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Gaetano Donizetti
Portrait de Donizetti par Giuseppe Rillosi (1811-1880), Museo del Teatro alla Scala.
Héritier de Rossini, rival de Bellini, précurseur de Verdi, Donizetti fait partie des principaux compositeurs italiens du XIXe siècle[1]. Il marque la naissance de la musique romantique italienne illustrée par son opéra Lucia di Lammermoor, chef-d'œuvre du bel canto[2] dont le succès « ne s'est jamais démenti »[3].
Domenico Gaetano Maria Donizetti est issu d'une famille pauvre de Bergame. Fils d'un employé, il se voue à la carrière musicale malgré un père qui le destine au barreau.
À Bergame, un important compositeur de la génération antérieure lui tend la main. Il s'agit de Simon Mayr, maître de chapelle de la basilique Santa Maria Maggiore. Grâce aux subventions de la Congregazione della Misericordia Maggiore (actuellement Fondazione MIA (it)), ce dernier avait institué des Leçons charitables de musique auxquelles Donizetti est admis en avril 1806. Il est alors âgé de 8 ans. Il étudie pendant neuf ans sous la direction de Mayr, qui obtient, en octobre 1815, de pouvoir l'envoyer au Liceo musicale de Bologne étudier le contrepoint et la fugue sous la direction du meilleur professeur de l'époque, le père Stanislao Mattei, également le maître de Rossini (de cinq ans l'aîné de Donizetti).
Tout en composant, sous la direction de Mattei, des pièces religieuses d'un style strict, Donizetti donne à Bologne, en septembre 1816, son premier opéra, Le Pygmalion, qui ne sera représenté qu'en 1960. De retour dans sa ville natale, il occupe un poste à l'église de Santa Maria Maggiore. Sa carrière de compositeur d'opéras débute officiellement le avec la création au Teatro San Luca de Venise d’Enrico di Borgogna.
Le jeune compositeur connaît son premier succès avec son ouvrage suivant, Zoraide di Granata, composé avec l'aide de Mayr et représenté le au Teatro Argentina de Rome. À cette occasion, Donizetti fait montre de l'extrême rapidité qui le caractérisera puisqu'il doit réécrire une bonne partie de la partition quelques jours avant la première, à la suite du décès de l'une des principales interprètes. À Rome, il fait la connaissance de Jacopo Ferretti et de la famille Vasselli. Ferretti lui donne le livret d'un opéra-bouffe, L'ajo nell'imbarazzo, qui est représenté avec un très grand succès au Teatro Valle le et est considéré comme le premier petit chef-d'œuvre de Donizetti dans le genre comique.
De 1818 à 1828, Donizetti compose 19 opéras dont plusieurs remportent un réel succès : Elvira, Alfredo il Grande, Olivo e Pasquale, Alahor in Granata, Chiara e Serafino, etc. Mais c'est à Naples, où il s'installe à la suite de son mariage avec Virginia Vasselli à Rome le , qu'il obtint son premier vrai « triomphe » avec L'esule di Roma (1828). Aidé par une créativité et une force de travail peu communes, il commence alors à enchaîner les succès.
Il triomphe de nouveau le avec L'elisir d'amore, représenté au Teatro della Canobbiana de Milan. Ces succès lui valent d'être nommé, le , maître de chapelle et professeur de composition au Real Collegio di musica (« Collège royal de musique » (le conservatoire) de Naples puis, en 1836, maître de contrepoint au même conservatoire.
En 1835, à l'invitation de Rossini, Donizetti se rend à Paris où il fait jouer au Théâtre des ItaliensMarin Faliero (12 mars). En avril, il est fait chevalier de la Légion d'honneur par le roi Louis-Philippe. De retour à Naples, il remporte un triomphe mémorable au Teatro San Carlo avec Lucia di Lammermoor, son ouvrage le plus célèbre, composé en seulement six semaines. La mort de sa femme, le , le plonge dans une profonde dépression. Le 29 octobre, il fait cependant représenter un nouveau chef-d'œuvre, Roberto Devereux, toujours au San Carlo.
