Même au Texas, un condamné dans cette situation a été gracié et la chambre de l'État a voté une loi interdisant la peine de mort pour felony murder. Mais cette proposition n'a pas abouti et les lois prévoyant la peine de mort dans ces cas là restent en vigueur dans de nombreux états.

Autres crimes que le meurtre

Les lois pénales des états prévoient la peine de mort pour les crimes suivant, sans l'utiliser[5]; le , en Alabama, James Coburn (en) a été exécuté pour braquage et fut le dernier à être exécuté pour un crime autre que le meurtre :

Lois déclarées anticonstitutionnelles à part dans les cas de crimes contre l'État et actes de terrorisme (Kennedy v. Louisiana)

Par le gouvernement fédéral américain

Au Texas

En Virginie [1]

En Californie [2]

Au New Hampshire [3]

Lorsque la peine de mort fut rétablie en 1971, la définition du meurtre capital était encore plus restreinte. Elle a été élargie en 1990 et 1994.

Curieusement, le code pénal du New Hampshire fait du meurtre d'un candidat ou d'un élu important une incrimination spécifique, mais passible de la perpétuité réelle [4].

En Inde

Article connexe : Peine de mort en Inde.

La Cour Suprême indienne est très stricte sur l'application de la peine capitale bien qu'elle en soit partisane, seuls les crimes « les plus rares parmi les rares » (the rarest of rare) peuvent en faire l'objet. La peine de mort pouvant théoriquement être imposée à de nombreux crimes :

La peine de mort est obligatoire pour le meurtre commis par un condamné à la prison à perpétuité.

À Singapour

Article connexe : Peine de mort à Singapour.

Au Guatemala

Article connexe : Peine de mort au Guatemala.

L'article 18 de la constitution interdit que la peine de mort soit prononcée contre des femmes, contre des personnes âgées de plus de soixante ans, contre l'auteur d'infractions à caractère politique ou d'infractions connexes de droit commun, et contre une personne extradée sous condition de ne pas être condamnée à mort. La peine de mort ne peut également pas être prononcée « Lorsque la condamnation était fondée sur des présomptions ». Sont punis de la peine de mort :

À Cuba

En Israël

En Israël, le terrorisme, la trahison en temps de guerre, le génocide et les crimes qui s'y rattachent sont passibles de la peine de mort[8]. Elle n'a été appliquée que deux fois et ce fut pour Adolf Eichmann, reconnu coupable de crime contre le peuple juif et l'humanité[8], ainsi que pour le capitaine Meir Toubianski, fusillé en 1948 pour trahison et reconnu innocent un an plus tard. La condamnation à mort pour le terrorisme repose sur les mesures d'urgence promulguées par les Britanniques en 1945[8].

En Chine

En , le comité permanent de l'Assemblée populaire nationale a adopté la suppression de la peine de mort pour 13 crimes non violents (en barré dans la liste) [9]. Sources : Le code pénal chinois (version anglaise) [10]

Crimes contre l'État et la paix publique

Crimes contre les personnes

Crimes contre les biens

Autres crimes

Crimes militaires

Le monde en général

Voici une liste non exhaustive des crimes pouvant entraîner une condamnation à mort dans les autres pays :

En temps de guerre

En temps de guerre, la peine de mort est appliquée dans plusieurs pays aux soldats refusant de se battre, c'est une désertion. Certains pays comme le Brésil, considérés comme abolitionnistes, conservent la peine de mort seulement pour la trahison en temps de guerre.

Annexes

Notes et références

  1. (en) Spencer C. Tucker (en) et Paul G. Pierpaoli Jr., The Encyclopedia of the Korean War: A Political, Social, and Military History, vol. 3 : Documents, Santa Barbara, ABC-CLIO, , 2e éd., 1393 p. (ISBN 978-1-85109-849-1, lire en ligne), p. 1283
  2. A sampling of the Kaye Court's rulings and dissents - timesunion.com
  3. Loi du 28 avril 1832
  4. Crimes capitaux sous l'Ancien Régime
  5. Liste fournie par le D.P.I.C.
  6. Jurisprudence en Virginie sur la notion de préméditation
  7. à partir d'une faible quantité, l'usage de stupéfiants est assimilé au trafic de drogues. Singapour ne reconnaît pas les circonstances atténuantes et une fois le délit ou le crime qualifié, la peine est appliquée
  8. a b et c (en) Robert R. Friedmann, Crime and Criminal Justice in Israel : Assessing the Knowledge Base toward the Twenty-First Century, SUNY Press, , 437 p. (ISBN 0-7914-3713-2, lire en ligne), p. 248
  9. (en) « China drops death penalty for 13 non-violent crimes - USATODAY.com », sur USA Today (consulté le ).
  10. https://www.loc.gov/lawweb/servlet/lloc_news?disp3_l205402201_text
  11. (fr) La peine de mort : Iran (République islamique d')