Variole aviaire cutanée chez un Albatros de Laysan.

La variole aviaire est une infection virale qui semble toucher tous les oiseaux. Elle est causée par un groupe de virus de la famille des Poxviridae et du genre Avipoxvirus. Cette maladie est répandue dans le monde entier, mais plus fréquente dans les pays tropicaux. Elle présente deux formes différentes, dites « sèche » et « humide ».

Au début des années 2000, divers auteurs ont proposé d'utiliser ce virus comme vecteurs vaccinaux transgéniques (pour les humains, des animaux domestiques ou sauvages) non-aviens[1], ce qui suscite une controverse en raison des risques de recombinaison virale en cas de co-infection (situation fréquente).

Le virus de la variole aviaire peut pénétrer les cellules de l'humain ou d'autres mammifères, mais il n'est pas réputé pouvoir y établir son cycle complet de reproduction.

Le virus

Il existe dans le monde plusieurs espèces de virus connus pour être responsables de la variole aviaire. Les formes de la maladie qu'ils provoquent sont antigéniquement analogues:

  • Avipoxvirus serini (CNPV - Canarypox virus)
  • Avipoxvirus columbae (PGPV - Pigeonpox virus)
  • Avipoxvirus galli (FWPV - Fowlpox virus)
  • Avipoxvirus meleagridis (TKPV - Turkeypox virus)
  • Avipoxvirus falconis (FPV - Falconpox virus)
  • Avipoxvirus fringillae (JNPV - Juncopox virus)
  • Avipoxvirus acridotheridis (MYPV - Mynhapox virus)
  • Avipoxvirus coturnicis (QUPV - Quailpox virus)
  • Avipoxvirus passeri (SRPV - Sparrowpox virus)
  • Avipoxvirus sturni (SLPV - Starlingpox virus)
  • Avipoxvirus psittaci (PSPV - Psittacinepox virus)

L'une des caractéristiques de ces virus est d'être d'une taille inhabituellement grande et d'avoir un génome également plutôt de grande taille. Ils ont une forme de brique et mesurent environ 200 nanomètres, soit environ 3,3 fois plus grands qu'un virus moyen (de 60 nanomètres).

Une autre particularité est leur résistance à la déshydratation et à la chaleur (températures ambiantes tropicales). Les avipoxvirus peuvent ainsi rester actifs tout en étant dispersés sur les aérosols et particules de poussière. Ils infectent ensuite facilement les membranes et muqueuses des « voies sèches » des voies respiratoires supérieures.

Histoire

Cette virose est connue des virologues depuis plusieurs décennies. Elle a longtemps été réputée plutôt bénigne, hormis dans les élevages.

La plupart des virus de ce groupe ne préoccupent les vétérinaires que pour les problèmes qu'ils peuvent poser aux élevages (Colombidés, Gallinacés dont dinde en particulier...) et les ornithologues que depuis les années 2000 où ils ont été classés comme forme émergente[2].

Cependant au début des années 1970, un variant du virus, causant des symptômes et une importance épidémiologique très inhabituels, a été repéré chez la Mésange charbonnière en Europe du Nord (Norvège en 1973).

Les mêmes symptômes sont à nouveau signalés dans les années 2000 en Europe centrale, au Royaume-Uni (alors que des symptômes évidents de variole aviaire n'avaient antérieurement été observés dans ces régions que sur quelques espèces dont le Moineau domestique et le Pigeon ramier (Columba palumbus), depuis quelques années) puis en France :

Hôtes cibles

La variole aviaire touche notamment les volailles d'élevage (qui peuvent être vaccinées)
Exemple de symptôme possible chez la dinde d'élevage (espèce particulièrement sensible à ce virus)
Poulet infecté par le « Fowl pox » )

Les virus de ce groupe semblent incapables d'effectuer un cycle complet de réplication chez des espèces qui ne sont pas des oiseaux.

Un grand nombre d'oiseaux sauvages peuvent être infectés par ces virus[7] (la Mésange charbonnière semblant particulièrement sensible a un variant récemment apparu), ainsi que la plupart des oiseaux domestiqués, notamment les poulets, les dindes, les cailles, les canaris, les pigeons, les autruches d'élevage (Struthio camelus)[8] et de nombreuses autres espèces d'oiseaux (résumé)[9].

Prévalence

Ces virus semblent plus fréquent en zone tropicale, mais reste présent dans les pays à climat tempéré.

La maladie apparait le plus en automne. Il semble qu'il y est une relation entre le cycle de reproduction des moustiques et la prévalence de la maladie[10].

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Symptômes

Transmission à l'Homme

La transmission de virus à l'homme est possible par des contacts étroits avec des oiseaux infectés ou à la suite de la consommation de liquides ou de solides qui ont été en contact très étroit avec un oiseau infecté.

Comme d'autres virus aviaires, il peut être mécaniquement transmis par des vecteurs biologiques tels que des moustiques piqueurs. Même si les oiseaux (migrateurs notamment) sont supposés jouer un rôle dans la circulation (l'oiseau est vecteur) ou dans l'évolution de virus (l'oiseau est l'un des nombreux organismes où des recombinaisons virales rendant un virus mutant plus pathogène peuvent se faire)[12], et même si un certain nombre de maladies (grippes dites aviaires) peuvent passer de l'oiseau à l'Homme[13], ce virus n'est pas supposé être dangereux pour les humains.

Morbidité, pouvoir pathogène

Ces caractéristiques semble beaucoup varier selon les souches[7].

Comme son homologue humain chez l'Homme, ce virus cause un taux de mortalité élevé chez les oiseaux infectés. Les effets de l'infection pourraient significativement augmenter la difficulté de respirer, de manger, de boire des oiseaux infectés.

Les lésions extérieures sont souvent limitées aux parties du corps non recouvertes de plumes, et plutôt sur la tête et les pattes ;

Elles prennent la forme d'une dermatite proliférative et nécrosante[14] ;

On observe aussi des sortes de sacs de sang, ou des cloques emplies d'un fluide sanglant qui se vident si on les pique avec une aiguille[15].

Ce virus a le taux de mortalité parmi les plus élevés connus chez des espèces d'oiseaux chassés comme le faisan, la caille et la Perdrix choukar, ainsi que chez de nombreux oiseaux chanteurs, des oiseaux marins (tels que les mouettes) les perroquets, ou encore chez certains rapaces tels que le faucon pèlerin.

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Génétique

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Symptômes

Il existe deux grandes formes, très différentes, de la maladie :

Forme cutanée ou sèche

Cette forme semble propagée le plus souvent par des insectes piqueurs (moustiques surtout).

Elle se traduit par des lésions vésiculeuses puis nodulaires sur les parties déplumées : la crête, les barbillons, la base du bec, le tour des yeux et les pattes.

Les oiseaux touchés par cette forme guérissent habituellement en quelques semaines, mais les nodules périoculaires peuvent rendre l'animal aveugle, l'empêcher de se nourrir et en faire une proie facile pour les prédateurs[18]. Cette forme survient plutôt en été.

Forme diphtérique ou humide

Elle se transmet par inhalation du virus, qui provoque l'apparition d'une « membrane diphtérique » au niveau de la bouche, du pharynx, du larynx et parfois de la trachée.

Morbidité : Le pronostic de cette forme est péjoratif (mortalité proche de 50 %) en raison du risque élevé de mort par asphyxie[19].

Cette forme est plus fréquemment observée en automne.

Avipoxvirus, virologie, génie moléculaire et transgénèse

Les poxvirus ont joué un rôle très important dans le développement de la virologie, de l'immunologie et de la vaccinologie à partir du moment où en 1796 le Dr Edward Jenner a prouvé que l'inoculation délibérée du virus de la vaccine (un autre poxvirus) par l'homme pouvait le protéger contre le virus de la variole antigénique associée[20]. C'était le début de l'immunologie vaccinale, qui a conduit à l'éradication de la variole sur la planète (en 1980), à la suite d'une campagne mondiale de vaccination basée sur des virus de la vaccine ;

Des poxvirus utilisés comme vaccins contre des maladies infectieuses mais aussi contre le cancer sont actuellement en cours de développement[21].

Le Génie génétique et la biologie moléculaire s'y sont ensuite fortement intéressé (à partir des années 1980 surtout), car un virus de la vaccine recombinant leur semblait intéressant pour insérer et faire s'exprimer des gènes étrangers (transgènes) dans une cellule [20].

Vaccination vétérinaire (contre la variole aviaire)

Les éleveurs ont accès à des vaccins vivants ciblant la variole aviaire (code ATCvet: QI01AD12): Nobilis ovo - Diphterin (Intervet) et Poulvac chick-n-pox TC (Fort Dodge A. H.). Les poulets sont habituellement vaccinés par le pigeonpox virus.

Les dindes d'élevage sont systématiquement vaccinées[23].