L'année suivante, l'interdiction de Poliuto par la censure napolitaine et le dépit de n'avoir pas obtenu d'être nommé officiellement directeur du conservatoire après la mort de Zingarelli, alors qu'il occupait déjà cette fonction par intérim, le convainquent de quitter Naples et de s'installer à Paris. Par ailleurs, depuis la mort de sa femme, plus rien ne le retient dans cette ville.
Collaborant avec Eugène Scribe et d'autres librettistes comme Alphonse Royer, Gustave Vaëz ou encore Vernoy de Saint-Georges, il crée une série d'opéras dont certains sont devenus des classiques du répertoire lyrique mondial :
De 1842 à 1846, Donizetti ne cesse de voyager, principalement entre Paris, les grandes villes italiennes (Naples, Rome, Bologne, Milan, Venise) et Vienne où il est nommé maître de chapelle de la cour en 1842. C'est là qu'il commence à ressentir les atteintes de la syphilis, qui vont l'obliger à cesser de travailler dès 1845. Sous l'effet des atteintes nerveuses de la maladie, il perd en effet la parole, ne peut plus marcher et sombre peu à peu dans la folie, lui qui n'avait cessé de la mettre en scène au théâtre. Alarmés par son état, les amis et la famille de Donizetti envoient son neveu, Andrea, fils de Giuseppe Donizetti à Paris. Donizetti est interné en 1846 dans la maison de santé du Dr Esquirol à Ivry-sur-Seine. En 1847, il est transféré à Paris dans une maison près des Champs-Élysées. Andrea Donizetti n'obtient qu'en septembre 1847 l'autorisation des autorités parisiennes (préfet Gabriel Delessert) d'être transféré dans sa ville natale, Bergame, où il meurt en 1848.
Donizetti avait un frère plus âgé que lui, Giuseppe Donizetti, né en 1788, qui fut longtemps directeur de musique militaire du sultan à Constantinople, où il mourut en 1856. Il fit mieux connaitre la musique occidentale dans l'Empire ottoman et y popularisa ses marches, ses pièces pour piano et ses Lieder.
En trente ans de carrière, Donizetti est l'auteur d'environ 550 œuvres, dont 71 opéras, 13 symphonies, 18 quatuors, 3 quintettes, un concerto pour cor anglais, une sonate pour hautbois et piano, 28 cantates, 115 autres compositions religieuses (dont un Requiem en 1835, pour la mort de son ami, le compositeur Vincenzo Bellini), sans compter un nombre important de pièces de musique de chambre, des oratorios et des « pièces de salon », ce qui en fait un des compositeurs les plus prolifiques du XIXe siècle.
Don Gregorio (version révisée de L'ajo nell'imbarazzo créée le 11 juin 1826 au Teatro Nuovo à Naples)
Elvida (créé le 6 juillet 1826 au Teatro San Carlo à Naples)
Gabriella di Vergy[8] (composé en 1826 et révisé en 1838 mais non représenté ; créé dans une version posthume entièrement révisée sous le titre Gabriella le 29 novembre 1869 au Teatro San Carlo à Naples)
Olivo e Pasquale (créé le 7 janvier 1827 au Teatro Valle à Rome, puis dans une version révisée le 1er septembre 1827 au Teatro Nuovo à Naples)
Otto mesi in due ore, ossia Gli esiliati in Siberia (créé le 13 mai 1827 au Teatro Nuovo à Naples, puis dans une version révisée en 1833 à Livourne)
L'esule di Roma, ossia Il proscritto (créé le 1er janvier 1828 au Teatro San Carlo à Naples)
L'eremitaggio de Liwerpool (version révisée de Emilia di Liverpool, créée le 8 mars 1828 au Teatro Nuovo à Naples)
