Jeu de bonneteau vers la fin du XIXe siècle.
Prestidigitation par Joseph Faverot.

Le bonneteau est un jeu d'argent, un jeu de dupes de l'ordre de l'escroquerie, proposé à la sauvette dans les marchés et dans les lieux publics. Il est pratiqué au moins depuis le XVIe siècle en Angleterre[1], et encore dans de nombreux pays.

Appellations

Il est dénommé Kümmelblättchen en allemand, Find the Lady en anglais britannique, Gioco delle tre carte en italien et Three Card Monte en anglais des États-Unis, avec son calque lituanien trijų kortų monte, Komar en arabe maghrébin, טריק שלושת הקלפים en hébreu moderne et bul karayı al parayı en turc.

Moyens et matériel

Bonneteau.

Le maître du jeu, ou bonneteur[2], est un charlatan professionnel assisté de complices parfois appelés barons. Ceux-ci sont chargés de rabattre les clients, de faire le guet, voire de jouer les gros bras pour calmer les perdants revanchards ou récupérer les gains de joueurs ayant eu vent de l'astuce. En partie à cause de cette organisation malhonnête, le bonneteau relève de l'escroquerie et est ainsi illégal dans de nombreux pays. En France, il est interdit en ce qu'il s'agit d'un jeu de hasard sur la voie publique dont l'enjeu est l'argent (article L. 324-1 du Code de la sécurité intérieure). Il peut être également poursuivi sur l'infraction d'escroquerie (article L. 313-1 du Code pénal français). Le bonneteau (three-card monte), mentionné spécifiquement sous ce nom, est interdit en vertu de l'article 206(1)[Quoi ?] du Code criminel du Canada.

Le bonneteau nécessite :

Il se pratique généralement dans la rue. Pour rythmer la partie, le manipulateur répète en général à plusieurs reprises : « Elle est où la reine ? Elle est où la reine ? ».

Principe

Le jeu se fait traditionnellement avec deux cartes noires et une carte rouge, généralement les rois de trèfle et de pique et la dame de cœur (d'où le nom anglais du jeu « Find the Lady », soit « Trouvez la dame »). Le maître du jeu manipule les trois cartes et demande au joueur de miser et de découvrir la carte rouge. Si ce dernier y parvient, il reçoit le double de sa mise ; dans le cas contraire, il l'abandonne.

En pratique, le maître du jeu procède d'abord à plusieurs tours où la carte recherchée est facilement suivie, et au cours desquels les complices misent et gagnent, afin de mettre le badaud en confiance. Dès lors que ce dernier entre en jeu, le maître du jeu modifie la manipulation des cartes.

Le manipulateur tient deux cartes dans l'une de ses mains et montre où elles sont placées. Deux cartes (la carte rouge et l'une des deux cartes noires) sont tenues entre le pouce, l'index et le majeur d'une main, et la troisième dans l'autre main. La carte rouge est placée de sorte qu'elle soit logiquement déposée en premier. La troisième carte ne sert qu'à distraire l'attention. Le manipulateur fait plusieurs déposes des cartes, et la dame est immédiatement identifiée au centre. Le manipulateur peut bouger les cartes pour donner l'impression d'une manipulation faussement excessive et maladroite.

Lorsque le badaud mise son argent, le manipulateur ne laisse plus la carte de la dame rouge (qui est en dessous) s'échapper en premier, mais celle du dessus, ce que la victime peut difficilement percevoir.

Le maître du jeu peut commencer par offrir quelques gains faciles à la victime afin de la mettre en confiance et l'amener à parier plus gros. Dans le cas où le parieur connaîtrait le tour, des larrons sont à proximité, et interviennent pour récupérer la mise.

Historique

Dans son livre Les Tricheries des Grecs dévoilées, l'art de gagner à tous les jeux[3], Jean-Eugène Robert-Houdin fait une description de cette tromperie, sans toutefois lui donner de nom[4]. Il indique que ce jeu est interdit sur la place publique, et mentionne un jeu de dés (thimble game) de même type, pratiqué en Angleterre par des parieurs (gamblers).

22 membres d'un gang qui pratiquait l'arnaque au bonneteau à grande ampleur sont arrêtés à Paris fin juin 2023[5].

Variantes

Jérôme Bosch, L'Escamoteur.

Sur le même principe, mais avec des techniques de manipulation un peu différentes, on rencontre parfois des « jeux » consistant à trouver une balle sous trois gobelets ou une fève sous trois coquilles. Cette forme, qui apparaît déjà dans le tableau de Jérôme Bosch l'Escamoteur, a été reprise par la prestidigitation. Les escamoteurs du Moyen Âge employaient pour cela une petite boule de liège appelée muscade, d'où l'expression « passez, muscade ».

Dans la culture populaire

Cinéma

Télévision

Notes et références

  1. « Les cahiers de Hjalmar », Arcane.
  2. (en) Philip Messing et Steve Cuozzo (en), « Three-card monte scam artists return to midtown, Is this Christmas 2014 — or 1974? », sur New York Post, .
  3. Paris, 1861, p. 47 à 51.
  4. Jean-Eugène Robert-Houdin, Comment on devient sorcier, une vie d'artiste, L'art de gagner à tous les jeux, Magie de physique amusante, Le Prieuré, éditions Omnibus, 2006, p. 693-695.
  5. Par Jean-Michel Décugis Le 27 juin 2023 à 10h41 et Modifié Le 27 Juin 2023 À 10h47, « Arnaque au jeu de bonneteau à Paris : 22 membres du gang roumain des « Scorpions » en garde à vue », sur leparisien.fr, (consulté le )

Bibliographie

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