À Bruxelles, jusqu'à l'occupation française, et comme dans toutes les villes européennes, il faut avoir la qualité de Bourgeois (en néerlandais poorter van Brussel, borger van Brussel; en français citoyen[1] de Bruxelles ou bourgeois de Bruxelles ; en latin civis[2] Bruxellensis ou oppidanus[3] Bruxellensis) pour pouvoir non seulement y exercer des droits politiques, mais également pour pouvoir y pratiquer un métier et faire partie des Corporations ou Nations. La qualité de Lignager donnait droit gratuitement à la bourgeoisie de Bruxelles. La Coutume de Bruxelles, telle qu'elle fut codifiée en 1570, prévoyait en ses articles 206 et suivants les conditions d'admission à la bourgeoisie de la ville[4].
L’origine de la plupart des privilèges accordés aux Bourgeois des villes se perd dans la nuit des temps[5]. À Louvain[6], il résulte d’une charte de 1211 accordée par Henri Ier, duc de Brabant, qu’à cette époque ils étaient déjà anciens. Ce privilège de bourgeoisie devint payant au fil du temps. À Anvers[7], déjà en 1298, une charte donna à la ville le privilège de n’accorder le droit de bourgeoisie qu’à ceux qui payeraient 20 sols de Louvain. À Bruxelles[8], un règlement du magistrat du mois de mai 1339 dispose que celui qui obtiendra la bourgeoisie de Bruxelles devra payer deux florins de Florence. Pour les bourgeois forains de la ville de Bruxelles, un règlement de 1377 cerne également les contours du droit à payer.
Cette institution juridique qu'est la bourgeoisie des villes fut supprimée lors de l'occupation française des Pays-Bas méridionaux. À Bruxelles[9], les bourgeois furent reçus jusqu’au 27 juillet 1795 et la ville délivra des quittances des droits payés par les bourgeois jusqu’au 23 septembre 1795.
Les habitants non bourgeois, appelés inhabitants ou en néerlandais ingesetene, n'ont aucun de ces droits politiques, mais ils n'en sont pas moins placés sous la protection des lois communales, et peuvent faire appel à la justice urbaine, ainsi qu'acheter des biens immobiliers. La qualité de bourgeois, qui impliquait un serment, était considérée comme un gage de fidélité à la ville et à la communauté urbaine.
À Bruxelles, les bourgeois étaient appelés « poorters[10] », nom donné aux citoyens de villes importantes dites villes murées (voir : Délices des Pays-Bas). Ce mot dérive du mot néerlandais tombé en désuétude poorte[11], ville ou lieu fermé de murailles, comme les imposantes maisons de pierre que les riches bourgeois des Lignages de Bruxelles habitaient au début de l'existence de la ville, et auxquelles on donnait également le nom de "poorte" ou "porta" en latin, et dont le synonyme était "herberg" ou "hostel" et qu'on appelle aussi les steen. Chacune de ces "poorte" avait un nom, par exemple: "Poorte van den Galoyse", "Poorte van Coeckelberg", "de Gouden Poorte", "Priemspooerte", la "Raempoorte" (à Overmolen), la "porta des t'Serclaes" dit "le Palais", la "Slozenpoorte" (au Sablon), la "Poorte van de Tafelronde" ou la "Poorte van Vianen".
La domonymie de Bruxelles étant très riche et variée.
La qualité de bourgeois, c'est-à-dire de citoyen d'une ville y disposant des droits politiques en opposition aux simple habitants, forme la base de l'organisation urbaine des villes. Le système urbain en Europe remonte pour beaucoup de villes encore existantes actuellement à l'Antiquité gréco-latine, d'autres ont été fondées vers l'an mil moment de la renaissance urbaine[12]. Le système de la civilisation urbaine s'est développé parallèlement à la civilisation rurale plongeant ses racines dans l'époque néolithique[13].
Ci-après suivent les prérogatives des bourgeois de Bruxelles, telles qu'elles sont énumérées[14] par le juriste Jean-François van Halen en 1750 :
Par ailleurs, si à l'origine à Bruxelles, seul le port d'une arme dissimulée était interdit[16], le Magistrat de Bruxelles limita le droit au port d'armes par un règlement de 1342, renouvelé en 1348. Par cette nouvelle disposition, seuls les bourgeois et les résidents de longue date pouvaient, avec l'autorisation des échevins (nécessairement lignagers) et de l'amman, s'armer dans la ville. Les bourgeois avaient le privilège de pouvoir s'armer d'un grand coutelas ou d'une épée, ce droit étant toutefois étendu à certains non-bourgeois qu'étaient les habitants fortunés ainsi que les serviteurs des gens de bonne réputation. Dès 1421, le privilège du port d'armes fut limité[17] aux seuls bourgeois de Bruxelles, qu'ils soient résidents ou forains, et cela non seulement dans la ville de Bruxelles mais également dans toute l'ammanie. Ce privilège fut confirmé en 1477 et dans une ordonnance d'avril 1481[18]. Le droit au port d'arme autorisait les bourgeois à s'en servir, non seulement en cas de légitime défense mais également par droit de vengeance. Ainsi, par exemple, depuis 1375, le droit de vengeance pouvait s'exercer contre le ravisseur d'une mineure ou des complices de celui-ci, par la famille de cette dernière. Ce droit fut étendu en 1414 à la protection des biens des Bruxellois, situés dans le plat pays, ou encore, pour le maintien de l'ordre à Bruxelles grâce à ses bourgeois, pour tuer sur place tout malfaiteur résistant à son arrestation[19].
Dans les Pays-Bas autrichiens soumis à l'occupation française, la loi a définitivement supprimé les différences de statut entre villes et campagne et a aboli la qualité de bourgeois ou citoyen d'une ville. Dans d'autres parties de l'Europe, comme actuellement en Suisse (bourgeoisie Suisse), ce système a perduré. En Allemagne il a lentement été aboli et seulement Hambourg et Brême ont gardé la designation hanséatique de freie Stadt datant de l'époque où elles furent des villes libre du Saint Empire.
Voici une liste chronologique des familles bourgeoises de Bruxelles encore subsistantes, avec la date d'admission à la bourgeoisie et le Lignage (Sleeus, Sweerts, Serhuyghs, Steenweeghs, Coudenbergh, Serroelofs et/ou Roodenbeke) dont elles descendent actuellement[20].