Alina, regina di Golconda (créé le 12 mai 1828 au Teatro Carlo-Felice à Gênes, puis dans une version révisée le 10 octobre 1829 au Teatro Valle à Rome)
Gianni di Calais (créé le 2 août 1828 au Teatro del Fondo à Naples)
Il paria (créé le 12 janvier 1829 au Teatro San Carlo à Naples)
Il giovedì grasso, ossia il nuovo Pourceaugnac (créé le 26 février 1829 au Teatro del Fondo à Naples)
Il diluvio universale (créé le 28 février 1830 au Teatro San Carlo à Naples, puis dans une version révisée le 17 janvier 1834 au Teatro Carlo Felice à Gênes)
Betly, ossia la capanna svizzera (créé le 21 août 1836 au Teatro Nuovo à Naples, puis dans une version révisée le 29 septembre 1837 au Teatro del Fondo à Naples)
Pia de' Tolomei (créé le 18 février 1837 au Teatro Apollo à Venise, puis dans des versions révisées le 31 juillet 1837 à Sinigaglia et le 30 septembre 1838 au Teatro San Carlo à Naples)
Roberto Devereux (créé le 28 octobre 1837 au Teatro San Carlo à Naples)
Poliuto (composé en 1838 mais interdit par la censure napolitaine; créé en version française sous le titre Les Martyrs le 10 avril 1840 à l'Opéra de Paris ; création de la version italienne le 30 novembre 1848 au Teatro San Carlo à Naples)
Lucie de Lammermoor (version révisée en français de Lucia di Lammermoor créée le 6 août 1839 au Théâtre de la Renaissance à Paris)
Le Duc d'Albe (composé en 1839 mais non représenté ; créé dans une version italienne posthume sous le titre Il duca d'Alba le 22 mars 1882 au Teatro Apollo à Rome)
La Favorite (version révisée L'Ange de Nisida créée le 2 décembre 1840 à l'Opéra de Paris)
Adelia (créé le 11 février 1841 au Teatro Apollo à Rome)
Rita ou le Mari battu (composé en 1841 ; créé de façon posthume le 7 mai 1860 à l'Opéra-Comique)
Maria Padilla (créé le 26 décembre 1841 au Teatro alla Scala à Milan)
Linda di Chamounix (créé le 19 mai 1842 au Kärntnertortheater à Vienne, puis dans une version révisée le 17 novembre 1842 au Théâtre-Italien de Paris)
Leonora di Guzman (version italienne censurée de La Favorite créée à Padoue en 1842, puis dans une version révisée sous le titre Elda ossia La favorita le 16 août 1843 au Teatro alla Scala à Milan)
Don Pasquale (créé le 3 janvier 1843 au Théâtre-Italien à Paris)
Maria di Rohan (créé le 5 juin 1843 au Kärntnertortheater à Vienne)
Caterina Cornaro, ossìa La Regina di Cipro (créé le 18 janvier 1844 au Teatro San Carlo à Naples, puis dans une version révisée en février 1845 à Parme)
Damien Colas, « Gaetano Donizetti » in Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle (Joël-Marie Fauquet, dir.), Fayard, 2003. (ISBN2-213-59316-7)
(en) William Ashbrook, Donizetti and His Operas, Cambridge University Press, 1982
Damien Colas, « Parler sans accent : Examen de la désitalianisation de la prosodie dans Dom Sébastien », Actes du colloque Donizetti, Parigi e Vienna, Rome, 19-20 mars 1998, Rome, Accademia nazionale dei Lincei, 2000, p. 181-208
Stella Rollet, Donizetti et la France, histoire d'une relation ambigüe (1831-1897), thèse de doctorat sous la direction de Jean-Yves Mollier et Jean-Claude Yon, UVSQ, 2012, 2 vol.
Stella Rollet, Donizetti et la France: carrière, créations, réception (1831-1897), Paris, Classiques Garnier, 2021, 535 p. (parution le 19 mai 2021) (ISBN2406109771)
Philippe Thanh, Donizetti, coll. Classica, Actes Sud, 2005 (ISBN2742754814)
Gilles de Van, Gaetano Donizetti, Bleu Nuit éditions, 2009 (ISBN2913575935)