Il est déconseillé de vacciner les animaux en cours de ponte et il faut éviter le contact des humains avec le vaccin.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Références

  1. Pastoret PP, Vanderplasschen A. Poxviruses as vaccine vectors ; Comp Immunol Microbiol Infect Dis. 2003 Oct; 26(5-6):343-55.
  2. Literak, Ivan (2010) Avipoxvirus in great tits (Parus major). European Journal of Wildlife Research 56(4)
  3. Andrea Gruber, Elvira Grabensteiner, Jolanta Kolodziejek, Norbert Nowotny, and Gerhard Loupal (2007) Poxvirus Infection in a Great Tit (Parus major) ; Avian Diseases : June 2007, Vol. 51, No. 2, pp. 623-625 (« résumé »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?))
  4. a et b Elena Alina Palade & al.; Poxvirus infection in Hungarian great tits (Parus major) : Case report ; Acta Veterinaria Hungarica Ed : Akadémiai Kiadó ; Vol. 56, n°4/décembre 2008, pp 539-546 ; DOI:10.1556/AVet.56.2008.4.11 ; (ISSN 0236-6290) (Print), 1588-2705 (Online) (Résumé)
  5. Centre Vétérinaire de la Faune Sauvage et des Écosystèmes des Pays de la Loire ; Wildlife Veterinary and Ecosystems Center, en lien avec l’École nationale vétérinaire de Nantes
  6. BTO ; birdguides, New strain of bird virus sweeps across Britain, avec illustrations ; Cf poxvirose émergente, chez la mésange charbonnière] ; 2012-11-22
  7. a b et c Hilde Hansen, Malachy Ifeanyi Okeke, Oivind Nilssen, Terje Traavik, Recombinant viruses obtained from co-infection in vitro with a live vaccinia-vectored influenza vaccine and a naturally occurring cowpox virus display different plaque phenotypes and loss of the transgene ; Vaccine Dec 2004
  8. B Perelman, A Gur‐Lavie, Y Samberg (1988), Pox in ostriches ; Avian Pathology, Taylor & Francis (résumé en français, anglais et allemand)
  9. Vanderplasschen, A.; Pastoret, P.- P. (2003) The Uses of Poxviruses as Vectors. Current Gene Therapy, Volume 3, Number 6, December 2003, pp. 583-595(13) (résumé)
  10. « DNR - Avian Pox », sur www.michigan.gov (consulté le )
  11. Reavill DR, Tumors of pet birds ; Vet Clin North Am Exot Anim Pract. 2004 Sep; 7(3):537-60, v. (résumé)
  12. Bengis RG, Leighton FA, Fischer JR, Artois M, Mörner T, Tate CM (2004), The role of wildlife in emerging and re-emerging zoonoses. Rev Sci Tech. 2004 Aug; 23(2):497-511.
  13. Tsiodras S, Kelesidis T, Kelesidis I, Bauchinger U, Falagas ME (2008), Human infections associated with wild birds ; J Infect. 2008 Feb; 56(2):83-98. Epub 2007 Dec 21 ([résumé])
  14. John R. Fischer, « Diseases of Wildlife : AFIP Review of gross morbid anatomy of anomals »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le ) ; Ed : by C.L. Davis, DVM Foundation, 1999-03-22, consulté 2007-07-10
  15. Harold Michener, and Josephine R. Michener, « Abnormalities in birds with four illustrations »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le ) Division of Zoology, University of California, Davis, California, January 23, 1936. Accessed July 10, 2007
  16. LA Devriese, E Uyttebroek, P Dom, P De Herdt, R. Ducatelle & F. Haesebrouck (1992), Staphylococcus hyicus associated with pox in chickens and in turkeys- Avian …, 1992 - Taylor & Francis ; Volume 21, Issue 3, DOI:10.1080/03079459208418873, (Résumé)
  17. Simon Chioma Weli, Malachy Ifeanyi Okeke, Morten Tryland, Oivind Nilssen, Terje Traavik (2004), Characterization of avipoxviruses from wild birds in Norway ; Can. J. Vet. Res. Apr 2004,
  18. (en) « House Finch Eye Disease - FeederWatch », sur FeederWatch (consulté le ).
  19. (en) Fenner, Frank J.; Gibbs, E. Paul J.; Murphy, Frederick A.; Rott, Rudolph; Studdert, Michael J.; White, David O., Veterinary Virology (2nd ed.), San Diego, Academic Press, Inc, , 2e éd., 666 p. (ISBN 978-0-12-253056-2, LCCN 92026706)
  20. a b c et d Vanderplasschen A, Pastoret PP., The uses of poxviruses as vectors ; Curr Gene Ther. 2003 Dec;3(6):583-95 (résumé)
  21. a b c et d Okeke MI, Nilssen Ø, Moens U, Tryland M, Traavik T (2009), In vitro host range, multiplication and virion forms of recombinant viruses obtained from co-infection in vitro with a vaccinia-vectored influenza vaccine and a naturally occurring cowpox virus isolate ; Virol J. 2009 May 12; 6:55. Epub 2009 May 12 (résumé)
  22. Okeke MI, Nilssen O and Traavik T (2006), Modified Vaccinia virus Ankara multiplies in rat IEC-6 cells and limited production of mature virus occurs in other mammalian cell lines. J Gen Virol 87:21-27,2006.
  23. (en) Carter, G.R.; Wise, D.J., « Poxviridae », (consulté le )