Le moyen-platonisme ou médio-platonisme ou platonisme éclectique regroupe des penseurs qui se réclament de Platon, depuis le Ier siècle av. J.-C. jusqu'au IIe siècle.

La notion de moyen-platonisme remonte à Karl Praechter en 1901 (dans son étude sur Hiéroclès le Stoïcien)[1] et en 1909 (dans ses rééditions du premier volume du Grundriss der Geschichte der Philosophie de Friedrich Ueberweg)[2]. Il fixe donc le mot, mais aussi la chronologie : le début remonterait à 87 av. J.-C., avec Antiochos d'Ascalon, et la fin adviendrait avec l'enseignement de Plotin (dès 244), qui est néoplatonicien. Praechter donne aussi deux caractéristiques : l'éclectisme (harmonisation et assimilation de doctrines non platoniciennes) et l'orthodoxie (défense de l'identité du platonisme). Mais, certains savants (dont J. Dillon, 1977)[3] donnent pour fondateur Eudore d'Alexandrie (40 av. J.-C.), qui est extra-platonicien. D'autres avancent des caractéristiques différentes : le monisme de l'Un, surtout, par opposition aux tendances dualistes du dernier Platon ou de platoniciens. D'autres savants, comme M. Frede (1987), refusent de distinguer moyen-platonisme et néo-platonisme.

Ne pas confondre avec la Moyenne Académie de l'école platonicienne (fondée par Arcésilas de Pitane en 268 av. J.-C.).

Histoire

Les grands représentants du moyen-platonisme, dits "moyen-platoniciens" ou "médio-platoniciens", sont (mais la liste ne fait pas l'unanimité) :

J. Dillon ajoute des courants ésotériques à cette liste :

Un gnosticisme a été influencé par le moyen-platonisme : les textes séthiens (Allogène, Zostrien, Les trois stèles de Seth, Marsanes)[6], avec la triade Être-Vie-Intellect[7], et introduction du Pouvoir (Dynamis) comme principe de médiation de l'Un. Les auteurs gnostiques Ménandre (fin du Ier siècle), Basilide (vers 120), Cérinthe, Satornil (Saturnin), Hermogène, Isidore, Bardesane (vers 220) sont imprégnés de platonisme.

La plupart des ouvrages de Porphyre, classé comme néo-platonicien, puisqu'il fut disciple de Plotin, relèvent du moyen-platonisme, ne serait-ce que parce que Porphyre a écrit avant de connaître Plotin.

Philosophie

Le moyen-platonisme s'efforce d'accommoder les conceptions de Platon à la terminologie d'Aristote. Toute une tendance veut pythagoriser Platon : Eudore, Moderatus de Gadès (vers 90), Numénios d'Apamée, Nicomaque de Gérase, Anatole de Laodicée (vers 270), Jamblique, le jeune Proclos (dans son Commentaire du Timée, en 439), Simplicios de Cilicie dans son Commentaire de la 'Métaphysique' d'Aristote (vers 535).

Voici quels traits caractérisent le moyen-platonisme selon Marco-Zambon[8] :

Bibliographie

Textes

(par ordre chronologique)

Études

Notes et références

  1. K. Praechter, Hierokles der Stoiker, Leipzig, 1901, p. 93.
  2. Friedrich Ueberweg, Grundriss Der Geschichte Der Philosophie (1863-1866), Ernst Siegfried Mittler Und Sohn Berlin Fortgeführt von Max Heinze. 11e (1920). Vol. 1, Grundriss der Geschichte der Philosophie des Altertums, hrsg. von Karl Praechter, p. 536-568.
  3. J. Dillon, The Middle Platonists. A Study of Platonism. 8O before Christ to A.D. 220, Londres, Duckworth, 1977.
  4. c'est l'Albinus Platonicus des auteurs latins, auteur du Didaskalikos. Enseignement des doctrines de Platon au IIè s.
  5. Selon C. Moreschini, Apuleio e il platonismo, Florence, 1978.
  6. Luc Brisson et Jean-François ¨Pradeau, Plotin. Traités 30-37, Garnier-Flammarion, 2006, p. 190.
  7. Ruth Majercik, "The Existence-Life-Intellect Triad in Gnosticism and Neoplatonism", Classical Quaterly, 42.2 (1992), p. 475-488.
  8. Marco Zambon, Porphyre et le moyen-platonisme, Vrin, 2002, p. 27-30, 256.

Voir aussi

Articles connexes