Date | |
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Lieu | Nancy |
Issue | Victoire décisive des Lorrains et des Suisses |
État bourguignon | Basse Ligue :
Duché de Lorraine |
Charles le Téméraire † Josse de Lalaing |
René II de Lorraine Oswald von Thierstein Hans Waldmann Vautrin Wisse Nicola Pietravalle di Monforte |
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la presque totalité | Inconnues |
Batailles
Héricourt () - La Planta- Nancy () - Grandson () - Morat () - Nancy ()
Coordonnées | 48° 41′ 43″ nord, 6° 10′ 53″ est | |
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La bataille de Nancy oppose, le , l'armée du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, à l'armée réunie autour du duc de Lorraine, René II, durant les guerres de Bourgogne (–), dont elle marque la fin, puisqu'elle se solde par la défaite et la mort du Téméraire.
Elle a pour conséquence le début de la guerre de Succession de Bourgogne, entre le roi de France Louis XI et la duchesse Marie de Bourgogne, qui épouse peu après Maximilien d'Autriche, de la maison de Habsbourg.
C'est aussi le début de la longue rivalité entre la France et les Habsbourg.
En , Philippe le Hardi, fils du roi Jean II le Bon, reçoit de son père le duché de Bourgogne et épouse en Marguerite de Flandre, héritière en des comtés de Flandre, de Bourgogne (Franche-Comté), d'Artois, de Rethel et de Nevers.
Leurs descendants, Jean sans Peur et Philippe le Bon, acquièrent[Comment ?] progressivement une grande partie de ce qui constitue actuellement le Benelux et les Hauts-de-France : les duchés de Brabant, de Limbourg et de Luxembourg et les comtés de Hollande, de Zélande, de Hainaut, de Namur, de Ponthieu, ainsi que les villes de la Somme.
L'État bourguignon est divisé en deux ensembles :
Ils sont séparés l'un de l'autre par la Champagne et les duchés de Lorraine et de Bar.
En , Charles le Téméraire succède à son père Philippe le Bon. Ses objectifs majeurs sont de relier territorialement ses États et d'obtenir une investiture royale, recréant l'ancien royaume de Lotharingie.
Dans cette optique, il commence par prendre possession de la Haute-Alsace que l'archiduc Sigismond d'Autriche lui vend, provoquant des craintes des Cantons suisses.
En , le Téméraire s'empare également du duché de Gueldre, de part et d'autre du Rhin.
Charles se tourne alors vers la Lorraine. Profitant de la jeunesse du nouveau duc, René II, il le rencontre à Trèves.
Ils signent un traité par lequel ils s'engagent à ne pas s'allier avec Louis XI dans une alliance qui nuirait à l'autre.
De plus René II accorde au Téméraire le libre passage dans ses États et autorise l'installation de garnisons bourguignonnes dans les villes de Charmes, Darney, Épinal, Neufchâteau et Prény.
René II n'a guère le choix, car il ne peut pas compter sur le soutien de Louis XI qui vient de signer une trêve avec Charles.
Très rapidement, les incidents se multiplient entre la population lorraine et les garnisons bourguignonnes.
René II prend alors contact avec les adversaires du duc de Bourgogne : Louis XI, les Confédérés suisses, menacés par les projets d'expansion du Téméraire, ainsi que les villes autonomes de Haute-Alsace qui subissent les abus de l'administration bourguignonne locale, dirigée par Pierre de Hagenbach.
Louis XI signe plusieurs traités, avec les Suisses en , avec l'empereur Frédéric III en et surtout le traité de Picquigny avec le roi Édouard IV d'Angleterre, beau-frère du duc, le .
Cette activité diplomatique isole Charles le Téméraire. Fort de ces alliances, René II lance un défi à son voisin le .
Charles commence par signer le traité de Soleuvre, nouvelle trêve avec Louis XI, puis envahit la Lorraine à l'automne. Rapidement, il prend Charmes, Épinal et enfin Nancy le après un mois de siège.
La Lorraine semble perdue pour René qui, prudent, se réfugie à Joinville, en Champagne.
Prenant possession de la ville, le Téméraire proclame son souhait d'ériger Nancy en capitale de son futur royaume. De nouveaux baillis sont nommés, des officiers et des capitaines bourguignons sont établis dans les places fortes…
Les États lorrains se rallient au vainqueur et Charles se proclame duc de Lorraine[2]. Seuls une partie de la Lorraine allemande parmi laquelle le comté de Bitche et la cité épiscopale de Sarrebourg, qui venait de s'émanciper de la tutelle de l'évêque quelques années plus tôt et défendue grâce à son alliance militaire avec les Strasbourgeois, ne se soumettent pas au duc de Bourgogne et restent fidèles au duc René II[3]. Le , Charles le Téméraire doit quitter la Lorraine pour aller combattre les Confédérés suisses.
Ayant conquis la Haute-Alsace, Charles le Téméraire pouvait représenter une menace pour les cantons suisses, comme les agents du roi Louis XI se plaisaient à le souligner. Avec l'aide financière de l'Universelle Aragne, les cantons de Fribourg et de Berne avaient d'ailleurs envahi le pays de Vaud, possessions de la famille de Savoie, alliée au duc de Bourgogne. Jacques de Savoie, comte de Romont, beau-frère de la duchesse-régente de Savoie Yolande de France, était l'un des premiers personnages de la cour de Bourgogne.
René II, de son côté, avait rejoint la « Ligue alémanique », dite aussi ligue de Constance, composée des adversaires suisses et alsaciens du Téméraire. Une première bataille a lieu le à Grandson où les troupes du duc de Bourgogne se débandèrent et, malgré les efforts de celui-ci pour les reprendre en main, s'enfuirent, abandonnant un énorme butin aux Confédérés.
Charles de Bourgogne marche alors sur Morat où il est sévèrement battu le . Son armée y fut taillée en pièces et ce qui lui restait d'artillerie fut perdu.
Le duc se replie alors derrière la frontière à La Riviere, où il essaie, tant bien que mal, de reconstituer une armée en levant de nouvelles troupes.
À l'annonce des défaites bourguignonnes, la Lorraine se révolte.
Des Lorrains loyalistes s'emparent de Vaudémont, puis chassent les garnisons installées à Arches, Bruyères, Remiremont et Bayon[4].
René II les rejoint devant Lunéville, qu'ils prennent le . Le , c'est Épinal qui se rend.
Le lendemain, René se rend à Fribourg pour obtenir de l'aide, mais obtient seulement la garantie qu'aucun adversaire du duc de Bourgogne ne signera de paix séparée.
Le , à la tête d'une armée de quatre à cinq mille hommes, René II met le siège devant Nancy, défendue par une garnison bourguignonne de deux mille soldats, majoritairement composée d'Anglais et dirigés par Jean de Rubempré.
Aucun des messages envoyés par Charles pour annoncer son arrivée prochaine ne parvient à Nancy, tous interceptés par l'armée lorraine. Au bout d'un mois et demi, les Anglais, dont le chef est tué au cours d'une sortie, et las de manger du chien forcent Rubempré à négocier. La ville ouvre ses portes le et, le lendemain, la garnison bourguignonne quitte Nancy pour rejoindre au Luxembourg le comte de Campobasso, qui était en train de rassembler une armée dans les Pays-Bas.
Le , le Téméraire avait quitté Gex à la tête d'une armée de dix mille soldats en direction de Nancy.
Le , René II l'attend sur la rive est de la Moselle pour l'empêcher de traverser la rivière, mais Charles reste sur la rive ouest et se dirige vers Toul, où, le , il fait la jonction avec Campobasso qui arrive du Luxembourg à la tête de six mille hommes.
Le , ils traversent la Moselle et René, à la tête de neuf mille hommes ne peut rien faire pour les en empêcher et se replie à Saint-Nicolas-de-Port. Le , sur le conseil de ses capitaines et avec l'assurance que Nancy est en mesure de supporter deux mois de siège, le duc de Lorraine se rend en Alsace et en Suisse pour obtenir des renforts.
Le , Charles le Téméraire met le siège devant Nancy, défendu par deux mille soldats, principalement des vétérans de Morat. Son armée s'installe sur une butte qui se trouve sur l'emplacement actuel de la place Simone-Veil, et lui-même s'installe à proximité de la Commanderie Saint-Jean. Les capitaines bourguignons préconisent de lever le siège et de se rendre à Pont-à-Mousson ou à Metz, pour reprendre l'offensive au printemps, mais Charles s'entête.
De rares partisans lorrains harcèlent les Bourguignons régulièrement. L'hiver est rigoureux, aussi le moral des troupes bourguignonnes baisse et les désertions se multiplient. Ainsi, Campobasso déserte le , emmenant avec lui ses mercenaires. À Nancy, le , on abat les chevaux et on chasse les chiens, les chats et les rats pour se nourrir. L'eau gèle dans les puits et on enlève le bois des toitures pour pouvoir se chauffer.
