Proto-slave
*Slověnьskъjь ęzykъ
Période VIIe siècle av. J.-C.
Langues filles langues slaves
Région Europe de l'Est
Typologie flexionnelle
Classification par famille
Codes de langue
ISO 639-1 sla-pro

Le proto-slave ou slave commun est l'ancêtre du vieux slave et des langues slaves. Issu de la branche satem de l'indo-européen commun, il est classé dans le groupe des langues balto-slaves. Le processus de séparation des gens parlant le proto-slave et le proto-balte s'est effectué vers le IXe siècle av. J.-C. Vers le Ve siècle av. J.-C., les peuples slaves ont entrepris une migration vers le sud-est, vers le nord et vers l'ouest de la Biélorussie, leur territoire d'origine, se divisant en trois branches linguistiques[réf. souhaitée]. Aucun document écrit antérieur à 860 ne peut nous renseigner. À cette époque, le prince Rastislav de Grande Moravie demanda aux futurs saints Cyrille et Méthode de créer un alphabet pour traduire des ouvrages religieux dans sa langue. Ainsi naquit l'alphabet glagolitique, utilisé pour écrire le vieux slave.

Évolution

Comme les autres langues satem, le proto-slave a transformé les consonnes palato-vélaires de l'indo-européen commun en affriquées et en fricatives postérieures :

Autre trait commun aux langues satem, les consonnes aspirées perdent leur aspiration et les labio-vélaires perdent leur double articulation :

Au sujet des voyelles, le proto-slave a transformé les voyelles longues et en a, et les voyelles courtes o et a en o[2]. On note aussi la disparition de la voyelle indo-européenne ə dans une syllabe non initiale [3]. Les diphtongues longues et courtes ne sont plus distinguées.

Toujours concernant les voyelles, le proto-slave conserve l'alternance vocalique indo-européenne.

Métathèse

Le proto-slave a subi une métathèse des consonnes r et l dans les groupes CorC, ColC, CerC, CelC, orC, olCC représente une consonne quelconque. Ainsi la racine indo-européenne qui a donné calva « crâne » en latin (d'où chauve et calvaire en français) donne une racine initiale en proto-slave *golva « tête » qui devient *glovà et a donné serbo-croate glava, polonais glowa, tchèque hlava et russe golová. La racine indo-européen *melg- « lait » dont est issu l'anglais milk ou l'allemand Milch, est devenue *melko puis, par métathèse, *mleko en proto-slave et a donné le tchèque mléko, polonais et slovène mleko et russe moloko (молоко)[1].

Palatalisation régressive

À la suite de la mise en place du système d'harmonie vocalique, les consonnes vélaires subissent une palatalisation pour devenir des consonnes post-alvéolaires devant les voyelles *i, *ĭ, *e, *ę et *j [4] :

Historiquement parlant, cette palatalisation a dû avoir lieu après le IIe siècle de notre ère quand les tribus slaves entrent en contact avec les tribus germaniques puisque les mots empruntés au proto-germanique comme *kaisaraz (« empereur ») → *cěsařь, *kuningaz (« roi ») → *kъnędzь (« prince ») et *panningaz (« sou ») (cf. angl. penny) → *pěnędzь montrent qu'elle est opérante, ce qui n'est plus le cas après les grandes migrations. Au IXe siècle, les Russes entrent en contact avec les Varègues qu'ils appellent Varęgŭ (Варѧгъ), sans palataliser ce g final. Il en va de même des mots liturgiques empruntés du latin en ce qui concerne les langues slaves occidentales ou du grec pour les Orientaux lors de l'évangélisation qui débute à cette époque avec Saints Cyrille et Méthode.

Notes et références

  1. a b c d et e Jiří Rejzek, Český etymologický slovník, Prague, Leda, 2001.
  2. (en) Theodore M. Lightner, Problems in the Theory of Phonology, I : Russian phonology and Turkish phonology, Edmonton, Linguistic Research, inc,
    p.130
  3. Voir, quelques lignes ci-dessus, l'exemple de l'indo-européen *dʰugʰəter qui donne *dъťi en proto-slave : le ə central a disparu.
  4. (en) Sara G. Thomason, « What Else Happens to Opaque Rules? », Language, vol. 52, no 2,‎ , p. 370-381

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes