Max Schoendorff
Naissance
Décès
(à 77 ans)
Lyon
Nationalité
Activité
Mouvement
Influencé par
Compléments
Fondateur en 1978 de l'Urdla :
Utopie raisonnée pour les droits de la liberté en art

Max Schoendorff , né le à Lyon, et mort le à Lyon est un peintre, graveur, illustrateur et scénographe français.

Biographie

Max Schoendorff est né d'un père lorrain agrégé d'allemand et d'une mère franc-comtoise.

Il suit une formation classique au lycée du Parc de Lyon, qu'il conduit jusqu'à la classe de khâgne. Son père est féru de culture allemande ; ainsi le romantisme allemand, la poésie de Goethe, de Novalis ou de Rilke, la philosophie de Schopenhauer et de Nietzsche le marqueront profondément.

Il se nourrit aussi des philosophes présocratiques comme Héraclite , des alchimistes comme Paracelse, de la philosophie allemande , notamment celle de Nietzsche, mais aussi du solipsisme de Max Stirner. Parmi les philosophes français, il affectionne les socialistes utopiques comme Fourier ou Proudhon, et les penseurs oubliés, comme Jean-Marie Guyau ou Jules Lequier. Il connaît la poésie d'André Breton et des surréalistes[1], et l'œuvre de Georges Bataille, ainsi que celle du marquis de Sade et d'Antonin Artaud[2].

Les titres de ses peintures et de ses estampes empreints de poésie et d'humour, (parfois noir), reflètent sa familiarité avec Alfred Jarry et la Pataphysique.

Bibliomane depuis sa prime adolescence, il constitue une bibliothèque de près de 35 000 titres. « C'est le lecteur le plus téméraire qu'on connaisse[3]», dit de lui l’écrivain et chroniqueur au Monde Francis Marmande.

Une figure de la culture à Lyon

Au milieu des années cinquante à Lyon, il fait partie d’un petit groupe engagé de jeunes intellectuels impliqué dans l'aventure du Théâtre de la Comédie de la rue des Marronniers, aux côtés de son ami Roger Planchon, fondateur plus tard du TNP (Théâtre national populaire) de Villeurbanne.

Il y noue des liens étroits avec le photographe Rajak Ohanian, le poète Robert Droguet, le journaliste et critique d'art Jean-Jacques Lerrant, le cinéphile et écrivain Bernard Chardère, fondateur de Positif, avec lequel il crée la revue de cinéma Premier Plan[4].

Ce bouillonnement autour du théâtre, des ciné-clubs, des librairies et de quelques rares galeries comme celle de Marcel et Jeanne Michaud (Folklore), contribue activement à la naissance d’un foyer de culture dans la cité rhodanienne[5].

Œuvre

Scénographie

Il s’implique avec détermination dans l’aventure théâtrale de Roger Planchon, il y exercera tous les métiers. Il incite à la découverte d’auteurs peu connus, il introduit Michel Vinaver au théâtre, invite Arthur Adamov à Lyon, fait lire Witold Gombrowicz à Jacques Rosner ; à Toulouse, il introduit Sade chez Molière, chez Marivaux. Sa conception de la scénographie conditionne la mise en scène. Le Dramaturg[6] conçoit les décors et les costumes. Ses inventions techniques donnent naissance à de véritables machines à jouer.

Les grandes maisons sont séduites par ses partis pris : Schillertheater (Berlin), Opéra de Paris, de Hambourg, Opéra de Lyon, Comédie-Française, T.N.P. de Paris, de Villeurbanne, Le Grenier de Toulouse/Théâtre Sorano, Rogaland Teater (Norvège). Il collabore aussi bien avec des festivals de musique qu’avec de petites scènes dans le sud de la France où son inventivité est à l’épreuve. Il conçoit des décors de cinéma pour Jean-Marie Straub et Danièle Huillet[7], pour le cinéaste iconoclaste portugais João César Monteiro[8]. Dans le domaine de la mise en scène, il a, enfin, signé avec Roger Planchon, un montage des textes du marquis de Sade.

Peinture

C'est par la fréquentation des œuvres de la renaissance allemande de Matthias Grünewald et surréalistes, d'Hans Bellmer, d'André Masson et notamment de Max Ernst, qu'il vient à la peinture[9]. À la fin des années 1950, Marcel Michaud l’expose à la galerie «Folklore» à Lyon et l’introduit sur la scène parisienne (chez Édouard Loeb). Dès 1938, Marcel Michaud accrochait à ses cimaises, dans les brumes et les frilosités lyonnaises, l’avant-garde artistique, Fautrier, Max Ernst, Picasso et le groupe Témoignage[5].

Peu après la fermeture de la galerie, Max Schoendorff rencontre Jacques Verrière qui devient son marchand attitré. Pendant vingt ans, la collaboration, l’échange intellectuel et sensible iront bien au-delà de simples rapports commerciaux. Jacques Verrière contribue à la diffusion régulière de l’œuvre dessinée, peinte et gravée de Max Schoendorff dans toutes les manifestations régionales, nationales et au-delà, dans les foires, les salons, à travers un réseau européen de galeries et de musées. Cette confiance et cette complicité sont brutalement interrompues par la mort prématurée, en 1986, de celui qui était devenu un ami. Néanmoins, d’autres galeristes ou musées présenteront des expositions de l’artiste, à l’étranger, en France et dans la ville de Lyon.