René II, pour sa part, ne reste pas inactif. La Confédération suisse ne souhaite pas intervenir, mais l'autorise à engager neuf mille mercenaires, ce qu'il fait, financé par Louis XI. Huit mille soldats alsaciens le rejoignent également. Le lieu de regroupement des armées est fixé à Saint-Nicolas.
Un détachement bourguignon envoyé en éclaireur le est surpris et taillé en pièces. Le comte de Campobasso et ses troupes (trois cents cavaliers[5] au moins) se rallient au duc de Lorraine le . C'est une armée de dix-neuf à vingt mille hommes qui se rassemble face à ce qui reste de l'armée bourguignonne.
Le duc de Bourgogne ne dispose plus que d'à peine trois mille hommes (quatre mille selon Philippe de Commynes, moins de deux mille selon Olivier de La Marche), une troupe non payée, faite d'hommes découragés, mal équipés et souvent malades[6].
Apprenant l'arrivée prochaine de l'armée de René II, Charles de Bourgogne prend position, avec le peu de troupes qu'il lui reste, sur une éminence à proximité de Jarville. Malgré l'avis de ses conseillers et le précédent de Morat où, déjà, il avait été attaqué sur son flanc, il néglige la protection de son côté droit, qui est sur la lisière du bois de Saurupt.
Le dimanche , avant l'aube, René II quitte Saint-Nicolas-de-Port, son armée avance dans la campagne lorraine recouverte de neige. À Laneuveville, des éclaireurs repèrent un guetteur bourguignon et le tuent. Désormais, le Téméraire ne sait rien de l'armée qui arrive. René II et ses capitaines, sur les rapports des éclaireurs, décident de contourner l'armée bourguignonne par le bois de Saurupt pour l'attaquer de flanc et, pour donner le change, envoient un petit détachement, commandé par Vautrin Wisse, par la route de Nancy à Saint-Nicolas.
L'effet de surprise est total et le sort de la bataille se joue rapidement, bien que les Bourguignons réussissent à repousser les premiers assauts. Josse de Lalaing reçoit le premier assaut, est grièvement blessé et fait prisonnier. Il ne sera libéré que le . Jacques Galleotto, blessé, s'échappe avec ses troupes le long de la Meurthe, la traverse au gué à Tomblaine et s'enfuit vers le nord.
Charles le Téméraire tente de se tourner contre l'assaillant, mais ses maigres troupes se disloquent et s'enfuient. Campobasso le trahit, tient le pont de Bouxières, au nord de Nancy, et massacre les fuyards, se contentant de faire prisonniers les seigneurs importants, dont Olivier de La Marche et Jean Ier, baron de Talmay et seigneur d'Heuilley-sur-Saône, qui fut emmené en Lombardie. Les défenseurs de la ville font une sortie et pillent le camp bourguignon.
Ce n'est que le surlendemain, sur les indications de Baptiste Colonna, un page du duc de Bourgogne qui l'a vu tomber à proximité de l'étang Saint-Jean, que le corps méconnaissable de Charles le Téméraire est retrouvé et identifié, ainsi que celui de Jean de Rubempré, gouverneur général de Lorraine, mort à ses côtés.
La tradition rapporte sans grande certitude qu'il est en partie dévoré par les loups. Une croix est posée pour marquer le lieu de la mort du Téméraire, l'actuelle place de la Croix-de-Bourgogne. De même, devant la maison de Georges Marqueix, au numéro 30 de la Grand-Rue à Nancy, une indication « » sur les pavés marque l'emplacement où le corps du Téméraire fut déposé avant d'être exposé et veillé dans la maison puis inhumé à la collégiale Saint-Georges.
La succession de Charles revient à sa fille Marie de Bourgogne, âgée de 19 ans.
Dès la confirmation de la mort de Charles le Téméraire, Louis XI s'empare d'une partie de l'État bourguignon : duché et comté de Bourgogne, Picardie, Artois et Flandre.
Marie, pour éviter la perte de ses domaines, se marie en avec Maximilien de Habsbourg, fils de l'empereur Frédéric III.
La guerre de Succession de Bourgogne se conclut par le traité d'Arras () et le traité de Senlis (), aux termes desquels la France conserve le duché de Bourgogne et la Picardie.
Le reste de l'État bourguignon passe à la maison de Habsbourg, en la personne de Philippe le Beau, fils de Marie et de Maximilien, y compris les fiefs français que sont la Flandre, l'Artois, le Charolais et le Nivernais.
Le traité de Senlis marque le début d'une longue lutte entre les rois de France et la maison de Habsbourg, représentée par Charles Quint, fils de Philippe le Beau, puis par les Habsbourg d'Espagne, puis par la maison d'Autriche.