Épicurien et fumeur de cigares, ne prêtant guère attention à sa santé personnelle, il devra subir en une opération de la cataracte, qui ne réussit pas. Il continue néanmoins à dessiner une série intitulée A l’aveuglette, des dessins à voir plus tard[10] Martine Zeraffa. Max Schoendorff (1934-2012) : l’atelier, laboratoire de l’œuvre. Art et histoire de l'art. Université de Lyon, 2018, p. 189.

Ses œuvres entrent au musée : Musée d'art moderne André-Malraux (Le Havre), Musée d'Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, Musée de Grenoble, Musée Paul-Dini de Villefranche-sur-Saône, Lyon, Musée d'art et d'histoire de Genève), dans les FRAC (Fonds régional d'art contemporain) Ile-de-France et Rhône-Alpes ou au FNAC (Fonds national d'art contemporain), acquises ou offertes par des collectionneurs mécènes (Michel Descours[11] , André Dubois, Françoise Dupuy-Michaud, Jean-Paul Jungo, Gilbert Monin et d’autres), unanimes à considérer que les œuvres de Max Schoendorff ne sont pas assez visibles. Le musée des beaux-arts de Lyon se voit ainsi doté d’une collection tout à fait représentative[12],[9]. Elle est régulièrement accrochée au musée et sur la scène internationale à l’instigation de Sylvie Ramond qui suscite le dialogue constant avec l’artiste dès son arrivée au musée en tant que conservateur en chef en 2004[5].

Quand l’utopie se transforme en atelier : l’Urdla

En 1976, soutenu par des artistes, intellectuels, critiques, conservateurs, familiers de son atelier, il invente et crée l’Urdla (Utopie raisonnée pour les droits de la liberté en art)[10].

Jusqu’à sa mort, par arrêt cardiaque en 2012, il fut l’actif président de ce qui était devenu, en 2003, le Centre international de l’estampe et du livre, unique en France. Les artistes y ont accès à toutes les techniques de reproduction d’originaux multiples que sont les estampes, tout particulièrement la lithographie, sur d’anciennes presses, arrachées à la destruction. Des milliers de tirages, de nombreuses expositions, accompagnées de catalogues approfondis, des éditions rares illustrées, un bulletin trimestriel …Ça presse…, riche de multiples contributions d'artistes et d'écrivains, derrière l’éditorial très attendu de Max Schoendorff, témoignent de la curiosité de cet inlassable pourfendeur de l’idée reçue et du lieu commun[5],[13]. Engagé sur la scène sociale, il fonde, avec la même pérennité, la Mapra (Maison des arts plastiques Rhône-Alpes) devenue en 2017 Mapraa (Rhône-Alpes-Auvergne avec la fusion des régions) qui continue à faire respecter le statut de l’artiste. Déterminé à défendre ses idéaux politiques, il sera tête de liste de gauche pour les élections municipales de 1995 dans le deuxième arrondissement de Lyon[14],[4].

Principales expositions

Personnelles

Collectives

Travaux

Éditions et publications illustrées par Max Schoendorff

Décors de théâtre

Annexes

Notes et références

  1. Thèse, Max Schoendorff (1934-2012). L'atelier, laboratoire et l'oeuvre par Martine Tallet
  2. Le Monde, disparition, Max Schoendorff (1934-2012), peintre, facteur de décors, homme de théâtre, 2012
  3. Francis Marmande, « Haut le corps de Max Schoendorff », Le Monde,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  4. a et b Lyon Capiale, Max Schoendorff : mort d’un intellectuel accompli, Stami Chaine, 2012
  5. a b c et d Urdla.com, Schoendorff,(pdf)
  6. Max Schoendorff revendique, pour lui, cette appellation dans son acception germanique : l’expert qui étudie les structures et les mécanismes de l’écriture dramatique.
  7. Max Schoendorff a réalisé le décor de Von Heute auf Morgen. [Du jour au lendemain], opéra filmé en un acte de Schoenberg.
  8. Max Schoendorff a travaillé sur le décor de La Philosophie dans le boudoir, du marquis de Sade.
  9. a et b L'Humanité, Max Schoendorff, un être comme il ne s’en fait plus, 2012
  10. a et b Le Monde, Max Schoendorff, lithographe à Lyon, 2012
  11. a et b Exposition Galerie Descours , Max Schoendorff, traits d’esprit, par Jean-Emmanuel Denave, février 2016
  12. Musée des beaux arts de Lyon, archives, accrochage Max Schoendorff
  13. France3 région, Max Schoendorff est mort, 2012
  14. Urdla, centre international estampe et livre, 207, rue Francis-de-Pressensé, 69100 Villeurbanne.

Bibliographie

Filmographie

Liens externes